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Ces femmes qui gagnent leur vie en postant des photos sur Instagram

Lauren Bath
Lauren Bath, la première instagrameuse professionnelle. Photo Lauren Bath

Repérées par des marques, des agences de marketing ou des offices de tourisme grâce à leur influence sur Instagram - comprendre : leurs milliers de followers -, elles ont été sollicitées pour placer des produits sur leurs photos, promouvoir une marque, parfois même une région. Cette opportunité a permis à certaines de créer un vrai business.

Lauren Bath, première instagrameuse professionnelle

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Au départ, la photographie n'était pas son domaine de compétence. Lauren Bath, considérée chez les Ozzies comme la première " instagrameuse professionnelle ", était chef dans un restaurant. En 2011, la jeune femme s'inscrit sur le réseau social et un an et demi plus tard, 200.000 followers la suivent sur la plate-forme. Son secret ? Poster régulièrement, " par pure passion " et " sans intérêt " commercial, de jolis clichés. Autres clés de son succès : avoir été au "bon endroit au bon moment" (" J'ai été une utilisatrice de la première heure, j'ai pu créer un noyau d'abonnés très tôt ") et " un peu de chance ". Mais en 2012, avec son rachat par le géant Facebook et la croissance du marché Android, le réseau se démocratise. Lauren se prend de plus en plus au jeu. Elle est invitée à des voyages pour promouvoir des régions australiennes et à les mettre en valeur sur son compte pour faire " rêver ". De plus en plus d'agences voient dans ces nombreux abonnés une audience à capter. "En janvier 2013, j'ai donné ma démission, explique-t-elle. Une heure après, trois offres de partenariats incroyables et payées m'attendaient dans ma boîte mail. Vous pouvez dire que vous ne croyez pas au destin, mais cela à marcher pour moi. J'adore l'expression : " Jump and the universe will catch you " (" Saute, l'univers te rattrapera", NDLR), cela résume mon expérience. À partir de ce jour-là, j'ai mis un prix sur mon travail, et j'ai commencé à apprendre de cette industrie." Aujourd'hui, Lauren a créé son entreprise et a développé son activité. Si elle continue à être " une digitale influenceuse " en postant des photos des lieux qu'elle visite, elle travaille aussi comme manager de projets et a créé des voyages sponsorisés par des instagramers professionnels. Elle est par ailleurs devenue consultante en stratégie média et donne des conférences sur la photographie et les réseaux sociaux.

Du storytelling visuel proposé aux entreprises

Lauren est une pionnière dans cette industrie. Mais elle n'est pas la seule à exercer ce métier en Australie. S'ils ne sont qu'une poignée à en vivre complètement, ils sont nombreux à signer de temps en temps des collaborations avec certaines agences en free-lance. Elisa, instagrameuse professionnelle, confirme le succès de la plate-forme à l'autre bout du monde. " Quand je suis partie en Australie en 2013, je me suis rendu compte qu'Instagram était au cœur de la promotion touristique, alors qu'en France, ils ne s'en servaient pas du tout." À l'époque, elle venait de gagner le concours du Bestjobintheworld (" Le meilleur job du monde", NDLR), celui qui offre la possibilité de voyager en Australie tous frais payés. Il s'agissait, en réalité, d'une opération visant à faire la promotion du pays. Avec Maxime, son ami photographe qu'elle embarque dans l'aventure, la jeune femme "devait faire la promotion de la région du Queensland dans le monde, en créant un blog de toutes pièces. Il fallait être un maximum sur les réseaux sociaux. Nous avons créé une chaîne YouTube, des comptes Twitter, Facebook et Instagram. On a pris conscience de l'utilité de ce dernier. " Rapidement, l'application est au cœur de leur proposition pour inspirer les " gens " et les faire " rêver ". La communauté de leurs followers grandissant, Elisa et Maxime entrevoient la possibilité d'un vrai business. " Grâce à tout le travail que nous avons fourni pendant six mois en tant que créateurs de contenus et influenceurs digitaux, nous avons été repérés par d'autres régions que le Queensland. Cela nous a permis de faire de très bonnes collaborations auprès des parcs nationaux pendant trois mois. Petit à petit, nous avons été sollicités pour travailler en free-lance avec des marques, des hôtels, des offices de tourisme. Nous avons aussi fait des ateliers de formation." Le voyage de la mission " best job in the world " devait durer six mois. Finalement, Elisa et Maxime restent un an. Arrivés en Australie avec 200 followers, ils en repartent avec 50.000, " le seuil minimal pour être approché par des marques en France ", selon Elisa. Aujourd'hui, leur société s'appelle BestJobers, une structure qui propose aux professionnels du tourisme et aux marques " du storytelling visuel " et du conseil en social media strategy.

D'Instagram au "personal branding"

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En dehors du tourisme, la gastronomie et le design sont aussi des domaines où l'application se professionnalise. Pour être approché par une marque, " il faut un ton ", " une vraie personnalité " " une ligne ", expliquent en cœur ces professionnels du réseau. Carolina, une Brésilienne expatriée en Finlande, travaillait dans un magasin de décoration et postait exclusivement des clichés de design pour le " fun ". Arrivée à 30.000 followers environ, elle s'est vue proposée des collaborations. Depuis, plusieurs marques lui envoient des produits à mettre en valeur sur des photos qu'elle poste sur son compte ou sur celui des marques en question. Aujourd'hui, la jeune femme passe ses journées à chercher la bonne lumière, à essayer différentes compositions pour ses commandes et à faire d'autres photos pour ne pas envahir ses abonnés " de posts commerciaux ". Parfois, le sponsor est clairement mentionné. Pour d'autres opérations, les marques lui demandent d'être plus discrète. Elle est également appelée à poster des photos sur les comptes de certains clients pendant quelques jours, pour façonner leur identité visuelle. Comme beaucoup d'autres dans son cas, Carolina n'a pas encore créé sa société et continue de travailler en free-lance. Mais ce n'est qu'une question de temps. " J'attends mon déménagement en Suisse pour passer aux formalités ", confie-t-elle. D'autres sautent le pas petit à petit. Louise, employée d'une agence de marketing et de communication, a échangé son temps plein contre un temps partiel lorsque de nombreux followers se sont abonnés à son compte. " Ce n'est pas vraiment un business, confie-t-elle, mais plus du personal branding. Si une marque me propose une collaboration et si elle me correspond, je signe ", tient à souligner celle qui fait des choix de marques " éthiques ", qu'il s'agisse de gastronomie, de design ou de tourisme. " Parfois, je ne gagne pas d'argent. Parfois, une collaboration me suffit pour vivre tout le mois."

Je travaille environ 14 à 16 heures par jours, 7 jours sur 7

Lauren, l'Australienne pionnière, gagne plus que " ce qu'elle n'avait jamais osé imaginer ". Elisa et Maxime, encaissaient en Australie 2500 euros par mois par des agences de tourisme pour voyager (et être logés) gratuitement. Carolina, la Brésilienne sur le point de créer sa société, estime que son salaire est un bon début, " mais qu'il ne suffit pas encore pour vivre complètement de sa nouvelle passion ". Si leur job semble a priori facile, tous insistent cependant sur les heures de travail passées à photogarphier la réalité et à l'embellir avec un filtre, et à négocier des opérations. " Je travaille environ 14 à 16 heures par jours, 7 jours sur 7 ", avance Lauren. " Ce n'est pas aussi facile que cela en a l'air", précise-t-elle. Elise, l'ancienne gagnante du " meilleur job au monde " vient de monter sa société avec son ami Maxime. Le couple considère le réseau social comme une vitrine plus que comme un outil en soit. D'ailleurs, ensemble, ils postent sur Instagram des photos prises avec un 5D. Loin, très loin du cliché pris nonchalamment avec son smartphone.

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