La Grande Boucle du photographe Guy Marineau

t avec ses enfants.

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La Grande Boucle du photographe Guy Marineau

Dans la France silencieuse des années 1970 et 1980, du Périgord au Morbihan.
Keuj
par Keuj

Guy Marineau est un ancien photographe français désormais à la retraite. Au cours de ses 40 ans de carrière, ce Béarnais d'adoption a notamment travaillé en tant que correspondant pour le journal Sud-Ouest, réalisé des reportages tendus sur le conflit nord-irlandais et la révolution des Œillets, avant de se spécialiser dans la photographie de mode. En grand autodidacte, Marineau y découvre un nouveau milieu qui reconnaît la qualité de son travail. De fil en aiguille, les collaborations s'enchaînent. Il navigue dès lors entre les bureaux de Vogue à New York, la propriété d'Yves Saint Laurent à Marrakech et les podiums des défilés parisiens. En marge de cette vie intense, il trouve le temps de parcourir la France profonde. Muni de son Nikon F3 et de pellicules 50 mm, il photographie le quotidien des anonymes. Dans les cartons du photographe, on retrouve des milliers de clichés documentant la France silencieuse des années 1970 et 1980. À la suite du départ du Tour de France, nous avons sélectionné avec lui 15 photos issues de ses archives personnelles illustrant la richesse du territoire national – et il les a gentiment commentées pour nous.

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« Dans le cadre d'une publicité pour les oranges du Maroc, on m'avait envoyé sur le port de Rouen en 1973. La photo de ce docker a été prise au petit matin, après le déchargement des cagettes d'orange. Pour la petite histoire, j'avais été pris à partie par la CGT. À l'époque, il arrivait que les grutiers fassent de mauvaises manœuvres et laissent échapper des containers. Les syndicalistes croyaient que je venais pour guetter la faute. »

« Cette photo répond à une commande d'une agence de presse qui m'avait envoyé couvrir la fièvre aphteuse de 1974 en Bretagne. J'étais dans une ferme isolée dans un petit village du Morbihan. Le troupeau était entièrement décimé et il y avait des gendarmes partout, c'était impressionnant. Après avoir respecté tout le protocole de décontamination, j'ai réussi à m'approcher au plus près. »

« Lors d'une exposition canine, j'avais été intrigué par ce garçon qui essayait de tirer ce chien ridiculisé par sa coupe. À l'époque, en 1978, je travaillais pour un magazine américain qui m'avait commandé des photos de Deauville. Je passais donc beaucoup de temps dans des hôtels comme le Club 13. Cette photo a dû être prise le lendemain d'un samedi soir, dans l'établissement de Claude Lelouch ou Régine. »

« Lors d'un séjour dans le Périgord Noir, et j'ai pris cette photo en marge d'une série pour le magazine américain W, pour qui j'ai travaillé entre 1978 et 1983. Je me suis fait inviter à la table de cette famille qui venait de distiller une eau-de-vie de prune. Comme à mon habitude, je passais du temps avec les gens, ce n'est pas de la photo volée. »

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« Le pèle porc ou tue-cochon est une tradition du sud de la France. J'avais photographié tout le rituel dans un village en janvier 1977 : le choix de la bête, l'abattage et le transport sur la charrette jusqu'à la découpe. C'était dans le cadre d'un reportage pour la série « Découvrir la France » de Larousse. Je me souviens encore des larmes du grand-père qui avait élevé ce cochon pendant des années, prostré sur sa chaise. De tendance végétarienne, j'avais été malade pendant deux jours après ça. »

« Cette photo date de 1978, lors du mariage d'une célèbre actrice française avec le fils d'un grand industriel à Saint-Rémy-de-Provence. Je ne pouvais pas passer à côté de ces filles apprêtées. C'est le genre d'image qu'on ne voit plus, malheureusement.

« J'aime beaucoup cette photo, je trouve sa composition intéressante. Il ne se passe pas grand-chose, mais une certaine atmosphère s'en dégage. C'était pendant l'été 1978, je faisais un reportage sur le 14 juillet à Toulon. Une fois le travail terminé, j'allais comme souvent alimenter ma collection personnelle. »

« C'était une commande pour Time magazine, en 1979. À l'époque le Cap était plus familial et plus sage, disons. Le bureau de poste, les sabots du gamin et l'affiche – tout y est ! »

« À la fin de la saison hivernale de 1979, j'ai fait un reportage sur la station du Val d'Isère pour le magazine Vogue homme. J'avais suivi plusieurs stars de l'époque dont Sacha Distel pour un shooting périlleux sur la terrasse d'une chambre d'hôtel dont la rambarde avait failli céder. C'est une photo que je trouve graphiquement intéressante, je m'imaginais ces deux inconnus qui appellent leur copain ou copine. »

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« Une course cycliste lors d'un dimanche après-midi à Orthez. On retrouve les deux premiers coureurs, la jeune femme avec les fleurs et le speaker. J'aime bien cet esprit amateur avec un seul sponsor sur le maillot et une simple casquette à la place du casque. »

« Le vrai paysan béarnais qui vit seul dans une maison délabrée sans chauffage au milieu des chiens, des poules et des canards. Il doit avoir entre 75 et 80 ans sur cette photo, qui date de 1973. Cet homme était très gentil avec moi, mais violent avec ses enfants. »

« C'était lors du pèlerinage des Gitans à Lourdes, en août 1978. Pendant quelques jours, la ville est envahie par une immense foule de gens très croyants, c'est vraiment impressionnant. J'étais arrivé dès le matin, mon appareil autour du cou, mais sans m'en servir. Après un travail d'intégration auprès des anciens, j'avais pu déclencher l'objectif au milieu de la communauté. »

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