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Smartphones
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Quel smartphone fait les meilleures photos ?

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Publié le 29 mai 2014 à 16h13, modifié le 19 octobre 2020 à 11h17

Temps de Lecture 10 min.

Avec les beaux jours, notre appétit photographique se réveille. Avec lui renaît le désir d'un mobile qui excelle en photographie. Un smartphone remplace difficilement un appareil photo expert, mais comme il reste en poche en permanence, on peut photographier à tout moment, en tout lieu. Souvent, on réussit des clichés très corrects.

Nous avons réuni cinq smartphones particulièrement désirables. Les technologies auxquelles ils recourent sont diamétralement opposées : de l'étonnant appareil 4 mégapixels HTC au non moins surprenant smartphone 41 mégapixels Nokia, l'écart est saisissant, sans précédent dans l'histoire de la photo numérique. De quoi éveiller notre curiosité comme jamais : quel mobile remportera ce comparatif photo ?

Nous avons conçu un protocole de test rigoureux. Au programme, peu de photos de « mire test », mais beaucoup de clichés du monde réel. Une centaine d'images au total, prises au même moment avec les cinq appareils. Nos tests, menés par un photographe professionnel, ont été réalisés dans une douzaine de lieux : ville, campagne, jardins, maisons...

Nous avons veillé à varier les conditions de lumière : soleil ou nuages, plein jour ou coucher du soleil, halogène, néon ou LED, etc. C'est sur une moyenne qu'un appareil photo se révèle vraiment bon. Si l'on compare seulement cinq photos, on a toutes les chances de se tromper.

Les images n'ont pas été comparées en zoomant sur un écran à 100 %. Nous pensons que cela ne correspond pas à votre usage. Nous nous sommes posé trois questions cruciales : les couleurs sont-elles agréables ? La qualité se maintient-elle quand la lumière faiblit ? Les ombres et les lumières sont-elles restituées avec douceur ?

De 4 à 40 mégapixels !

La clé du problème est un morceau de silicium grand comme un ongle : le capteur photo. Son influence sur la qualité des images est décisive. Sur ce terrain, les ingénieurs se livrent une bataille absolument passionnante. Le capteur est tapissé de millions de « photosites » qui convertissent la lumière en signal numérique.

Pour simplifier, chaque photosite fabrique un pixel. Intéressons-nous au capteur photo du Samsung. Vu au microscope, on perçoit bien ses photosites, très petits, mais très nombreux : 16 millions. Nokia et Sony ont intégré encore plus de photosites à leur capteur photo.

Comment y sont-ils parvenus ? Nullement en rétrécissant la taille des photosites, déjà fort petits. Mais en augmentant la taille du capteur photo. Chez Sony, la taille du capteur est légèrement supérieure à celle du Samsung. Chez Nokia, elle est immense, comparativement aux autres smartphones.

Le Nokia livre donc une véritable avalanche de photosites : 41 millions ! A titre de comparaison, les appareils photo professionnels à 3 000 euros oscillent entre 20 et 36 millions de photosites.

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Nokia emploie ces pixels d'une façon originale : ils jouent en équipe. Pour fabriquer un seul pixel, Nokia utilise 8 photosites. Le but est de fabriquer un pixel de qualité supérieure. Les 41 millions de photosites créent donc des images de 5 mégapixels. Par sécurité, le Nokia enregistre une deuxième version de la photo, dans sa résolution maximale de 41 mégapixels (seulement si l'on utilise Nokia Pro Cam pour prendre des photos, une application dédiée aux photographes experts).

En matière d'originalité, Apple et HTC ne sont pas en reste. Leurs ingénieurs ont constaté un phénomène : plus un photosite est grand, plus il produit un pixel de qualité. C'est le secret de fabrication des reflex professionnels. Apple et HTC ont choisi d'agrandir la taille des photosites, plutôt que de multiplier leur nombre, comme Nokia, Sony ou Samsung.

Les photosites du nouvel iPhone passent modestement de 1,4 à 1,5 micromètre. Du coup, l'iPhone ne totalise que 8 millions de photosites. Les photosites du HTC mesurent 2 micromètres de largeur. Ses photos plafonnent à 4 mégapixels. Un choix radical, et même détonant. Les lois du marketing poussent plutôt les fabricants dans une course aux mégapixels. Rompre avec cette logique commerciale exige du culot. Le risque paye-t-il ?

Plus de pixels ... pour quoi faire ?

On peut s'interroger : à quoi servent 16 ou 20 mégapixels ? Les appareils compacts « expert » de Canon et Fuji n'embarquent que 12 mégapixels. Ces appareils font référence chez les connaisseurs. Alors pourquoi monter jusqu'à 16 mégapixels ? Pour lire les photos sur téléviseur ? Pour les regarder sur un grand écran d'ordinateur ? Probablement pas : d'après nos tests, on ne voit aucune différence entre des images de 8 et 16 mégapixels.

Pas étonnant : un écran Full HD affiche deux millions de pixels seulement. En réalité, on commence seulement à percevoir une légère différence sur les écrans de toute nouvelle génération, au standard « 4k ». Ces écrans-là affichent environ 8 mégapixels.

Alors, à quoi servent 16 mégapixels ? A imprimer des photos parfaitement nettes ? Tout dépend de la taille du tirage. Au format traditionnel 10 x 15 cm, on ne perçoit aucune différence. En A4 (21 x 29,7 cm), on commence à percevoir un léger écart de netteté.

Un appareil 8 mégapixels n'exploite pas totalement la finesse de l'imprimante. La technologie jet d'encre dépose 300 minuscules points d'encre par pouce (300 ppp). C'est la résolution maximale que l'œil humain parvient à distinguer. Il faut imprimer en A3 (29,7 x 42 cm) pour qu'enfin, 16 mégapixels fassent une nette différence :

Encore que ... Tout dépend de la distance à laquelle on regarde l'image. Le chiffre de 300 points par pouce est calculé pour une distance d'observation de 35 centimètres. C'est la zone de confort de l'œil humain. Plus on s'éloigne, moins l'œil distingue les détails. A un mètre, on ne voit plus que 108 points par pouce. Une photo de 4 mégapixels imprimée en A3 paraît alors presque aussi nette qu'un cliché de 40 mégapixels.

Quatre mégapixels s'avèrent trop justes sur une télé 4k ou un tirage A4. Mais sur papier A4, une photo de 4 mégapixels ne paraît pas floue. Sa netteté est moyenne, ses détails paraissent beaucoup moins riches.

En revanche, 8 mégapixels suffisent pour la quasi-totalité des écrans et des tirages. La différence de netteté avec 16 mégapixels n'apparaît que si l'on y prête vraiment attention.

Face au capteur 8 mégapixels, le seul véritable avantage d'un capteur 16 ou 20 mégapixels est ailleurs : sa « réserve de pixels » permet de zoomer. Soit pendant la prise de vue, soit plus tard, au moment de la retouche, par recadrage. Cela intéressera les amateurs de photographie à distance : photo sportive, portrait volé, photo d'enfants qui jouent dans le jardin, etc. Mais ce petit avantage se paye cher. La multiplication des pixels induit un défaut majeur, comme nous allons le voir.

Quand la lumière manque

Question cruciale : quand la lumière baisse, les photos demeurent-elles agréables à regarder ? C'est ici qu'un appareil performant peut creuser un bel écart.

En plein jour, la lumière est abondante : l'écart de qualité est faible entre deux capteurs photo. Mais plus la lumière baisse, plus elle pousse le capteur dans ses retranchements. L'écart de qualité devient alors spectaculaire. Cela arrive hélas souvent. La nuit bien sûr, sous l'éclairage d'un réverbère, par exemple. Mais pas uniquement.

Des différences apparaissent dès la dernière heure du jour, si le ciel est voilé. Voire en plein jour, lorsqu'on pénètre dans un bâtiment aux fenêtres petites. Les lieux sans éclairage naturel sont eux un cauchemar pour les capteurs photo : salles de spectacle, clubs, magasins, etc.

Dans ces situations, les images deviennent sombres et « sales » : un grain multicolore disgracieux apparaît. Dans ces conditions, les capteurs photo 4 ou 8 mégapixels sont avantagés par rapport aux 16 et 20 mégapixels :

Le smartphone d'Apple réalise les clichés les plus propres en « basse lumière ». Viennent ensuite le HTC et le Sony, sensiblement moins bons. Et en queue de peloton, le Samsung.

Outre le grain, les photos de Sony et Samsung apparaissent légèrement floutées. C'est l'effet du traitement d'image, visant à atténuer le grain sale, ou « bruit numérique ». Ce floutage est assez disgracieux. On le voit, l'inflation des pixels nuit à la qualité des photos dans de nombreux cas.

Quid du Nokia ? Sous un éclairage artificiel puissant, ses photos sont très réussies, propres et détaillées. Meilleures que celles de l'iPhone. Mais sous un éclairage faible, une bonne partie des photos sont floues. L'explication est simple : le Nokia laisse ouvert son objectif très longtemps, pour laisser passer suffisamment de lumière. Le « temps de pose » monte à un quart de seconde. Malgré la présence d'un stabilisateur optique, le Nokia n'arrive pas toujours à obtenir une image nette : la main du photographe a le temps de bouger.

Ce n'est pas tout : le sujet photographié peut bouger aussi, et devenir flou. Les concurrents du Nokia font un choix beaucoup plus sage : l'objectif reste ouvert un quinzième de secondes. Le risque de flou reste alors modéré.

Les photographes professionnels évitent les flashs frontaux, qui enlaidissent les photos. Leur lumière aplatit les reliefs de l'image, gomme les textures et matières. On utilise le flash en dernier recours. Mais dans certains cas, il peut sauver la mise. On sera heureux de pouvoir immortaliser un moment important quand la lumière est inexistante.

Tous les smartphones testés intègrent un flash conséquent, capable d'éclairer jusqu'à 5 mètres ou plus. Les flashs du Nokia et de l'iPhone nous paraissent les meilleurs : ils sont plus puissants, et leur couleur est plus neutre. A l'inverse, le flash du Sony nous a peu convaincus : sa puissance est passable.

Ombres et lumières

Les professionnels de la photo le savent : rien n'est plus laid qu'une image « brûlée ». Une partie de l'image est si claire qu'elle vire au blanc uniforme. L'exemple le plus courant : un ciel bleu qui devient blanc. La photo est ratée.

A l'opposé, rien n'est plus frustrant qu'une image « enterrée » : tellement sombre qu'on n'y voit goutte. Les appareils photo numériques prennent souvent des images brûlées ou enterrées. Parfois même les deux en même temps.

Pourquoi ? Les images contrastées affolent les capteurs photo, qui s'avèrent incapables de restituer les objets lumineux en même temps que les objets sombres. Par exemple, un chat noir devant un soleil d'été. L'œil humain est meilleur à ce petit jeu. Parmi nos cinq smartphones, encore une fois, c'est Apple qui restitue le mieux les ombres et les lumières. A l'inverse, HTC est souvent pris en défaut.

Le problème du HTC tient à trois facteurs complexes. Un problème physique : la « dynamique » de son capteur est faible. Et deux problèmes d'ordre logiciel : le calcul de l'exposition est hasardeux, et l'ajustement des courbes de luminosité peu sûr. On le voit bien sur ces photos :

Les goûts et les couleurs

La beauté des couleurs est un critère subjectif. Mais l'écrasante majorité des photographes préférera des couleurs naturelles, voire très légèrement chaleureuses, aux couleurs tristes, tirant vers le vert, ou aux couleurs froides, tirant vers le bleu.

Aucun smartphone n'est irréprochable, les erreurs de colorimétrie sont fréquentes. Mais Apple, Sony et Samsung se débrouillent mieux que leurs concurrents : environ une erreur sur dix photos tirées. Le Nokia rate plus d'une fois sur quatre.

VERDICT

APPLE : Ce qui frappe avec l'iPhone, c'est sa capacité à commettre peu d'erreurs. On peut lui faire confiance : les couleurs, les ombres, les tons clairs seront généralement respectés. Même quand la lumière faiblit, les clichés restent propres et nets. Aucun des smartphones testés n'est aussi fiable que l'iPhone. Ces résultats valident le choix audacieux d'Apple : limiter le nombre de mégapixels pour augmenter leur taille. Les photos de l'iPhone sont légèrement typées : moins rééclairées que chez Samsung et Sony. Plus chaleureuses aussi. C'est une affaire de goût. L'iPhone n'a qu'un vrai défaut : quand on zoome, l'image perd vite sa netteté.

SONY : Face au Samsung, le Z2 prend de plus jolies photos. L'écart se joue à peu de chose. Les deux smartphones prennent des images lumineuses. Avec de temps en temps un ciel blanc « brûlé ». Mais chez Sony, les couleurs sont légèrement plus agréables. Et quand la lumière faiblit, elles sont plus propres et plus nettes. Le Z2 monte sur le trône du meilleur mobile photo Android.

NOKIA : Quelle déception ! Quand la lumière baisse légèrement, les photos du 1020 sont remarquables. Mais quand la lumière baisse beaucoup, les clichés virent au flou. En plein jour, les couleurs sont souvent déséquilibrées. Et beaucoup d'images sont enterrées ou brûlées. Certes, le 1020 a beaucoup de pixels en réserve : on peut zoomer X3 sans perdre beaucoup de finesse. Mais cela ne suffit pas à en faire le roi de la photo.

SAMSUNG : A trop vouloir multiplier les pixels, Samsung se prend les pieds dans le tapis. Les photos du S5 en basse lumière sont nettement moins propres que celles de l'iPhone. Le Galaxy S5 demeure un bon appareil photo. Ses clichés sont majoritairement réussis : lumineux, agréables, et relativement doux.

HTC : Le fabricant taïwanais a gâché une belle idée. Ses pixels très larges devraient prendre de magnifiques photos sous un faible éclairage. C'est raté : l'iPhone fait mieux. Même en plein jour, le HTC fait preuve d'un manque de savoir-faire photographique regrettable. Trop d'images sont sombres, brûlées, ou froides. Le HTC prend des photos correctes, mais rarement vraiment belles.

Note de l'auteur : Comme tout comparatif, ce test est nécessairement subjectif. Chacun voit les couleurs différemment. Nos goûts nous portent vers des photos à la personnalité différente. Nous vous invitons à constituer votre propre avis, en consultant l'intégralité des photos tirées ici.

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