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Photographie - Leica: zoom sur une icône

Lenny Kravitz. lui aussi adepte de Leica.
Lenny Kravitz. lui aussi adepte de Leica. © Sébastien Micke
Par Jérôme Huffer , Mis à jour le

Par Jérôme Huffer « Si Dieu existe, il devrait posséder un Leica », disait Lou Reed. Retour sur la belle histoire du célèbre boîtier qui a fêté ses 100 ans en 2014.

Leica vient de fêter plus que son centenaire. Le fabricant réaffirme, par sa nouvelle usinemusée de Wetzlar en Allemagne, que sa petite pastille rouge restera le centre de gravité du monde de la photographie pour le siècle à venir. Car c’est bien une question de gravité qui est à l’origine du mythe. En 1913, Oskar Barnack, photographe amateur asthmatique, fatigué de traîner ses trépieds et plaques de verre, rêve de glisser son appareil dans sa poche. L’ingénieur, qui travaille alors pour les microscopes de précision Leitz, imagine un appareil miniature et léger, utilisant le film négatif 35 millimètres , et un objectif dédié à la microscopie pour profiter de sa passion en protégeant sa santé fragile. L’histoire raconte que le nombre d’images de la première bobine est né de la longueur de ses bras tendus. Celui des vues de la bande ainsi dévidée atteint 36 poses, toujours la norme aujourd’hui. Le petit prototype de métal Ur-Leica fit ainsi ses premiers essais dans les rues de Wetzlar.

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1914: UR-LEICA: Un siècle sépare ces deux boîtiers fabriqués à Wetzlar, en Allemagne. Mais précision et miniaturisation sont toujours au rendez-vous.
1914: UR-LEICA: Un siècle sépare ces deux boîtiers fabriqués à Wetzlar, en Allemagne. Mais précision et miniaturisation sont toujours au rendez-vous. © DR
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2014 LEICA T
2014 LEICA T © DR

Toutes les plus belles inventions ont besoin d’un coup de pouce du destin et le déclic vint du patron d’Oskar. Ernst Leitz II lui emprunta l’étrange objet pour un voyage à New York et comprit que la révolution était en marche. « Lilliput », puis « Leca » pour Leitz Camera, et enfin Leica. Le succès n’a pas été immédiat. Les puristes le prennent pour un jouet, la guerre de 14-18 fait rage. Les modèles de série ne sortent qu’en 1924. Le boom arrive à la fin des années 1920. Sur les bobines de gélatine se fige un monde en plein bouleversement. Les canons esthétiques changent, les artistes inf uencent la société et cassent les codes. Ce sont eux qui s’emparent des possibilités de la photo portative. André Breton comprend qu’il s’agit du premier outil pour saisir le moment de manière « explosive ». Puis les grands organes de presse partent en quête de l’instant « décisif » et utilisent le concept pour leurs reportages. Leica devient alors le sceptre des princes de la photographie, l’atour de noblesse des aristocrates du photojournalisme.

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Leica est le sceptre des princes de la photographie

Roi parmi les princes, Henri Cartier- Bresson eut son premier Leica en 1932. Il l’assimile à une arme. Les termes bellicistes de chargement, « shoot » ou « capture », viennent de lui et d’un safari de chasse en Afrique… Très vite, tous les héros de l’image considèrent leur Leica comme une extension d’eux-mêmes. Il faut les voir se déhancher avec leur Leica M pour trouver le bon cadre au travers de leur viseur télémétrique et de leur objectif à focale fixe. La série M pour « Messsucher » (télémètre) représente depuis ces années fastes la philosophie de la marque. Et 50 % de son chiffre d’affaires. Il ne s’agit bien sûr que d’un appareil photo. Mais une Rolls-Royce n’est-elle qu’une voiture, et « La Joconde » qu’un tableau ? Les passionnés vous en parleront comme de leur amant, comparant la douceur de son déclenchement à un baiser.

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En 1995, Noël Quidu remercia cette délicatesse : « Je suivais une milice tchétchène, nous escaladions une falaise, lorsque, arrivés en haut, nous nous sommes retrouvés nez à nez avec une unité russe lourdement armée. Mon reflex était en fin de pellicule, impossible de rembobiner sans activer le moteur – bruyant. Mon Leica m’a permis de travailler sans être repéré, et d’éviter les accrocs que l’on peut imaginer. » Marie-Laure de Decker, elle, possède les deux mêmes Leica depuis 1972. « Je ne m’en suis jamais séparée depuis le Vietnam. » Il y a quelques années, les vitres de sa voiture sont fracassées : « Je me suis fait voler mon sac avec mes deux boîtiers fétiches. Je pensais ne pas les revoir. Le lendemain, un gardien d’immeuble m’appelle, mes appareils étaient dans une poubelle près de Roissy. Un Leica n’est pas tape-àl’oeil, tout le monde ne connaît pas leur valeur alors que, pour moi, ils sont toute ma vie ! » Les célébrités se sont aussi attachées à la marque. A l’exception de la reine Elizabeth, qui a reçu deux modèles de la série M lors de visites d’Etat, tous l’ont acheté sur leurs deniers et l’ont fait savoir sans contrepartie. Juste pour faire corps avec la confrérie. Elvis Presley, Alfred Hitchcock, Stanley Kubrick, Miles Davis, George Gershwin, Che Guevara étaient fans en leur temps. Seal, Scarlett Johansson, Brad Pitt, David Bowie, Daniel Craig ou Sean Penn le sont encore aujourd’hui.

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