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Virées nocturnes avec Alisa Resnik

La photographe russe présente à Paris des personnages égarées et des corps fragiles captés au plus profond de la nuit.
par Dominique Poiret
publié le 15 septembre 2014 à 18h44

La nuit est son univers poétique favori. Alisa Resnik explique que sa poésie, elle «la trouve plutôt la nuit». C'est à ce moment-là, qu'elle photographie inlassablement, que ce soit à Berlin, sa ville d'adoption, ou à Saint-Pétersbourg où elle est née.

L'artiste russe, née en 1976, photographie un peu comme elle respire: en couleur . Parce que ça l'aide à «décrire l'atmosphère [qu'elle] recherche», les émotions de la ville et ses lieux de passage -les cafés, les rues-, mais aussi des hommes, des femmes, seuls ou enlacés, qui semblent égarés. Ils ont le visage marqué, le corps fragile, blessé. Equilibre instable.

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Tous les clichés qu'Alise Resnik présente à la galerie Sit Down, dans le troisième arrondissement de Paris, sont issus de sa série One Another («L'un l'autre»), pour laquelle elle a obtenu en 2013 le vingtième prix de l'Edition européenne de photographie. La série a également fait l'objet d'un livre, publié aux éditions Actes Sud. «Alisa Resnik photographie la vie et son reflet, la fragilité, la grâce, la mélancolie, la solitude», dit d'elle Laura Serani, la commissaire de l'exposition. La photographe observe cet autre monde dans lequel elle s'est immergée avec une profonde empathie.

Alisa resnik est autodidacte. «J'ai commencé quand j'étais petite, confie-t-elle. Mais c'est à 32 ans que j'ai compris que la photographe est ma langue préférée; c'est la langue à travers laquelle je m'exprime le mieux. Je peux transmettre le vécu et le ressenti, sans avoir peur d'employer un mot ou une expression qui ne soit pas adéquate.»

D'ailleurs, comme l'écrit Jeremy Mercer dans la postface du livre: «une des clefs de tels instants, c'est le fait qu'Alisa Resnik ne se considère pas comme un photographe. L'appareil photo, pour elle, n'est qu'un instrument: tout commence par la rencontre. Le rapport humain est la fin qu'elle recherche.» L'artiste s'explique: «Je suis plutôt inspirée par les personnes que je rencontre, les amis, ce ne sont pas forcément des photographes. Ce sont ces rencontres qui changent ou influencent ma vision.»

Les clichés de ses virées nocturnes évoquent tout autant Antoine d'Agata que Nan Goldin, ou encore les atmosphères de David Lynch. Mais elle va les chercher ailleurs: «Si je dois chercher des influences dans les arts, ce serait plutôt dans la musique et dans la peinture. Je pense par exemple au Caravage et à Leonard Cohen.»

Alisa Resnik, «One Another», Galerie Sit Down, 4, rue Sainte-Anastase, 75003. Jusqu'au 25septembre. 

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