Plus de 18 000 clichés signés Carol Highsmith ont été exploités par l'agence Getty Images, sans son consentement... et alors qu'ils étaient dans le domaine public.
Publié le 03 août 2016 à 16h17
Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h55
Un jour de décembre 2015, la photographe américaine Carol Highsmith reçoit un courrier inattendu. Une société spécialisée dans les infractions au copyright lui réclame la somme de 120 dollars pour avoir utilisé une photo sans permission. Pour l'artiste, la stupeur est grande, et ce pour deux raisons. D'une part, l'auteur du cliché est... Carol Highsmith elle-même. Mais, plus surprenant encore, cette œuvre figurait parmi les quelques milliers d'autres qu'elle avait données à la bibliothèque du Congrès américain à la fin des années 1980, en spécifiant qu'elles étaient désormais dans le domaine public.
Pire, Carol Highsmith découvre que des lettres similaires à la sienne ont été envoyées à d'autres personnes pour le compte des banques d'images Getty Images et Alamy, qui se disent détentrices des droits. En tout, 18 755 images dont elle avait fait don à la bibliothèque du Congrès ont été exploitées sans aucune autorisation. A l'origine pourtant gratuites, elles étaient revendues à des prix pouvant grimper jusqu'à 575 dollars par photo.
1 milliard de dollars
Aujourd'hui âgée de 70 ans, Carol Highsmith n'a pas hésité à déposer plainte en juillet dernier et demande à Getty Images des dommages et intérêts qui pourraient atteindre 1 milliard de dollars. Il faut dire que ce n'est pas la première fois que l'agence Getty est ainsi épinglée : elle avait été condamnée en 2013, avec l'AFP, à verser 1,2 million de dollars à un photographe haïtien, Daniel Morel, pour s'être emparé de ses images sur Twitter et pour les avoir redistribuées.
Pour se défendre, Getty a publié une déclaration en ligne fin juillet, expliquant que « c'était une pratique standard pour les banques d'images de distribuer et donner accès à des contenus relevant du domaine public ». Sauf que si la photographe a renoncé à son droit patrimonial en cédant son travail à la bibliothèque du Congrès, elle n'avait pas pour autant autorisé quiconque à le revendre au prix fort, ni à se présenter comme détenteur des droits. Une nuance de taille qui va sans doute coûter gros à la banque d'images américaine.
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