Soif de grandeur et d’ailleurs : les photographes du grand Nord

Soif de grandeur et d’ailleurs : les photographes du grand Nord

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Par Lise Lanot

Publié le

Alors que nous évoluons dans des environnements de plus en plus urbains, nombreux sont les photographes à partir à l’assaut des paysages du Nord.

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Treks sur les glaciers, randonnées à travers la Scandinavie et plongée dans les bains chauds islandais, la tendance est au grand Nord. De nombreux comptes Instagram et blogs fleurissent sur ces nouveaux aventuriers qui décident de tout quitter pour aller à la rencontre des grands espaces.

Si les internautes partagent souvent leurs récits de voyage, ce sont les photographies de ces paysages majestueux qui ont le vent en poupe… Ne dit-on pas qu’une image vaut mille mots ?

Un désir de lâcher prise

Nous sommes de plus en plus nombreux à vivre en ville (environ 33 % de la population mondiale vivait en ville en 1960 contre 53 % en 2015, selon les données de la Banque mondiale), toujours plus connectés et toujours plus proches les uns des autres – de manière géographique et numérique. Pourtant, parallèlement à cela, nous sommes aussi de plus en plus nombreux à rêver de grands espaces, de solitude et d’aventures.

Et les froides contrées du Nord semblent polariser ces idéaux d’exotisme. Serait-ce notre peur de voir les villes dévorer toute once de nature qui nous fait nous précipiter vers ces grands espaces ? Ces nouveaux explorateurs sont nombreux à partager les photographies des paysages à couper le souffle qu’ils rencontrent sur leur route. Et le succès que ces images rencontrent est assez révélateur de nos envies : plus que les photos de gratte-ciel futuristes qui pouvaient nous impressionner il y a plusieurs années, ce sont les images d’espaces s’étendant à l’infini qui font s’extasier les internautes.

Des photographes spécialisés

Certains photographes professionnels se spécialisent dans la prise d’images de ces vastes étendues enneigées. Ils emploient souvent leur talent à travailler les lumières éclatantes des panoramas recouverts de neige ou celles, extraordinaires, des aurores boréales ou des phénomènes particuliers du pôle Nord.

Ces photographes se mettent souvent dans des situations extrêmes pour immortaliser la beauté des toiles de fond du Nord. Ils se transforment en véritables spéléologues, en aventuriers de la banquise et en explorateurs aguerris. C’est le cas par exemple du photographe Paul Zizka, qui se décrit sur son site comme un passionné d’exploration, de vision créative et doté d’une détermination féroce.

Zizka se retrouve souvent dans des situations incroyables pour prendre ses photos. Plongé de la taille aux pieds dans le lac d’un glacier ou parti à la chasse aux aurores du crépuscule à l’aube, il rapporte des images impressionnantes.

D’anonymes à superstars d’Internet

Les photographes professionnels ne sont pas les seuls à se spécialiser dans les paysages glacés du Nord. Les aventuriers amateurs immortalisent eux aussi les paysages majestueux qu’ils rencontrent, et documentent souvent ces images sur leurs sites Internet. C’est le cas d’Adam et Martha, un couple de Polonais qui partage sur son siteBite of Iceland (“Une bouchée de l’Islande”), ses péripéties islandaises.

Le couple a commencé à écrire sur son site début 2016, alors qu’il habitait en Islande depuis plus d’un an. Adam, qui raconte ne pas pouvoir se passer de son appareil photo, photographiait tout ce qui les entourait et a décidé de commencer un blog pour partager toutes ses images et relater leur vie nordique, dont ils sont tombés fous amoureux. Il nous raconte les problématiques propres à la photographie en plein air, et comment il capture les paysages islandais :

“Prendre des photos dans les conditions climatiques de l’Islande est plutôt éprouvant. Il fait froid et il y a beaucoup de vent, le vent est parfois tellement violent qu’on peut à peine tenir debout. Il faut travailler assez vite. Et pour atteindre certains lieux, il faut transporter pas mal d’équipements, une tente, un sac de couchage et d’autres équipements de camping. Cela couplé au matériel photographique, c’est très lourd. Photographier dans un studio est plus agréable, mais que voulez-vous… j’adore la nature. […]

J’aime particulièrement prendre des photos en cas de mauvais temps. S’il y a du brouillard, qu’il pleut ou qu’il neige, je n’arrête pas de photographier. Et c’est un temps courant en Islande. Grâce à ces conditions météorologiques et la lumière très douce qui apparaît dans ces moments, mes photos ont une aura très particulière.”

Marta et Adam se considèrent comme des mordus de l’Islande. Pour eux, les terres du Nord constituent un rêve d’enfance, un territoire légendaire de conte de fées qui semble “ne même pas faire partie de notre monde”. Le couple ne s’imagine plus sans ces vastes paysages ouverts et remplis de magie, et comprend bien pourquoi tant de gens ont de plus en plus soif de nature polaire :

“Il y a une véritable explosion de gens qui visitent les pays du Nord, et en particulier l’Islande. Concernant ce pays en particulier, je pense que tout a commencé lors de l’éruption du volcan Eyjafjallajökull, qui a stoppé le trafic aérien durant plusieurs jours. Le monde entier a tourné son regard vers cette petite île au nord de l’Atlantique.

Le pays a doucement commencé à apparaître sur la bucket list [liste de choses à faire avant de mourir, ndlr] de nombreuses personnes. La plupart de ceux qui visitent l’Islande finissent par revenir, encore et encore. Un voyage en Islande n’est jamais ennuyeux. C’est le paradis de la nature et des amoureux du plein air.”

Des images codées

Instagram regorge de ces photos, souvent présentées à grand renfort de hashtags, qui transpirent la sérénité et le calme pur. Les paysages se suffisent souvent à eux-mêmes dans ces photographies. Pour preuve, les recettes des images de ce genre sont somme toute assez semblables. Le plan est toujours large, en profondeur. C’est l’impression d’infini, empreinte d’un certain minimalisme, qui doit émerger de prime abord. Ainsi, plusieurs couches apparaissent souvent, avec un premier plan net et un arrière-plan qui s’évapore et s’étend le plus loin possible.

Les photographes se mettent assez rarement en scène, lorsqu’ils font apparaître des personnes dans leurs photos, c’est souvent pour souligner l’immensité de ce qui les entoure. Les humains sont même parfois difficiles à voir du premier coup d’œil, tellement ce qui les entoure est majestueux.

Une photo publiée par Jack Kan (@jacksdecoy) le

Vous pouvez retrouver Paul Zizka sur ses comptes Instagram et Facebook.