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Sensible Valérie Jouve

Le Jeu de Paume montre, dans une présentation fine, le travail de la talentueuse photographe.

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Par Judith Benhamou

Publié le 12 juin 2015 à 01:01

Il était une fois une fille de garagiste qui vivait dans la périphérie de Saint-Etienne, à Firminy. A l'adolescence, elle faisait des fugues mais pas n'importe où. C'est dans une unité d'habitation, dessinée par l'architecte Le Corbusier, qu'elle trouvait refuge, écoutant la parole survoltée de libres penseurs de l'époque. Aujourd'hui, Valérie Jouve (née en 1964) ne fait plus de fugues, si ce n'est au Guatemala ou au Brésil pour un film, à Naplouse ou à Jéricho pour des photos de paysage avec des hommes dont elle est désormais familière. Valérie Jouve, elle-même, fait partie du paysage français de la photographie. De ses virées d'adolescence, il reste un thème omniprésent dans son oeuvre : l'architecture. Le Jeu de Paume consacre à l'artiste une excellente exposition. Elle montre que Valérie Jouve a inventé un genre désormais souvent copié. Dès le début des années quatre-vingt-dix, elle s'emploie en effet à mettre en place des personnages en mouvement dans la ville. Pour cette étudiante en anthropologie, « la manière dont l'homme ou la femme se tient dans la ville, c'est tout simplement sa manière d'être dans la société ». Parmi ses images frappantes, celle de 1996 montrant dans un paysage urbain de bord de mer, certainement Marseille, une femme de profil avançant bouche ouverte et mèche folle au vent dans une détermination qui pourrait prêter à l'hystérie. La photo est à la fois esthétique et expressive. Tout est bleu et blanc, si ce n'est la jupe pourpre du personnage.

Géométrie implacable

Les images de Valérie Jouve sont très construites. La série « Arbre » de 2006 figure d'énormes troncs. Dans la courbe de l'un d'eux s'abrite un homme torse nu donc le corps accroupi épouse la forme du chêne. Que fait-il là ? Vagabond ou promeneur ? On ne sait. L'exposition est, elle-même, très construite. Les tirages sont disposés sur le mur telles des notes de musique scandant l'espace. Petites, grandes, alignements d'une série, vide et plein... L'accrochage est architecturé. Une longue série de petits formats représentant des voitures à l'arrêt dans un tunnel est placée au-dessous d'un grand portrait de 1998 représentant un homme de face, mains dans les poches, le visage marqué et le regard perdu. Perdu dans la ville.

« Valérie Jouve capte un espace urbain froid, à la géométrie implacable et presque "indécente" », observe, dans le catalogue, l'historienne Arlette Farge. La photographe y insuffle une humanité faite de visages et de corps qui racontent des histoires sensibles.

Judith Benhamou-Huet

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