La campagne d'Emmanuel Macron racontée par un photographe de l'AFP
France

La campagne d'Emmanuel Macron racontée par un photographe de l'AFP

Fanny Arlandis -

Depuis septembre 2016, le photographe de l'AFP Eric Feferberg suit Emmanuel Macron. L'ancien ministre de l'Économie vient alors de quitter le gouvernement et s'apprête a annoncer sa candidature à l'élection présidentielle. Pour Slate, le photographe a choisi les photos qui lui semblent les plus intéressantes et représentatives de la campagne. Il commente certains de ses clichés et revient sur le rapport à l'image du candidat d'En Marche.

Séance photo du 7 mars 2017, à Paris. 

 

«On m'a dit qu'Emmanuel Macron n'aimait pas les photos, mais il s'est prêté à une séance d'un quart d'heure de portraits à son QG, le 7 mars dernier. Avec les photographes, il s'est montré avenant tout au long de sa campagne et n'a jamais témoigné aucune forme de mépris pour nous, ce qui n'est pas évident chez les politiques. Par contre, le suivre pendant ces quelques mois a été compliqué. Il était très difficile d'avoir en avance le calendrier de ses déplacements pour s’organiser.»

Près de Poitiers, le 29 avril 2017.

 

«Le candidat est souriant et très photogénique. Il prend bien la lumière et semble assez naturel sur les images. On n'a pas l’impression qu’il compose un personnage. Cependant, Emmanuel Macron a confié sa communication à l'agence Best Image, dirigée par Mimi Marchand. Tous les moments intimes sont ainsi confiés à cette agence et l'AFP a parfois du mal à faire les images qu'elle veut. Nous ne cherchons pas systématiquement à pénétrer l’intimité des candidats, nous ne sommes pas une agence de paparazzis, mais quand un homme devient chef d’Etat, le privé devient un peu public et il y a des moments importants que l'on souhaiterait couvrir. Par exemple, je n'ai pas pu être auprès du candidat lors de l'annonce des résultats du premier tour. J'espère pouvoir y être au second. C’est un moment empreint d’intimité et d’émotion qui appartiendra à l’histoire si il est finalement élu.»

Paris, le 12 septembre 2016.

 

En 2016, pas encore candidat, mais déjà parti du gouvernement «Emmanuel Macron est allé au salon international de la coiffure, à Paris, pour rencontrer les coiffeurs et se faire raser par un barbier. Il y avait tous les médias. Le siège a été installé à l'arrière d'un pick-up et chaque journaliste y allait de sa blague. Le barbier a paniqué devant toutes ces réflexions et, stressé, il a un peu tailladé Emmanuel Macron qui saignait.»

Près de Saint-Leu, La Réunion, le 25 mars 2017.

 

«J'ai suivi Emmanuel Macron en déplacement à la Réunion. Il venait de déjeuner du boudin créole et de boire un ti-punch. À l'issue du repas, il a voulu faire une interview chez un cultivateur de canne à sucre qui est venu avec une machette et la lui a donnée. J'aime cette image car c'est la première fois que j'ai pu faire une photo différente de ce qu'on voyait habituellement pendant la campagne.»

Bagnères de Bigorre, le 12 avril 2017.

 

«Lors d'un déplacement de campagne dans les Pyrénées, Emmanuel Macron et sa femme, Brigitte Trogneux, ont pris le télésiège pour aller déjeuner chez l'un de leurs amis qui tient un restaurant. Ils devaient monter avec d’autres personnes mais les journalistes ont demandé à Emmanuel Macron qu'ils ne soient que tous les deux. Quand il était enfant, il venait régulièrement passer ses vacances chez sa grand-mère qui habitait dans le coin et qui l’a en partie élevé. Il était très attaché à elle, mais elle est décédée il y a environ un an.»

Poitiers, le 29 avril 2017.

 

«J’aime cette photo. Emmanuel Macron s'est rendu sur le marché avec le maire de la ville Alain Claeys. Quelqu'un a demandé à cette femme devant un panier d'oeufs pour qui elle allait voter. Elle lui a répondu «Je pensais voter Marine Le Pen, mais Emmanuel Macron est quand même beau garçon!». Ce n'est pas anodin. Une partie des Français déterminent leur vote sur les détails physiques des candidats.»

Le Touquet, le 22 avril 2017.

 

«Ce samedi 22 avril, au Touquet, il y avait beaucoup de journalistes qui faisaient le pied de grue devant la maison d'Emmanuel Macron et de sa femme, Brigitte Trogneux. Ils sont finalement allés se promener dans un endroit où ils vont régulièrement, après le déjeuner. Ils ont bien voulu qu'on les suive pour faire quelques photos avant de les laisser tranquille. Cette photo montre le choc de la transition dans leur vie depuis qu'il est candidat. Avant ils pouvaient s'embrasser tranquillement, maintenant, et surtout si il est élu dimanche, il ne pourront plus avoir d'intimité!»

Paris, le 23 avril 2017.

 

«Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle ont été annoncés. Emmanuel Macron est arrivé au parc des Expositions, à Paris, après que les autres candidats se sont exprimés. Il est monté sur scène, il a salué tout le monde et il a embrassé son épouse devant une mer de drapeaux.»

Amiens, le 26 avril 2017.

 

«Emmanuel Macron s'est rendu à l'usine Whirlpool d'Amiens, dans le nord de la France. Il avait prévu une réunion à la chambre du commerce et de l'industrie pour rencontrer les syndicats. C'est à ce moment-là qu'il a appris que Marine Le Pen s'était rendue à l'entrée du site de l'usine. Quand Macron est arrivé à son tour là-bas, il a été accueilli avec des chants et des sifflets en faveur de Marine Le Pen. Le lieu a été submergé par les journalistes et il y a eu une bousculade invraisemblable. Dans une sorte de mêlée ouverte, il a progressivement réussi à se rendre jusqu’à la grille du site, où il a pu s’exprimer. Il a parlé longtemps dans un mégaphone. Certains ont vu dans cet événement un tournant de la campagne car nous faisions désormais face à une vraie compétition entre les deux candidats.»

Paris, le 1er mai 2017.

 

«Cette image a été prise lors de son dernier meeting, le 1er mai. Il y avait beaucoup de monde, et l'ambiance était celle d'une fin de discours. Il ferme les yeux alors qu'il chante ‘La Marseillaise’. Ce qui m'a énormément frappé tout au long de la campagne, c'est la tranche d'âge de ses militants. La plupart est âgée de 18 à 40 ans, quand à droite, par exemple, la moyenne d'âge avoisine plus les 45 à 75 ans.»

Fanny Arlandis

Fanny Arlandis

Journaliste, elle écrit principalement sur la photographie et le Moyen-Orient pour Le Monde, Télérama et Slate.

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