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Le Bokeh : La technique la plus surestimée en photographie

Table des matières

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Lorsqu’un amateur décide de suivre un cours en photographie, inévitablement il apprend que le bokeh est un moyen d’isoler un sujet et de lui donner plus d’importance dans une composition. Mais est-ce que c’est vrai? Le bokeh ne serait-il pas plutôt une technique surévaluée? Cette question ne semble pas faire partie des enseignements en photographie. Pour plusieurs photographes il va de soi qu’il faut intégrer à ses images un bokeh. Ceux qui ne le font pas sont des « amateurs » qui ne connaissent rien à la « vraie » photographie. Le photographe Hans Rosemond nous donne son avis sur ce sujet.

Des photographes osent remettre ce dogme en question. J’affirme qu’une photo peut être excellente même si tout semble se trouver sur un même plan. En fait la technique du bokeh est faite pour les photographes paresseux, qui n’ont comme unique moyen pour composer une photo, que d’isoler leur sujet en floutant l’arrière-plan. Mais le plus malheureux c’est que ces photographes croient avoir raison. Ils ne se gênent pas pour ridiculiser les débutants qui osent penser différemment, qui osent avoir une image sans bokeh. Mais d’où nous vient ce mythe exactement? Qui a décidé qu’il fallait à tout prix isoler un sujet de cette manière?

Steve McCurry

Si vous prenez le temps d’analyser les photos d’Annie Leibovitz, de Kishin Shinoyama, de Steve McCurry, et beaucoup d’autres, vous découvrirez que moins de 0,5% ont un bokeh significatif, et par là je veux dire des éléments qui sont si « out-of-focus », qu’ils perdent leur structure et deviennent méconnaissables.

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Personnellement, je trouve les images de McCurry admirables. Il y en a probablement plusieurs dont le bokeh est le plus « fort ». Mais seulement un petit pourcentage de ses portraits a un bokeh. Je dirais que 95% de son travail offre des scènes reconnaissables, même lorsque le sujet est une seule personne. Je sais que cela peut sembler offensant pour certains photographes, mais après avoir étudié longuement les photos des plus grands maîtres, je commence à penser que le bokeh est un « artifice » d’amateurs.

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Un photographe qui a maîtrisé réellement la photo, n’aura pas besoin de cette technique pour faire de bonnes images. Le bokeh est plus un obstacle esthétique qu’une technique photographique. Pourquoi? Parce qu’il « fainéantise » le processus de création.

Mes premières expériences sans bokeh

Peu de temps après avoir acheté mon premier reflex numérique, j’utilisais souvent un 35mm f/1.8, parce que je voulais me débarrasser de tout ce fouillis distrayant derrière mes sujets. Mais au fil du temps, j’ai pris conscience que mes photos étaient ennuyantes, qu’il manquait quelque chose. J’ai donc décidé de lire sur ce sujet afin d’acquérir plus de connaissances en photo. Après quelques mois, une fois que j’avais à l’esprit tous ces nouveaux concepts, j’ai saisi mon objectif de base (un 16-50MM F/3.5-5.6), j’ai placé mon appareil photo à « Priorité à l’ouverture » à f/8, et suis sorti prendre quelques photos. À mon grand étonnement, mes photos semblaient nettement meilleures.

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Alors quelle était mon erreur? Pourquoi mes photos étaient aussi ennuyantes? Mon erreur était que j’utilisais le bokeh pour isoler mon sujet. Le Bokeh est évidemment l’un des nombreux grands outils pour obtenir une bonne composition, mais lorsqu’il est utilisé sans d’autres techniques, il crée des images « faibles ». C’est lorsque j’ai commencé à utiliser de nouvelles techniques pour éliminer les éléments «encombrement» que mes images sont devenues plus intéressantes. Par exemple, je rampais sur le sol, grimpais dans les arbres, faisait mon chemin à travers les obstacles afin d’obtenir un angle adapté à ma photo. Après avoir fait tout cela, je n’avais plus besoin de bokeh pour créer des images plus « attractives ».

Apprendre à composer

Tout le monde semble vouloir utiliser l’optique offrant le plus beau bokeh. Pas nécessairement parce qu’il est de meilleure qualité que les objectifs « cheaps » vendus avec l’appareil photo, dont l’ouverture se limite souvent à f/3.5, mais parce qu’ils créent ce «beau fonds crémeux». Pour me sortir de cette impasse, j’ai appris à composer sans avoir besoin de défigurer le fond pour en faire une bouillie. Oui, le bokeh est surestimé. C’est une technique pour les paresseux, pour les photographes sans imagination.

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Lorsque je suivais une formation en photo, mon professeur me disait: « Cette qualité revêt une grande importance, particulièrement pour les photographes de portraits qui veulent presque toujours des fonds mous. Dans leur cas, toute netteté nuira à leurs sujets ». Cette affirmation est une absurdité, car une défocalisation est tout aussi distrayante. Rien de tel qu’un énorme « hotspot » flou pour attirer l’attention loin du sujet.

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Cessez de demander: « Comment est mon bokeh? » Apprenez plutôt à composer vos photos. Car cette habitude du « joli bokeh » est simplement une autre preuve que l’individualité est un mythe, tout le monde adhère à ce dogme sans se poser de questions. D’ailleurs saviez-vous que ce terme a été popularisé dans les années 1990 par le photographe Michael Johnston dans son blog « The online photographer »? C’est un concept que les Japonais ont utilisé pendant des décennies. En Occident, nous avons tendance à nous concentrer sur les objets placés au premier plan et à ignorer les objets se trouvant sur le fond d’une photographie. Ceux qui sont nés dans un pays asiatique ne se concentrent pas immédiatement sur les objets du premier plan. Il s’agit d’informations assez nouvelles, inconnues de la plupart des gens en dehors du domaine de la perception visuelle. Ce n’est pas sans raison si ce terme nous vient du Japon.

Un concept très mal défini

En fait, le bokeh est très mal compris par la majorité des photographes. En réalité, ce terme se réfère à la qualité des zones hors focus d’une photo. Ce sont souvent ceux qui ont le moins de formation en arts visuels qui utilisent cette technique dans leurs photos. Selon mon expérience, et après de longues années à étudier ce sujet, je suis de plus en plus convaincu que savoir composer est plus important que d’obtenir de « jolis bokehs ». Si vous voulez isoler votre sujet, déplacez-vous, utilisez d’autres règles, sachez découvrir dans une scène ce qui attire l’oeil de l’observateur, jouez avec les ombres et la lumière. Cessez de vous préoccuper de ce mythe qui ne cesse de grandir au détriment de techniques beaucoup plus intéressantes ! Avoir un joli bokeh pour isoler un sujet n’est pas une règle universelle !

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En macrophotographie c’est impossible de réaliser une photo sans que le fond ne soit flou. La zone de netteté est toujours très mince. À moins bien sûr d’utiliser la technique du « focus stacking« . Cependant, si vous prenez vos macrophotographies avec un objectif macro, votre arrière-plan sera flou. C’est inévitable ! Pour tous les autres types de photos, soyez plus créatif. Cessez de noyer vos sujets dans un bokeh, vos photos seront meilleures parce que vous aurez développé de nouvelles techniques et de nouvelles compétences pour composer vos photos.

Au sujet de l’auteur

Hans Rosemond est un photographe professionnel basé à Denver, au Colorado. Vous pouvez suivre son travail en visitant son site internet.

crédit photo : Steve McCurry, Thomas Shahan,

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Damien BERNAL

Je m’appelle Damien BERNAL et j’ai créé ce blog pour partager ma passion avec vous.  Sony avec sa gamme Alpha a créé un univers très riche et nous allons l’explorer ensemble. Les articles sont la pour répondre à vos questions.

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24 réponses

  1. A 1000000000000000000000000% d’accord!!!
    Ce mot indéfini rempli la bouche de certains photographes (ou supposés tels) comme 10 Marshmallow enfournés d’un coup…
    En dehors de certains sujets, comment peut on en arriver à ce point alors que l’art photographique consiste surtout à représenter le réel, nos yeux nous font ils voir avec du « Bokeheeeeeeee »???

  2. Bonjour,

    cet article est très intéressant car il donne un point de vue. Tout est dit car je pense qu’il est totalement incomplet.

    Le Bokeh est une technique créative particulière tout comme le HDR, le Panoramique, le Paning, le Zooming. Il fait partie de la panoplie de tout photographe. C’est un outil qu’il faut savoir utiliser à bon escient et pour créer certains effets correspondants à une vision particulière.
    Il est vrai qu’en photojournalisme, ce n’est pas une technique très utilisée car ce thème photographique possède des codes précis dont je ne détaillerai pas la liste ici.
    Mais par exemple en photographie sous-marine en gros plan ou en photographie animalière, je dirai que 80% de nos photos sont réalisées avec la technique du Bokeh. Dans la photographie artistique sous-marine et animalière c’est essentiel.
    Mais je suis d’accord avec l’auteur que le Bokeh demande une très grande maitrise technique. Ce n’est pas non plus une technique universelle.
    J’avais publié un blog sur ce sujet. Vous verrez deux photos faites en Bokeh pour comprendre mon point de vue. La page est la suivante :
    https://www.guillenphoto.com/cms/pourquoi-utiliser-la-technique-creative-du-bokeh.html

    Je trouve cet article passionnant et intéressant mais lorsqu’on abord de tels sujets, il faut souvent nuancer et apporter d’autres éléments.

    Bien à vous

    1. Bonjour,

      Je trouvais l’article équilibré, l’ayant compris comme évoquant ceux qui n’ont que le bokeh à la bouche…
      Bon, du coup j’ai un blog de plus à suivre!

      Cordialement

  3. Bonjour j’adore le BOKEH mais je vois que dans ma pratique de la photo je l’ai completement laissé tomber ces derniers temps et je n’avais pas remarqué ça!!
    un plaisir a lire!

    1. Bonjour Hervé,

      cet article vous semblera peut être incomplet et vous aurez raison car il faudrait des pages et des pages pour parler du Bokeh qui une technique extraordinaire sur le plan créatif.
      Mais si vous souhaitez voir des clichés animaliers réalisés avec cette technique voici un lien sur un projet sur lequel nous travaillons pour nos deux prochaines collections :
      https://www.guillenphoto.com/cms/projet-photo-en-couleurs-sur-les-oiseaux-des-zones-humides.html

      Ce n’est pas facile et il faut du temps mais les résultats sont intéressants sur le plan artistique.

      Bien à vous

      1. Bonjour Amar,
        J’ai déjà vu le reportage sur votre travail et j’ai ajouté votre blog dans mes favoris, je m’inscrirai à la news letter; je suis en Touraine, donc pas très loin…
        Cordialement

  4. Il me vient une question : avant d’accuser les photographes, le bokeh n’aurait il pas été mis en avant aussi pour des raisons commerciales, c’est à dire nous pousser à acheter des objectifs toujours plus lumineux … et plus chers ?

    1. Probable, mais je crois plutôt que c’est une « tendance » qui se répand sans que personne ne se soit posé de questions.

  5. Le problème en photographie c’est qu’un certain nombre de « professeurs » et de « puristes » s’acharnent à vouloir édicter des lois sans lesquelles les clichés sont ou trop ou pas assez quelque chose…Moi quand j’aime une photo c’est qu’elle me touche, me fait ressentir une émotion et dans ce cas je me moque éperdument si cette dernière respecte le Bokeh, la règle des tiers ou tout autres règles soit disant impératives.

    1. Je suis d’accord avec vous, mais certains « puristes » croient mieux savoir que tous les autres.

  6. Ecrire un article sur le bokeh quand on ne sait pas ce qu’est le bokeh, une belle leçon de manque de culture photographique révélatrice du monde photographique actuel. Pour votre information le bokeh n’est pas le flou d’arrière plan mais la qualité de la transition entre les zones floues et les zones nettes lors d’une prise de vue. Par exemple, en moyen format cette transition est très douce et on peut dès lors parler d’un beau bokeh alors qu’en plein format elle est beaucoup plus brutale à pleine ouverture et donc moins agréable pour un œil averti. Bref, avant d’essayer de cultiver les autres, cultivez vous, vous-même.

    1. Ah!
      Je m’étonnais quant à l’absence de donneur de leçon dans les réactions… voilà qui est fait!
      Merci Fred!
      Nous savons tous ce qu’est le bokeh même si les désignations en sont parfois réductrices.
      L’article initial évoque les photographes qui prétendent que « hors bokeh, point de salut »; il ne critique donc absolument pas le concept et l’utilisation du bokeh mais sa SURESTIMATION!!!
      Il suffit juste de savoir lire, dès le titre les gens « sous culturés » comme nous autres comprenons de quoi l’auteur parle!
      Redescends parmi nous Fred, ta culture te donne le melon…

  7. Presque tu m’énerves.

    Le top en photographie, ça reste que chacun est un style qui lui soit propre et que la technique soit au service de ce que chacun souhaite montrer dans ses images. Il n’y pas de « il faut faire ci » ou « il ne faut pas faire ca ».
    C’est rien qu’un exemple mais : pour un portrait, si tu souhaites contextualiser le sujet, montrer comment et ou il vit, ce qu’il fait (ce qui est le cas par exemple du photojournalisme) etc
    Il vaut mieux inclure le background. Il permets d’apporter des détails de compréhension à l’image.
    Si tu souhaites au contraire focaliser l’attention sur le sujet lui même, si ce qui t’intéresse c’est la corporéité du personnage, son expression ou que tu travailles sur la mise en valeur de l’être humain, alors il vaut mieux par diverses manière (fond uni, flou d’arrière plan etc) se détacher de l’arrière-plan.

    Mais isoler le personnage, c’est pas un truc de « paresseux, » tu vas voir le travail de Richard Avedon dans The American West, les sujets sont isolés par un fond blanc que le mec a accroché partout ou il pouvait. Rien ne te parle autant des conditions de vie aux Etats-Unis à ce moment la que ce boulot, ou tu vois dans les personnages représentés le labeur, la pauvreté et la misère.

    Tu trouves pas ta photo mieux parce que tu as arrêté le « bokeh », ta photo elle est mieux parce que tu as enfin compris ce que tu voulais faire passer comme message dans ton image.

    Et c’est de ça qu’il faut parler en photographie, comment mettre la technique au service du « message » et on se passe franchement de ce genre de textes hyper stricts sur ce qu’on peut ou peut pas faire ! Finalement, tu tentes de démonter un dogme, en voulant le remplacer, de la même manière pleine de jugements de valeurs, par un autre.

    A bon entendeur !

    1. Même réponse qu’à Fred, apprenez à lire…
      J’ajoute une citation de l’article:
       » Le Bokeh est évidemment l’un des nombreux grands outils pour obtenir une bonne composition, mais lorsqu’il est utilisé sans d’autres techniques, il crée des images « faibles ».
      Ton commentaire semble avoir été fait sans que tu n’ai lu l’article que tu critiques, c’est ballot quand même!

  8. Je suis d’accord,mais les photos que tu montre, raconte toutes une histoire.Rien perturbe l’image.
    Il faut parfois faire ce fameux bokeh pour ne pas perturber l’image et l’histoire,mais c’est vrai que ce n’est pas une obligation,mais de là à dire que c’est pas esthétique ,je suis dubitatif.

  9. Encore une fois, la règle est qu’il n’y a pas de règle ! Que chaque photographe laisse jouer sa sensibilité et utilise la bonne technique pour créer l’image que lui inspire la scène qui est devant lui. Arrêtons de nous chamailler alors que nous sommes à peu près d’accord sur le fond, même si le sens que nous mettons sur les mots n’est pas tout à fait le même.

    Comme le dit Lucile, à chacun son style, et comme le dit Gauthier, c’est l’émotion que transmet la photo qui compte.

    On ne demande pas à un menuisier de savoir faire un bilan ou à un juriste de savoir traire une vache, alors acceptons que nous soyons différents. Et faisons plutôt des images !

  10. pour ma part, je fais des photos assez souvent avec du bokeh… La photo est souvent plus facile à faire, on cherche un fond un peu uniforme qui se marrie bien avec le premier plan, et hop, la photo (un exemple général, c’est pas tout le temps comme ça bien sur)…
    une belle photo sans bokeh sera beaucoup plus technique à faire et demandera plus de temps et d’attention, tous les détails seront visibles et la photo n’en sera que plus riche d’informations, l’exercice compliqué sera de bien mettre en valeur un sujet avec une netteté partout… ce n’est pas toujours si facile…