Richard Avedon, un regard passionné sur l'art de vivre à la française

Le photographe new-yorkais, célèbre pour ses images de mode et ses portraits de stars, a toujours aimé Paris et la France. Ses clichés sont exposés à la BNF.

Par Luc Desbenoit

Publié le 19 octobre 2016 à 11h30

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 03h06

Quand Richard Avedon (1923-2004) réalise ce cliché en 1959 avec l’actrice Audrey Hepburn sapée avec classe et flirtant sur la plateforme d’un bus à destination de la Gare de Lyon, le New Yorkais est déjà une célébrité dans le monde entier. Et pour beaucoup grâce à la passion qu’il porte à notre pays, et tout particulièrement à Paris, comme on peut le découvrir dans l’exposition que lui consacre la Bibliothèque nationale de France. Richard Avedon y a en effet posé les bases de sa notoriété.  

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Si Avedon a commencé à connaître la gloire grâce à ses images de mode à Paris, il n’a jamais cessé d’entretenir des liens étroits avec la patrie de Proust et de Fragonard, l’un de ses peintres cultes. Il a toujours eu un goût prononcé pour les personnalités françaises. Il admire Picasso, Coco Chanel, Cocteau et Colette, tous deux ses amis amis, mais aussi Yves Montand et Simone Signoret... Rares sont les écrivains ou artistes qui ne sont pas passés devant son objectif.

Dans les années 1960, Avedon consacre trois années de sa vie à produire un livre exceptionnel sur l’oeuvre de Jacques-Henri Lartigue. La publication de A diary of à century en 1970 (qui est au coeur de l’exposition de la BNF) rend le Français célèbre dans le monde entier pratiquement du jour au lendemain. Celui qui avait la réputation d’un amateur inspiré, d’un sympathique diletante de la Belle Epoque entre grâce à ce petit chef-d’oeuvre de l’édition dans l’histoire de ce médium comme l’inventeur du journal intime en photographie ayant raconté l’histoire d’un siècle en chroniquant sa propre vie.

Fin de l'innocence

A ce moment, Avedon est en panne d’inspiration. Ses clichés jusqu’alors étaient réalisés dans un esprit léger, bourré d’humour très lartiguien, sans qu’il le sache, car il n’a découvert les instannés du Français qu’en 1963. L’Américain réalise alors que le temps de l’innocence, de l’insouciance est passé. Avec le modèle américain consumériste, les valeurs occidentales sont bouleversées. Dès lors, Avedon ne photographie plus la légèreté, la joie de vivre, mais s’engage dans un travail introspectif à travers ses fameux portraits sur fonds blancs. A partir de 1985, le photographe collabore avec la très chic revue parisienne Egoïste en réalisant une sublime galerie d’images de nos célébrités : Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Marguerite Duras, Jeanne Moreau, François Truffaut, André Glucksman et son jeune fils Raphael, Yannick Noah ou encore Gérard Depardieu nu en penseur de Rodin sont fixés de façon magistrale. La plupart de ces clichés sont désormais des classiques de la photographie aussi peu vulnérables aux ravages du temps que les statues antiques.
 

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