Test Objectif Canon RF 24-70mm F2.8L IS USM : luminosité, stabilisation, piqué, tout y est !

Annonçant quasiment simultanément leurs hybrides à capteur 24x36, Canon, Nikon et Panasonic ont adopté des stratégies très diverses. Pour Nikon, qui comme Canon se devait de développer seul une nouvelle gamme optique compatible, la priorité a été donnée à la disponibilité d'un zoom trans-standard compact pour accompagner les Z6 et Z7. Le Nikkor Z 24-70mm f/4 S a donc fait sa sortie en même temps que les boîtiers avant d'être complété de son pendant plus lumineux, le Nikkor Z 24-70mm f/2,8 S qui possède en plus une fenêtre d'affichage des réglages, une touche personnalisable et une bague de réglage.

Chez Panasonic, les S1 et S1R pouvaient compter sur une gamme optique déjà existante chez Leica, mais à un tarif élevé, et sur la disponibilité rapide d'une large gamme en focales fixes chez Sigma. La marque a donc choisi de proposer en premier lieu un zoom à la plage focale étendue à un tarif contenu avec le Lumix S 24-105mm F4 Macro O.I.S. avant d'annoncer cet été le Lumix S Pro 24-70mm f/2.8.

La stratégie de Canon a également consisté à proposer un zoom à large plage focale qui peut être proposé en kit avec son EOS R puis son EOS RP en dévoilant tout d'abord le RF 24-105mm f/4L IS USM dont nous avons apprécié la compacité, la stabilisation efficace, la motorisation autofocus et les qualités optiques. En parallèle, Canon a cependant mis l'accent sur le développement d'objectifs d'exception avec le RF 50mm F1.2L USM et le RF 28-70mm f/2L USM qui propose une excellente qualité optique mais souffre d'un encombrement et d'un prix conséquents. C'est donc un compromis entre ces deux zooms que propose aujourd'hui la marque qui en profite pour dévoiler un trio de zooms à ouverture f/2,8 avec en plus les RF 70-200mm F2.8L IS USM et RF 15-35mm F2.8L IS USM.

Le RF 24-70mm F2.8L IS USM est fabriqué à partir de 21 éléments optiques répartis en 15 groupes et intègre trois lentilles asphériques moulées et trois lentilles en verre à faible dispersion. Il profite également d'un traitement de surface ASC (Air Sphere Coating) qui limite le flare et les images fantômes ainsi que d'un traitement à base de fluor des lentilles aux extrémités pour éviter les traces d'eau et de gras.

Son diaphragme électromagnétique se compose de 9 lamelles tandis que sa distance minimale de mise au point s'élève à 21 cm au grand-angle et 38 cm au téléobjectif. Le rapport de grandissement maximum de 0,30x est obtenu à la distance focale 32mm. Enfin, l'objectif est équipé d'un système de stabilisation intégré dont Canon indique qu'il peut compenser 5 IL tandis que l'autofocus est assuré par un moteur nano-USM. Le RF 24-70mm F2.8L IS USM mesure 88,5 x 125,7 mm et pèse 900 g. Il accepte des filtres vissant de diamètre 82 mm.
L'objectif est livré avec un étui souple de transport et un pare-soleil en corolle doté d'un système de verrouillage.

Avec ses presque 12,6 cm de long et 8,9 cm de diamètre, le Canon RF 24-70mm F2.8L IS USM se trouve dans la moyenne basse des zoom 24-70 mm à ouverture f/2,8. Son encombrement est équivalent à celui du Nikkor Z 24-70mm f/2.8 S et du Sigma 24-70mm F2.8 DG DN Art et légèrement inférieur à celui du Sony FE 24-70mm f/2.8 GM, le record étant détenu par le Panasonic Lumix S Pro 24-70mm f/2.8 avec 14 cm de long et 9,1 cm de diamètre.

Ce n'est pas un objectif compact, et malgré sa plage de focale plus étendue, le RF 24-105mm f/4L IS USM reste un meilleur choix pour qui place la compacité en tête de ses priorités. De plus, il faut noter que ce 24-70 mm est dépourvu de zooming interne. Comptez donc quelques centimètres supplémentaires si vous l'utilisez à 70 mm, mais cet allongement reste très modeste.

Son design est fidèle à l'esprit de la gamme RF, avec un fût noir relevé d'une bague rouge emblème de Canon. Sa fabrication est impeccable et intègre des joints d'étanchéité pour une bonne protection contre l'insertion des poussières et le ruissellement d'eau.

Contrairement au RF 70-200mm, la bague de zoom a été placée au plus près de la monture, facilement accessible avec la main gauche. Elle possède un décroché à mi-distance et un revêtement antidérapant efficace qui lui assure une bonne préhension. Sa friction est forte et permet malgré sa courte course de moins d'un quart de tour d'agir avec précision.

Sur l'avant, la bague de mise au point est plus étroite et possède un revêtement aux stries plus fines qui permet son identification au toucher. Malheureusement cette dernière ne possède pas de butée à ses valeurs extrêmes, pas plus que d'échelle des distances, cette dernière s'affichant en revanche dans le viseur si la fonction a été activée dans l'appareil. La retouche manuelle du point en autofocus est également possible.

Enfin, à l'extrémité de l'objectif se trouve la bague paramétrable commune à tous les objectifs RF ainsi qu'à l'adaptateur premium pour objectifs EF/EF-S. Là encore, le revêtement de la bague présente une finition spécifique pour une identification tactile. Elle est crantée sans résistance excessive et peut être utilisée pour le réglage de l'ouverture du diaphragme, de la correction d'exposition, de la sensibilité ISO, de la balance des blancs, etc.

Sur le fût de l'objectif, au plus près de la monture, Canon a placé deux sélecteurs à deux positions permettant la bascule entre autofocus et mise au point manuelle et activation/désactivation de la stabilisation optique. Un seul mode de stabilisation est ici proposé.

Si les zooms 24-70 mm sont des incontournables des catalogues de tous les fabricants, c'est bien parce qu'ils sont extrêmement polyvalents. Paysage, portrait, reportage, nature morte, ils s'adaptent à tous les sujets. Ce 24-70 mm f/2,8 s'inscrit en plus dans un trio de zooms à ouverture constante f/2,8 avec les RF 70-200mm F2.8L IS USM et RF 15-35mm F2.8L IS USM dont il assure la plage intermédiaire trans-standard.

Sa grande ouverture f/2,8 est évidement un atout en conditions de faible lumière, mais également pour le généreux bokeh qu'elle permet de produire. Au centre, les sources ponctuelles sont reproduites avec un aspect circulaire parfait, tandis que les zones périphériques laissent voir un effet œil de chat modéré qui disparaît dès que l'on ferme le diaphragme.
Notons tout de même un effet onion-ring assez visible, certainement dû à la structure des lentilles.

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Fermer le diaphragme laisse apparaître un effet d'étoile à 18 branches, le double du nombre de lamelles du diaphragme.

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Le vignettage est assez présent à pleine ouverture sur toute la plage focale mais se fait plus discret dès que l'on ferme le diaphragme. De plus, il est assez bien corrigé par le boîtier.

Même remarque pour la distorsion, en barillet au 24 mm et en coussinet au 70 mm, que notre EOS R a parfaitement corrigée automatiquement.

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Si ce 24-70 mm profite d'une ouverture constante à f/2,8 lumineuse, il peut également compter sur un système de stabilisation intégré pour garantir une bonne netteté aux images. Canon annonce une compensation de 5 IL que nous n'avons pas atteinte totalement, mais qui nous a néanmoins impressionnée par son efficacité.

Quant à la motorisation nano-USB de l'autofocus, elle est parfaitement silencieuse et prend tout son sens associée au système d'obturation électronique de l'EOS R pour travailler dans un silence total, en spectacle par exemple.

Les mesures dans notre laboratoire sont faites en partenariat avec Imatest. Logiciels, outils ou chartes, Imatest propose des solutions complètes et sur mesure pour analyser et tester la qualité des appareils et objectifs photographiques.
La notion de piqué est assez délicate à traiter. C'est ce que l'on peut assimiler à la "sensation de netteté" ou à la "précision" que l'on observe sur une image. Elle peut être très différente d'un objectif à un autre, d'une focale à une autre et d'une ouverture à une autre. Elle peut aussi varier entre le centre et les bords de l'image.
Nous avons testé l'objectif avec un EOS R. Son capteur 24 x 36 mm enregistre 30,1 Mpx, fournissant des fichiers de 6 720 x 4 480 pixels. Chacun mesure donc 5,36 µm de côté.

Le piqué de ce RF 24-70mm F2.8L IS USM est excellent et cela devient une constante de cette gamme RF. Comme nous l'avons fait remarquer lors du test du 70-200 mm, la présence de lentilles asphériques permet à cet objectif d'offrir une excellent piqué dès la pleine ouverture à toutes les focales. Avec la gamme RF, oubliez la règle qui consiste à dire qu'il faut fermer d'un ou deux crans le diaphragme des objectifs pour profiter du maximum de leurs performances. L'aberration de sphéricité est ici parfaitement maîtrisée tandis que la courbure de champ semble également très faible.
À 24 mm de focale, les bords et les angles de l'image sont en retrait avec un piqué très nettement plus faible qui remonte aux alentours de f/8 seulement. C'est très fréquent sur ce type d'objectif, et si le Nikkor Z 24-70mm f/2,8 S est plus homogène à partir de f/5,6, la tendance est la même.
Surtout, ce phénomène ne se manifeste qu'au 24 mm ; car dès que l'on zoome, le Canon offre une homogénéité assez exemplaire.

Ces tendances se vérifient également sur notre scène de test. On peut constater que les résultats sont de très haut niveau à toutes les focales et toutes les ouvertures et que les angles gagnent en netteté lorsqu'on ferme le diaphragme au 24 mm.
Notons également l'absence totale d'aberrations chromatiques, preuve que les trois lentilles à faible dispersion remplissent leur mission à la perfection.

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