Man Ray et André Kertész, stars des ventes pendant Paris Photo

À l'occasion du salon Paris Photo, expositions et ventes se chevauchent. Sotheby's et Artcurial mettent Man Ray et André Kertész à l'honneur.

Par

Le portrait de Lee Miller par Man Ray.
Le portrait de Lee Miller par Man Ray. © Sotheby’s France / Art Digital Studio

Temps de lecture : 4 min

En 1995, la vente-fleuve de la succession Man Ray (1890-1976) orchestrée à Londres par Sotheby's (550 lots pour un total de 4 millions de livres et seulement 1 % d'invendus) avait définitivement consacré cet artiste polymorphe, acteur du dadaïsme et précurseur de la photographie surréaliste. Man Ray fut l'un de ces esprits curieux taraudés par l'expérimentation. Dans tous les domaines. Dans celui de la photographie, il inventa les rayogrammes en plaçant les objets les plus divers sur du papier sensible et en exposant le tout à la lumière. Une marque de fabrique aujourd'hui très prisée par les collectionneurs. En 2013, l'un d'entre eux avait atteint 1,2 million de dollars chez Christie's.

La newsletter culture

Tous les mercredis à 16h

Recevez l’actualité culturelle de la semaine à ne pas manquer ainsi que les Enquêtes, décryptages, portraits, tendances…

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

"Depuis environ trois ans, les collectionneurs n'hésitent plus à enchérir sur des oeuvres moins connues des années 1930, une période très recherchée. Ce qui n'était pas le cas il y a vingt ans", précise Simone Klein, directrice du département Europe. Ainsi, en septembre dernier, à New York, a-t-on vu un triptyque de petit format représentant Lee Miller nue devant une fenêtre s'envoler à 455 000 dollars sur une estimation de 100 000 à 150 000 dollars. Le 15 novembre, Sotheby's met à l'encan 274 lots provenant toujours de la succession Man Ray, ensemble équilibré comprenant en majorité des tirages d'époque, mais également des peintures, des objets, des dessins, des films et des bijoux.

M

"Lee Miller with sponge necklace", de Man Ray. ©  Sotheby's France / Art Digital Studio
"Lee Miller with sponge necklace", de Man Ray. © Sotheby's France / Art Digital Studio
algré l'absence de certaines icônes - désormais rarissimes sur le marché - comme Noire et Blanche ou Le Violon d'Ingres, qui, dans les années 1920, célébraient Kiki de Montparnasse, sa muse de l'époque, l'un des phares de la vente fut inspiré par une autre compagne. Il s'agit du portrait de Lee Miller (de 40 000 à 60 000 euros), qui porte un collier d'éponges qui semble peser des tonnes. En "ouvrant un autre champ d'enquête", L'Ostrich Egg d'une forme parfaite légèrement grenelée, l'une des deux variantes connues réalisée en 1944 (de 25 000 à 30 000 euros), éclaire cette largeur de champ qui caractérisait aussi Man Ray.

"Ostrich Egg", de Man Ray. © Sotheby's France / Art Digital Studio
Plusieurs objets surréalistes devraient faire le miel des inconditionnels. Parmi eux, le drolatique Ce qui nous manque à tous de 1926, composé d'une pipe en argile et d'une bulle de verre, l'une des trois épreuves d'artistes éditée bien plus tard, en 1972 (de 25 000 à 35 000 euros).

Une oeuvre comme un journal intime

Y a-t-il des oeuvres de Man Ray qui ont mal résisté au temps ? "Peut-être ses photographies documentaires - paysages et architectures -, qui sont plus neutres et moins représentatives de son audace stylistique", indique Simone Klein.

L'audace d'André Kertész (1894-1985), contemporain de Man Ray, est d'une autre étoffe. Moins spectaculaire, plus intimiste. L'ensemble de 99 lots proposé par Artcurial provient de l'ancienne collection de Nicolas Ducrot, son éditeur à New York, et couvre les trois grandes périodes du photographe : la Hongrie, Paris et les États-Unis. "Et, en cela, remet en lumière l'unité du travail exigeant de celui qui fit de la photo un art à part entière. À la fois porté par l'émotion et le souci de la géométrie", souligne Christophe Lunn, responsable du département.

"Jardin des Tuileries", de Kersétz. ©  Artcurial
"Jardin des Tuileries", de Kersétz. © Artcurial
Kertész, photographe assumé qui composa son oeuvre comme un journal intime, était un parcimonieux qui demeura jusqu'à la fin de sa vie inclassable, ingouvernable et donc parfois rejeté. En 2010, la rétrospective du Jeu de Paume lui rendait enfin justice. Les tirages présentés sont souvent postérieurs à la prise de vue, mais tous ont été réalisés du vivant de l'artiste. "Il existe peu de tirages vintage, mais ceux que nous présentons ont été contrôlés par André Kertész lui-même, qui les annotait, les signait ou les tamponnait." Souvenirs de son passage à Paris qui ne dura que onze ans, entre 1925 et 1936 : le Jardin des Tuileries (de 3 000 à 4 000 euros), Chez Mondrian (de 5 000 à 7 000 euros), les lunettes et la pipe de Mondrian (de 10 000 à 15 000 euros), Le café du dôme, Un matin d'hiver (de 1 000 à 2 000 euros), Les Chevaux de bois (de 2 000 à 3 000 euros). Pour qui souhaite commencer une collection choisie, beaucoup de tirages proposés dans cette vacation sont encore très abordables. La vente du soir abrite cependant un ensemble rarissime estimé entre 120 000 et 150 000 euros : il s'agit de 77 tirages argentiques de la série Distorsions réalisée en 1933. Une oeuvre un peu à part mais portée elle aussi par l'émotion et l'inventivité.

Man Ray, le 15 novembre à 15 heures chez Sotheby's, 76, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75 008 Paris (01.53.05.53.05).

André Kertész, le 14 novembre à 16 heures chez Artcurial, 7, rond-point des Champs-Elysées, 75 008 Paris (01.42.99.20.60).

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation