ProRAW, le format qui décuple la photo des nouveaux iPhones

Publié

Test en profondeurProRAW, le format qui décuple la photo des nouveaux iPhones

Nouveau format conçu par Apple, il permet de développer considérablement la façon de retoucher les photos pour iPhones 12 Pro. Instagram vient de l’adopter.

Christophe Pinol
par
Christophe Pinol
Le ProRAW est censé aider à tirer le meilleur parti des caméras des nouveaux iPhones.

Le ProRAW est censé aider à tirer le meilleur parti des caméras des nouveaux iPhones.

Capture d’écran du site d’Apple.

Souvenez-vous, en octobre dernier, lors de sa keynote annuelle, Apple présentait les nouveaux iPhones 12, et notamment les versions Pro. Tim Cook nous y avait fait la promesse de les accompagner, d’ici la fin de l’année, d’un nouveau format photo, le ProRAW, censé nous aider à tirer le meilleur parti de leurs caméras en nous donnant plus de contrôle dans la manière de retoucher nos clichés.

Et bien nous y voici: l’Apple ProRAW est disponible depuis le 14 décembre, avec la mise à jour 14.3 d’iOS. Surtout, alors que le format n’est pas encore adopté par l’ensemble des réseaux sociaux, il est enfin supporté par Instagram depuis quelques jours. Alors qu’apporte-t-il exactement? Est-il destiné à monsieur et madame Tout-le-monde ou plutôt aux professionnels? C’est ce que nous allons voir ensemble.

Tout d’abord, rappelons que le format n’est destiné qu’aux iPhones 12 Pro et 12 Pro Max. La fonction doit ensuite être activée manuellement: commencez par vérifier que la version 14.3 d’iOS est bien installée sur votre appareil, puis ouvrez Réglages > Appareil photo > Formats > et cochez Apple ProRAW (capture d’écran ci-dessous). Vous voilà fin prêts.

JPEG contre RAW

Mais avant d’aller plus loin, rappelons quelques bases en matière de photo. Les appareils haut de gamme, les vrais, hybrides ou reflex, permettent de choisir entre deux formats: le JPEG et le RAW. Avec le premier, l’appareil procède à des ajustements automatiques à l’image au moment de l’enregistrement des clichés, que ce soit en termes de saturation de couleurs, de contraste ou de balance des blancs. Des paramètres que l’on peut évidemment essayer de corriger par la suite mais sur lesquels on ne peut fondamentalement pas revenir. Le RAW, lui, se contente de restituer l’intégralité des données saisies par le capteur lors du déclenchement sans appliquer la moindre correction, permettant au photographe de travailler par la suite son cliché comme bon lui semble. Sur iPhone, les photos étaient jusqu’ici exploitées en JPEG ou en HEIC, version compressée de ce dernier. Plusieurs applications tierces, comme Halide ou Moment, permettaient néanmoins déjà de travailler en RAW et d’exploiter ainsi les données brutes des capteurs Apple.

Mais alors qu’apporte de plus le ProRAW? En gros, celui-ci réuni le meilleur des deux mondes: à savoir conserver toutes les données (ou presque) de l’image mais en traitant tout de même celle-ci avec ses logiciels maison développés ces dernières années, comme le Smart HDR, le Night Mode, qui réduit le bruit numérique en améliorant la plage dynamique et en rendant les textures plus nettes, ou encore le Deep Fusion, système chargé de prendre plusieurs photos en rafale et de les combiner en une seule, ne gardant que le meilleur d’entre elles: les détails dans les ombres de l’une, la bonne exposition d’un visage dans l’autre… le tout en quelques millisecondes. La plage de couleurs utilisées est aussi bien plus large, passant de 8 bits en format JPEG/HEIC (256 couleurs) à 12 bits (4096 couleurs) pour chaque pixel.

Gare à la taille des fichiers

Attention, tout ceci se traduit par des fichiers forcément plus lourds. Là où une photo JPEG pèse généralement autour des 2 Mo, sa version ProRAW grimpe à 20 ou 25 Mo, voire plus. En une session de photos, la mémoire de votre smartphone pourrait ainsi se retrouver très vite surchargée. C’est pour cette raison qu’à chaque ouverture du mode photo, il est nécessaire d’activer la fonction en cliquant sur l’onglet RAW en haut à droite de l’écran.

Précisons également d’emblée que l’outil n’a rien de magique. Le mode va nécessiter un certain travail pour tirer le meilleur parti d’un cliché. Il suffit d’ailleurs de comparer deux photos cadrées de manière identique: l’une prise en JPEG (ou HEIC), l’autre en ProRAW, pour constater que la première est souvent plus flatteuse, semble mieux contrastée et afficher des couleurs plus vives que l’autre.

Normal: non seulement les différentes moteurs d’intelligence artificielle déployés par Apple pour ses formats de base font aujourd’hui un travail remarquable, mais le fichier ProRAW (tout comme le RAW) n’a pas vocation à être utilisé tel quel. Il est conçu pour être modifié selon l’esthétique voulu par le photographe.

Dans notre premier exemple, la photo JPEG (à gauche) offre à première vue un meilleur contraste, ainsi que des couleurs et des reflets plus naturels.

Pourtant, à y regarder de plus près, on s’aperçoit que le cliché JPEG (toujours à gauche) est parcouru de bruit numérique et que les détails – notamment au niveau des feuilles des arbres – en sont bien altérés. Alors que la version ProRAW (ici non retouchée) maîtrise beaucoup mieux ces aspects.

Toujours sur le même cliché (plan large), concentrons-nous cette fois sur l’enseigne lumineuse, sur le haut de la photo, au milieu de l’axe horizontal. Sur la version ProRAW, elle semble à première vue surexposée. Pourtant, en quelques clics dans les réglages de l’Appareil photo (ou mieux: en se tournant vers une application tierce, comme Lightroom, permettant une plus grande latitude dans les réglages), on parvient à lui donner un aspect beaucoup plus naturel que la version JPEG/HEIC. Alors que si l’on tente le même genre de manipulation sur cette dernière, on le fait au détriment d’autres aspects, comme par exemple la couleur.

La parole aux professionnels

De la même manière, sur un cliché cette fois à contre-jour, le ProRAW permet de déboucher les zones sous-exposées avec beaucoup plus de facilité.

Alors ces différences sont parfois assez minimes et il est vrai que le travail demandé par le ProRAW peut se montrer fastidieux si l’on a un grand nombre de fichiers à traiter. Il n’y a d’ailleurs guère d’intérêt à utiliser ce format pour nos photos de tous les jours. Mais en voyage, ou pour des clichés bien spécifiques, il apporte un vrai plus.

Notez qu’il s’applique aux 3 objectifs des iPhones 12 Pro et Pro Max, ainsi qu’aux selfies, mais pas au mode Portrait. Après, pour se faire une idée plus précise des possibilités offertes par la fonction, on vous propose de regarder par exemple ce qu’un professionnel est capable de réaliser avec un tel outil, comme ce que montre Easton Chang sur sa chaîne YouTube.

Le format n’en est aussi encore qu’à ses débuts. On peut parier que des applications tierces permettront bientôt des réglages encore plus poussés, notamment d’accéder aux différentes couches du Smart HDR et ainsi d’isoler visages, ciels ou objets pour les travailler séparément. Et puis, si comme on le disait en préambule, Instagram permet dorénavant d’importer des photos ProRAW, la plateforme n’est pour autant pas pleinement compatible puisqu’elle n’en autorise pas encore l’édition. Mais ce n’est probablement qu’une question de semaines, tout comme le fait de voir adopter le format par l’ensemble des réseaux sociaux.

Ton opinion

25 commentaires