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Pourquoi Samsung a-t-il quitté la photo alors qu'il faisait partie des plus innovants ?

Être avant-gardiste ne suffit pas toujours...
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 Pourquoi Samsung a-t-il quitté la photo alors qu'il faisait partie des plus innovants ?
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Lorsque l'on parle photographie, il y a une marque qui ne vient pas tout de suite à l'esprit alors que ce géant venu du matin calme est omniprésent dans toutes les autres sphères technologiques : Samsung. L'évidence s'impose d'autant moins vite que cela fait quasiment deux ans que le chaebol s'est définitivement retiré du marché des appareils photographiques numériques, préférant concentrer ses efforts sur les smartphones. De quoi nous poser la question suivante, en cette nouvelle année 2017 : pourquoi Samsung a-t-il quitté la photo alors qu'il faisait partie des plus innovants ?

Samsung et la photographie : une histoire de collaborations malheureuses

Les années reflex, en collaboration avec Pentax

L'histoire des appareils photographiques numériques Samsung à objectifs interchangeables débute il y a onze ans, le 16 janvier 2006, avec le GX-1S. Ce reflex est un clone quasiment parfait du Pentax *ist DS2, à quelques retouches près dans le menu. Ce premier boîtier est animé par un capteur CCD APS-C de 6 Mpx capable de monter à 3200 ISO. Logiquement, c'est la monture Pentax KAF qui est utilisée. Il ne sera pas disponible en France puisque ce n'est que quelques mois plus tard, en mai, qu'arrive le GX-1L, aux caractéristiques similaires, toujours sur une base Pentax. Il faut se repositionner dans le contexte : durant cette première décennie des années 2000, Pentax est alors capable de faire jeu égal avec Canon et Nikon et jouit d'une significative part de marché. Le japonais est, de plus, le seul à proposer une stabilisation du capteur. En 2007, c'est même le Pentax K-10D (qui deviendra le GX-10 chez Samsung) qui jouit du meilleur rapport qualité/prix sur le segment des reflex APS-C experts. Dès la génération suivante, le GX-20 se distingue de son jumeau Pentax par des menus moins austères et une offre logicielle mieux fournie.

À gauche le Pentax K-20D, à droite le Samsung GX-20 : il y a comme un aire de famille, non ?

À gauche le Pentax K-20D, à droite le Samsung GX-20 : il y a comme un aire de famille, non ?

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À ce moment-là, le choix de l'association avec Pentax était donc pertinent. Mais c'était sans compter sur l'habitude de Samsung d'aimer tout développer en interne et, rétrospectivement, nous pouvons considérer cette période comme une phase d'échauffement pour les ingénieurs maison avant de sortir un produit 100 % maison. De plus, parallèlement, c'est à la même époque que Pentax a été coupé net dans ses élans, la division photographique de Pentax passant de main en main : rachat par Seiko le 1er janvier 2004 puis par Hoya le 6 août 2006, fermeture de l'usine de Tokyo par Hoya le 31 mars 2008 pour une délocalisation au Vietnam et aux Philippines, avant de finalement se retrouver aux mains de Ricoh le 1er juillet 2011. Sept ans à être chahuté de gauche à droite, forcément, cela laisse des traces du côté de la R&D. Samsung ne pouvait pourtant pas savoir que, dès le départ, il avait misé sur le mauvais cheval...

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Les optiques Schneider Kreuznach

Très tôt, Panasonic s'est associé à l'allemand Leica, un nom prestigieux pour une petite entreprise qui avait bien du mal à s'extraire de la photographique argentique pour prendre le virage du numérique. Pour le japonais, Leica est, et demeure, l'un des plus beaux passeports pour conquérir un marché alors naissant. Sony, qui avait déjà un bon pied dans la photographie numérique grâce au rachat de Minolta en 2006, s'est également associé à un autre opticien allemand de renom : Carl Zeiss. Tout aussi prestigieux que son compatriote, Carl Zeiss est déjà un peu plus habitué aux collaborations puisque, depuis quelques années, vous pouviez retrouver sa griffe sur les téléphones Nokia. Et Samsung ?

Tout comme pour ses boîtiers, les premières optiques reflex de Samsung, pourtant estampillées Schneider-Kreuznach et en reprenant la nomenclature, n'étaient

Tout comme pour ses boîtiers, les premières optiques reflex de Samsung, pourtant estampillées Schneider-Kreuznach et en reprenant la nomenclature, n'étaient "que" des Pentax rebadgés.

À l'instar de ses deux concurrents nippons, le Coréen a également opté pour un opticien allemand pour bénéficier d'un petit "coup de pouce historique." Son choix s'est donc porté sur Schneider Kreuznach. Une décision très peu heureuse, pour de multiples raisons. La première est que Schneider Kreuznach (SK), c'est difficile à prononcer et écrire : d'un point de vue marketing, cela a son importance. La deuxième est que l'aura photographique de SK ne dépasse pas celle du milieu professionnel et parle assez peu au grand public. La troisième, est l'une des pires, est que SK est très difficilement identifiable du fait de ses trop nombreux partenariats, puisque vous pouvez retrouver sa signature chez Kodak, Hewlett-Packard, et surtout LG et Blackberry, deux concurrents de Samsung sur le marché des smartphones. Voilà qui n'est pas idéal pour imposer une image de marque.

Samsung... et Samsung

Mais la pire des collaborations de Samsung, c'est peut-être d'avoir voulu, coûte que coûte, appliquer la philosophie Samsung sans vraiment chercher à comprendre l'état d'esprit très particulier de l'industrie photographique. Sur le segment des compacts, le client n'a pas vraiment besoin d'être fidélisé puisque, d'un achat à l'autre, rien ne l'empêche de changer de marque au gré du meilleur rapport qualité/prix du moment — tout en se posant la question "pourquoi acheter Samsung alors que je peux avoir du Canon ou du Nikon au même prix ?". Du côté des appareils à objectifs interchangeables, Samsung a toujours eu un mal fou à s'imposer comme une alternative totalement viable : absence de roadmap claire, dénominations peu sexy des boîtiers et des optiques, absence de partenariats avec de grandes agences de presse ou de grands noms de la photographie, manque de visibilité sur le SAV. Samsung n'a pas su développer d'affect vis-à-vis de ses clients et s'est contenté de jouer l'argument technologique, et quelles technologies ! C'est ce que nous allons voir tout de suite.

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Hybrides Samsung NX : des boîtiers ayant régulièrement un coup d'avance

La famille NX n'aura existé que cinq ans et, pour l'évoquer, nous avons décidé de nous concentrer sur trois boîtiers en particulier : le NX10, le Galaxy NX et le NX1.

Samsung NX10 : dès 2010, il avait tout !

Premier APN hybride de Samsung, le NX10 a été pionnier dans de nombreux domaines. Sorti le 4 janvier 2010, il a été le premier hybride de la marque à adopter la toute nouvelle monture NX (42 mm de diamètre, 25,5 mm de tirage mécanique), conçue en interne. D'un point de vue technique, nous pouvions d'ores et déjà prédire qu'elle était insuffisante pour accueillir des capteurs 24 x 36 mm, qui auraient nécessité un diamètre minimum de 43,27 mm (à 1,3 mm près...). Sony proposait déjà des hybrides à capteurs APS-C, mais c'est finalement le NX10 qui a été le premier, dans cette taille de capteur, à intégrer un viseur électronique — le Sony Nex-7 ne sera annoncé qu'en août 2011. Le reste de la fiche technique est assez raisonnable, avec son capteur CMOS APS-C de 15 Mpx, sa sensibilité maximale de 3200 ISO, sa vidéo en 720p, son obturateur mécanique à 1/4000 s (valeur que seuls les boîtiers professionnels actuels dépassent) et son écran Amoled de 614 000 points. Notez que c'est le NX20, son successeur sorti en 2012, qui a été le premier hybride doté de Wi-Fi, désormais présent partout, chez tout le monde, de l'entrée au haut de gamme (sauf sur certains reflex professionnels).

Le NX10 vient avec trois nouveaux objectifs, un 30 mm f/2 "pancake", un 18-55 mm f/3,5-5,6 OIS, un 50-200 mm f/4-5,6 ED OIS et, d'emblée, Samsung annonce l'arrivée imminente de cinq optiques complémentaires : un 18-55 mm non stabilisé, un 20-50 mm compact, un 20 mm pancake (tous deux sortis en septembre 2010), un 60 mm macro et un 18-200 mm (février 2011 pour les deux). Un signal fort qui prouve l'engagement de la marque et sa volonté de se déployer rapidement. À la fin de l'année 2012, l'offre NX comporte déjà onze objectifs, dont un très beau 85 mm f/1,4 ED SSA, un excellent 45 mm f/1,8 et un zoom grand-angle 12-24 mm f/4-5,6 ED. Onze, c'est exactement le même nombre d'optiques en monture E disponible pour les hybrides Sony.

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Samsung Galaxy NX (2013) : un hybride sous Android

Fin 2012, Samsung avait déjà défrayé la chronique avec le Galaxy Camera, un compact à zoom 21x fonctionnant sous Android 4.1 — à moins que ce ne soit un smartphone doté d'un zoom optique 21x... En 2013, rebelote, sauf que ce coup-ci, Android s'invite sur un hybride, donc un APN à objectif interchangeable. Propulsé par Android Jelly Bean (4.2.2), il intègre une puce Wi-Fi et, surtout, un emplacement micro-SIM compatible 3G+ et 4G LTE. Là encore, flairant la convergence technologique, Samsung avait un coup d'avance sur la concurrence. Le pilotage à travers le large écran Amoled de 12 cm (5 cm de plus que la moyenne), entièrement tactile, a de quoi dérouter de prime abord. Désireux de combiner le meilleur des deux mondes dans un seul boîtier, le Galaxy NX a été le premier boîtier de son genre... et le dernier. Trop en avance sur son temps, probablement, il n'a connu qu'une vie commerciale relativement confidentielle. Notez que, comme tous les hybrides Samsung NX, le Galaxy NX jouissait d'une excellente autonomie grâce à sa batterie à la capacité au-dessus de la moyenne.

Samsung NX1 (2014) : le chant du cygne... enfin égalé

Lorsque Samsung a annoncé son NX1 lors de la photokina 2014, le Coréen a pris tout le monde de court. Nous nous souvenons avec émotion de la conférence de presse où nous étions mi-excités mi-surpris, ponctuant chaque nouveau point technique abordé de "oh, ils n'ont pas osé ? Si !" et de "ils sont mal chez Canon/Nikon/Sony/Panasonic" et de "mais c'est génial !". Premier hybride professionnel de la marque, il a également été le premier à disposer d'un capteur APS-C BSI CMOS (rétroéclairé), conserve deux ans après sa sortie le record de définition sur capteur APS-C (28 Mpx), premier APS-C à filmer en 4K (4096 x 2160 px) et en UHD (3840 x 2160 px), le tout en H.265. Son AF cumule 209 points à détection de contraste et 205 à corrélation de phase, la rafale enchaîne 15 images par seconde. Il a été l'un des tout premiers à accepter des cartes SDXC UHS-II. La connectique n'était pas à plaindre, avec une prise HDMI 3.0, une prise HDMI, une prise casque, une prise micro, du Wi-Fi, du NFC, du Bluetooth, sans oublier l'écran tactile et orientable, le flash intégré et la batterie de 1810 mAh. Avec une telle fiche technique, le NX1 sortirait aujourd'hui, il serait encore considéré comme un boîtier avant-gardiste très haut de gamme ! Et tout cela sans oublier le superbe zoom 16-50 mm f/2-2,8 S ED OIS qui n'a d'équivalent chez aucune autre marque. Bref, une merveille... qui n'aura pas suffi à Samsung pour survivre.

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