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Le photojournalisme reprend un peu espoir après des années de crise

•Le festival Visa pour l'Image réunit amateurs et professionnels à Perpignan de ce samedi au 13 septembre.•L'occasion de faire le point sur un métier en pleine mutation.

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Publié le 28 août 2015 à 01:01

« Ils ont été très inquiets pendant des années. Maintenant, ils savent qu'il faut trouver d'autres débouchés que la presse ». « Ils », ce sont les photojournalistes. Pour Jean-François Leroy, directeur du festival Visa pour l'Image, la grand-messe de la photographie de reportage, qui débute à Perpignan samedi, les photojournalistes ont à nouveau des raisons d'espérer.

Profession en crise depuis le début des années 2000, ils ont subi de plein fouet la numérisation de l'image. « Le marché de la photo a baissé, les prix aussi, et beaucoup d'agences ont été placées en redressement judiciaire, dont la nôtre » résume Mete Zihnioglu, rédacteur en chef de Sipa, l'une des plus anciennes agences de photographie françaises. En 2010, Sipa comptait 25 photographes salariés. Aujourd'hui, il en reste deux, aux côtés d'une trentaine de pigistes.

Les chiffres de la Commission de la carte d'identité des journalistes professionnels (CCIJP), qui distribue les cartes de presse, sont tout aussi révélateurs. Selon l'organisme officiel, le nombre de reporters-photographes titulaires d'une carte de presse est tombé de 1.388 en 2000 à 886 en 2013.

Pour autant, les professionnels du secteur se disent plutôt optimistes. A commencer par Pierre-Yves Mahé, directeur de l'école de photographie Spéos. « C'est un métier qui est en pleine évolution. Le photographe doit être malin. Il doit trouver des idées pour s'autoproduire et être beaucoup plus autoentrepreneur qu'avant. Mais, quand on sait le faire, il y a toujours du boulot », indique-t-il. « Les photographes travaillent de plus en plus dans l'institutionnel ou dans la pub, donc ils ont compris qu'ils devaient se diversifier », renchérit Jean-François Leroy.

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Une démocratisation à double tranchant

Une adaptation qui pousse de plus en plus de photojournalistes à ne plus produire uniquement des reportages, mais à travailler aussi pour les entreprises, les institutions, voire des particuliers comme pour les photos de mariage.

Avec l'émergence de la photographie amateur et des banques d'illustration sur Internet, l'image est plus accessible que jamais. « Grâce à l'essor de la photographie, le photojournalisme investit les musées, les Web documentaires, les réseaux sociaux et il devient connu du grand public », constate Wilfrid Estève, directeur du studio Hans Lucas. Mais la démocratisation a ses revers. « Comme la photo s'est répandue, le professionnel a été relégué à un positionnement social moins prestigieux et la concurrence avec les amateurs a provoqué une dévalorisation économique de l'image », souligne Jean-François Camp, directeur du laboratoire photo Central Dupon, dont le fonctionnement a été largement chamboulé (lire ci-dessous).

L'important, c'est l'oeil, pas la technique

De nouvelles plates-formes mêlent désormais contenus amateurs et professionnels, comme Citizenside, un hybride entre l'agence de presse et la banque d'images, qui tente de profiter de cette vulgarisation du métier. Car, sur le terrain, les appareils sont plus performants et faciles à utiliser. Contrairement aux idées reçues, le smartphone n'est plus l'apanage des amateurs et s'est, même, fait une place à l'Agence France-Presse. « Il peut arriver que nos photographes ou caméramen utilisent un smartphone. Il ne remplacera jamais un appareil photo, mais c'est une forme de journalisme qu'il ne faut pas s'interdire », précise Eric Baradat, rédacteur en chef du service photo. « On a été les premiers, à Visa pour l'Image, à montrer des photos faites avec des iPhone, mais parce que le regard était bon. L'important, c'est l'oeil du photographe, pas la technique », martèle Jean-François Leroy.

Romain Duriez

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