L'objectif à 150mm
L'objectif à 150mm

Test terrain du téléobjectif Tamron SP 150-600mm F/5-6.3 Di VC USD

8.5
sur 10
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Mise à jour : nous avons testé la nouvelle version SP 150-600mm G2 de Tamron, découvrez notre test terrain complet.

Tamron nous a confié son téléobjectif SP 150-600mm F/5-6.3 Di VC USD pendant quelques semaines afin que nous le testions sur le terrain. Cet objectif a déjà été décoré du prix du Meilleur Télézoom EISA 2014-2015, et du prix du meilleur objectif TIPA 2014, joli palmarès qui met l’eau à la bouche, surtout quand on sait qu’on le trouve aujourd’hui à moins de 1000 €.

Nous devions faire le test au printemps dernier en allant passer une journée dans le Parc ornithologique du Marquenterre, lieu idéal pour tester un tel objectif, mais nous avons eu un gros contretemps à cause du dysfonctionnement du premier exemplaire reçu. Entre les allez-retour entre nous et Tamron, un passage au SAV pour tenter de le réparer, avant qu’un autre se libère finalement, et pour couronner le tout une grosse panne sur le boitier avec lequel le test devait être réalisé, ce test n’a finalement eu lieu qu’en novembre dernier, en forêt et dans la campagne briarde. Un grand merci à Tamron d’avoir continué à nous faire confiance pour enfin réaliser ce test.

Précisons tout de suite que les tests ont été réalisés avec un boitier Canon 5D Mark II, un appareil pas forcément réputé pour la qualité de sa mise au point automatique sur les sujets en mouvement. Si vous aimez les tests labo précis, vous pourrez aller voir chez DXO que les tests sur le 5DS R sont meilleurs que sur le 5D Mark II, sans grande surprise.

Présentation du Tamron SP 150-600mm F/5-6.3 Di VC USD

Nous voici donc avec cet objectif tant attendu, un beau bébé de près de deux kilogrammes — 1951 grammes pour être exact, un peu plus de 25 centimètres de longueur (replié et sans l’imposant pare-soleil), et une lentille frontale impressionnante associée à un énorme pas de vis de 95 millimètres pour les filtres.

Fixé sur le Canon EOS 5D Mark II qui n’est pourtant pas minuscule, cet objectif est impressionnant !

En photo de couverture de l’article, vous pouvez voir sa taille à 150mm. Le voici quand on l’allonge en position 600mm, avec le pare-soleil incontournable pour de la photo en plein air.

L'objectif à 600mm
L’objectif à 600mm

Pour se déplacer avec cet assemblage, on est bien content d’avoir une bonne courroie d’épaule d’un format plus costaud que la BlackRapid Metro que nous vous avons présentée récemment. On la fixera bien évidemment sur l’indispensable collier fourni (et amovible au besoin), le boitier étant le poids léger dans le couple.

Faisons le tour des fonctionnalités de l’objectif.

Première chose très importante sur un zoom de cette dimension, il y a un bouton permettant de le bloquer en position 150mm, pour éviter qu’il ne s’allonge inopinément sous l’effet de son propre poids :

Le bouton permettant de le bloquer en position 150mm
Le bouton permettant de le bloquer en position 150mm

Ce bouton n’est malheureusement opérant qu’à 150mm, mais il est vrai que c’est plutôt pour le transport, et donc à sa plus petite dimension, qu’il sera utile. Il semblerait qu’il soit aussi opérationnel à 400mm, ce que nous n’avions pas constaté, mais du coup, pourquoi pas aussi 600mm ?

C’est de l’autre côté du fût que se trouvent les boutons vraiment utiles à la prise de vue :

Les boutons de paramétrage de l'objectif
Les boutons de paramétrage de l’objectif

Tout d’abord, de haut en bas, le bouton permettant de bloquer la distance minimale de mise au point à 15 mètres, pour éviter les grands mouvements de l’autofocus quand on sait qu’on va prendre uniquement des photos de loin. Cet autofocus a beau être un « Ultrasonic Silent Drive » (c’est le sigle USD de la référence), lui éviter une partie du trajet le rend évidemment encore plus efficace. Profitons-en pour signaler que la distance minimale de mise au point de l’objectif est de 2,70 mètres, ce qui est vraiment très proche.

Ensuite, le bouton de bascule entre mise au point automatique et manuelle, qu’il n’est à priori pas besoin d’expliquer plus que ça.

Et enfin le bouton d’activation ou non du stabilisateur. Le sigle VC de la référence de l’objectif signifie effectivement « Vibration Compensation » (ai-je besoin de traduire ?). Nous verrons que cette stabilisation est vraiment très intéressante en prise de vue à main levée. Elle n’est par contre pas disponible sur le modèle destiné aux boitiers Sony en monture A.

Sur le dessus de l’objectif, on trouve l’indicateur de distance de mise au point (ici avec encore sa protection bleue, oui) :

L'indicateur de distance de mise au point
L’indicateur de distance de mise au point

Prise en main générale

Cet objectif appartient à la gamme SP (pour Super Performance), c’est à dire le haut de gamme de Tamron, et cela se sent à la prise en main. L’objectif inspire la confiance, tient bien en main, et les matériaux sont agréables au toucher. Sa couleur noire le rend de plus plutôt discret, toutes proportions gardées tout de même étant données ses dimensions.

La bague de zoom est juste ferme comme il faut, et très facile à manier pour aller à la focale souhaitée sans à-coup.

La bague de mise au point est parfaitement fluide, sans être trop lâche, et permet là aussi une manipulation simple et efficace.

L’ouverture maximale glisse de f/5.0 à f/6.3 entre 150mm et 600mm, avec des paliers aux alentours de 225mm et 425mm.

Photo à main levée avec le Tamron SP 150-600mm F/5-6.3 Di VC USD

La relativement faible ouverture de l’objectif, surtout f/6.3 à 600mm, n’aide évidemment pas à la mise au point, surtout en cas de faible luminosité, cas fréquent en photographie animale à l’aube ou au crépuscule, instants propices aux meilleures photos en environnement sauvage.

Vouloir prendre des animaux sauvages à l’aube près d’un point d’eau, à main levée, n’était donc pas forcément une très bonne idée :

Balade en forêt avec l'appareil et l'objectif à main levée
Balade en forêt avec l’appareil et l’objectif à main levée

Voici un oiseau saisi à 600mm au 1/90s, à f/8.0 et les ISO à 12800 pour compenser la faible luminosité :

Un oiseau sur une branche
Un oiseau sur une branche

Et ici une nature morte, moins mobile donc plus facile à saisir nette, elle aussi à 600mm, mais au 1/60s, à f/5.6. Ce qui n’est normalement pas possible, l’ouverture maximum glissante étant clairement à f/6.3 à 600mm, nous sommes d’accord, mais les EXIF ne mentent pas…  et les ISO à 6400 :

Une toile d'araignée dans la rosée
Une toile d’araignée dans la rosée

Avec plus de lumière, un peu plus tard dans la journée et sans être en sous-bois, voici une mouette — toujours à main levée — saisie au vol (!) à 600mm, au 1/160s, à f/6.3 et seulement 100 ISO :

Une photo de mouette en vol
Une photo de mouette en vol

Voici un recadrage de la même photo, pour bien voir que la mouette est bien nette, malgré sa vitesse et l’appareil tenu à main levée :

Recadrage de la photo de mouette
Recadrage de la photo de mouette

Voici un second exemple de mouette saisie au vol, toujours à 600mm, mais ici au 1/640s, à f/6.3 et 500 ISO, ainsi que son recadrage :

Une seconde photo de mouette en vol
Une seconde photo de mouette en vol
Recadrage de la seconde photo de mouette
Recadrage de la seconde photo de mouette

Bien entendu, toutes les photos n’ont pas été réussies, les mouettes bougeant vraiment vite et avec des trajectoires imprévisibles, et l’autofocus du Canon 5D Mark II ayant du mal.

Mais pour un usage à 600mm à main levée, c’est extrêmement satisfaisant, on voit bien l’apport du stabilisateur qui est performant. On regrettera juste de ne pas disposer sur ce stabilisateur d’un mode optimisé pour les filés, comme sur d’autres objectifs. Comme indiqué par « Napafaitlix » en commentaire, l’objectif a reçu une mise à jour pour supporter les filés, par reconnaissance automatique de mouvements particuliers.

 

Photo sur pied avec le Tamron SP 150-600mm F/5-6.3 Di VC USD

Même s’il est possible de photographier à main levée comme nous venons de le voir, cet objectif sera la plupart du temps utilisé sur un pied, monopode pour rester mobile en bordure de stade par exemple, ou trépied pour un affut animalier plus sédentaire.

Le collier fourni avec l’objectif est amovible, mais on a vu qu’il est utile même pour le portage avec une courroie d’épaule, donc il restera sans doute toujours fixé sur l’objectif.

Il faudra bien entendu retirer complètement l’éventuelle courroie pour mettre l’objectif sur un pied, avec le pas de vis standard :

L'objectif sur le trépied
L’objectif sur le trépied

L’équilibre de l’assemblage est très bon avec ce Canon 5D Mark II qui pèse 810 grammes, quelle que soit la longueur focale utilisée, de 150mm ici…

L'objectif à 150mm sur le trépied
L’objectif à 150mm sur le trépied

…à 600mm là :

L'objectif à 600mm sur le trépied
L’objectif à 600mm sur le trépied

Voyons ce que donne la prise de vue sur pied, avec un objet très éloigné, comme ici la grue au loin, au point qu’on ne la voie que très peu sur cette vue de situation (à la focale 29mm de l’iPhone 6s) :

La grue au loin est notre cible
La grue au loin est notre cible

Voici la photo à 150mm, au 1/500s, à f/5.6 et 100 ISO :

La grue à 150mm
La grue à 150mm

Voici la photo une fois passé à 600mm, au 1/640s, à f/6.3 et 200 ISO :

La grue à 600mm
La grue à 600mm

Recadrons un peu cette même photo à 600mm pour voir ce que cela donne sur la grue, notre sujet sur lequel la mise au point a été faite :

La grue à 600mm recadrée
La grue à 600mm recadrée

C’est vraiment très propre.

Il ne faut pas oublier qu’en photographiant des sujets à ces distances lointaines, on est d’autant plus pénalisés par le voile atmosphérique, surtout en cas de temps couvert et humide comme c’était le cas ici.

Notons aussi que nous n’avons pas particulièrement remarqué d’aberrations chromatiques ou de vignettage, mais ce n’était pas un test labo, vous trouverez amplement de l’information à ces sujets auprès d’autres sources.

Un mot sur la concurrence

Il n’y a pas vraiment d’objectif équivalent chez les « grands » constructeurs Canon, Nikon ou Sony, seuls considérés ici puisque ceux pour les boitiers desquels le Tamron est disponible.

Si on ne s’intéresse qu’à l’amplitude de focales, on peut peut-être prendre en considération l’atypique Canon EF 200-400mm f/4L IS USM Extender 1.4x dont l’extender 1.4x intégré permet de couvrir de 200 à 560 mm, mais il ne joue clairement pas dans la même cour avec son ouverture maximale constante à f/4, l’encombrement qui va avec et surtout son coût de près de 12 000 € !

Côté Nikon, on peut regarder le récent Nikon AF-S NIKKOR 200–500 mm f/5.6E ED VR qui est bien plus abordable (à partir de 1500€), mais son amplitude de focales est moindre que celle du Tamron aux deux extrémités, et son ouverture maximale a beau être fixe, elle se situe à mi-chemin de celles du Tamron, tout en impliquant un encombrement réellement supérieur.

Chez Sony enfin, la focale maximale est de 400mm sur le Sony 70-400 mm F4-5.6 G SSM II (à partir de 1740€). Un convertisseur 1.4x permet d’obtenir une amplitude 100-560 mm, avec une ouverture glissante équivalente à celle du Tamron, donc la comparaison pourrait être plus intéressante, mais son tarif est bien supérieur.

La vraie concurrence pour ce Tamron est donc plutôt à chercher du côté de Sigma qui a sorti un objectif très similaire plus récemment avec le Sigma 150-600 mm f/5-6,3 DG OS HSM Contemporary (à partir de 1066€). Une version Sport existe aussi, mais est bien plus chère (à partir de 1700€), ce qui s’explique par une qualité encore supérieure et une meilleure protection tous temps, mais au prix de poids et encombrement eux aussi bien supérieurs.

Mise à jour 06/12/16 : avec le test de la version 2 (Tamron SP 150-600mm F/5-6.3 Di VC USD G2), nous rabaissons la note du test de 9 sur 10 à 8,5 sur 10.

Tamron SP 150-600mm F/5-6.3 Di VC USD : un téléobjectif de très grande amplitude à un rapport qualité/prix exceptionnel

Cet objectif est idéal pour les photographes non professionnels qui sont amateurs de photo animalière ou sportive, voire apprentis paparazzi, et qui ne peuvent pas s’offrir les grosses focales fixes et plus lumineuses de chez Canon ou Nikon, ou qui veulent garder un dos en bon état.

L’associer à un (bon) appareil à capteur APS-C le transforme de plus en un délirant 225-900mm, voire même 240-960mm chez Canon, de quoi capter des animaux sauvages sans trop s’approcher, ou des actions dans un stade sans aller sur le terrain.

Le principal défaut de cet objectif est sa faible luminosité, mais c’est justement ce qui lui permet de garder une excellente compacité et un poids raisonnable.

Son tarif est également très attractif puisqu’on le trouve aujourd’hui facilement à moins de 1000 € en monture Canon, Nikon et Sony, sans que la qualité globale soit au rabais. C’est donc vraiment un excellent rapport qualité/prix. Avec en plus sa garantie de 5 ans, contre 2 ans chez Canon et Nikon, l’investissement est vraiment intéressant.

Test terrain du téléobjectif Tamron SP 150-600mm F/5-6.3 Di VC USD
Points forts
Très bonne qualité d’image à toutes les focales
« compact » pour un objectif de cette amplitude
Confort d’utilisation des bagues de focale et mise au point
Stabilisateur performant
Collier de pied et pare-soleil fournis
Excellent rapport qualité/prix
Points faibles
Mériterait d’être un peu plus lumineux, à condition de ne pas trop sacrifier l’encombrement
8.5
sur 10
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