Le but de cet article est de vous aider à mettre en valeur le sujet grâce à des fonds sans éléments gênants. Comme dit dans le titre : éliminer toute source de distraction.

J’avais prévu une toute autre introduction, mais, suite à mon post habituel sur Facebook annonçant le thème du prochain billet, j’ai lu le commentaire suivant :

La dictature du bokeh devrait avoir ces limites… Parfois on peut avoir l’impression que le sujet a été pris en studio et on s’éloigne trop de la nature; pour la photo animalière bien sur.

C’est un fidèle lecteur du blog qui a partagé ce point de vue. Qu’il ne m’en veuille pas de l’avoir publié ! 🙂 C’est juste pour lancer la discussion !

Petit rappel : le Bokeh  est tout simplement l’arrière plan flouté de la photo. Sur les forums, ça fait toujours bien et connaisseur de parler de Bokeh  mais arrière plan ça marche aussi. 😉

Deux grands types de photo animalière

  • la photo animalière naturaliste visant à montrer l’animal dans son milieu. Tout est net dans la photo, ou presque. Du premier à l’arrière plan, en passant (normalement !) par le sujet. Le but affiché est de faire comprendre au spectateur (celui qui regarde la photo) comment, où, vit tel ou tel animal. Son oeil (celui du spectateur, pas de l’animal 😉 ) va partout, puisque tout est net.
  • la photo animalière esthétique visant à mettre l’animal en valeur. Ici, rien de naturaliste. Au contraire, dans la plupart des cas, le sujet est le seul élément à être identifiable dans l’image. Le premier plan et l’arrière plan sont très flous, fondus, et l’oeil du spectateur (le même que tout à l’heure) est automatiquement dirigé vers l’animal. Bah oui, c’est le seul à être net !

Aucune de ces deux écoles n’est supérieure à l’autre. Un photographe animalier est d’ailleurs régulièrement amené à produire ces deux types de clichés. La photographie animalière dite naturaliste sera très utile pour des séances photos de repérages, tandis que la photo animalière esthétique conviendra pour déclencher une émotion.

Sauf qu’à un moment donné il faut choisir. Vraiment choisir. Orienter sa pratique vers l’un ou l’autre. Si votre seul but est de montrer à votre entourage vos rencontres naturalistes (et pas naturistes ! 🙂 ), si vous souhaitez juste garder quelques souvenirs, si vous avez envie de participer à des inventaires, alors, évidemment, la photo animalière naturaliste ira très bien.

Par contre, si en tant que photographe animalier vous décidez de produire des images déclenchant l’effet Wahou, si vous voulez récolter des commentaires comme « une pure merveille cette photo », si vous avez l’intention d’exposer ou de travailler sur un projet photo, alors la photo animalière esthétique est pour vous.

Et c’est d’ailleurs ce type de photos que j’évoque systématiquement sur le blog. C’est pour vous aider à produire des clichés esthétiques que je vous aide et vous conseille.

Pourquoi ? Parce que c’est l’unique manière, à mon sens, de faire apprécier la beauté de la nature au plus grand nombre. Et quand on apprécie plus, on respecte plus (enfin je crois …).

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Vous préférez quelle photo ? La première ou la seconde ? Pour moi, c’est la seconde, et surtout pas parce que c’est moi qui l’ai faite ! 🙂

Une petite anecdote à ce sujet. J’ai photographié une mésange charbonnière il y a quelques temps. Une belle photo esthétique en contre jour sur un coucher de soleil. Tellement esthétique d’ailleurs que le passereau n’est pas facile à reconnaitre ! Mais peu importe. Je montre cette photo à des amis. Tous l’apprécient et l’observent avec beaucoup d’intérêt. On me demande :

  • de quelle espèce il s’agit,
  • comment ai-je fait pour la prendre comme de cette manière,
  • pourquoi elle a un truc dans son bec,
  • comment je savais qu’elle viendrait se poser à cet endroit précisément

J’ai évidemment répondu avec plaisir et passion à toutes ces questions. À la fin de notre échange, mes amis en avaient appris beaucoup sur la mésange charbonnière ! Mission accomplie ! Un de nos passereaux les plus présents chez nous (en France métropolitaine) était carrément inconnu par des gens comme vous et moi. Et bien grâce à une belle photo, esthétique, avec un super bokeh, un contre-jour qui va bien, 4 personnes montreront plus d’intérêt envers ce bel oiseau.

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Pour parvenir à un tel résultat, et bien l’une des astuces est de supprimer toute source de distraction. Je vous l’ai dit plus haut, l’oeil de la personne qui regarde votre photo ne doit être en aucun cas dérangé par des éléments secondaires dans l’image. Tout doit être fait pour que l’oeil aille directement vers le sujet.

Voici donc 5 astuces pour que vos sujets soient vraiment mis en valeur.

Astuce #1 : Créer votre propre fond en carton

Non, il ne s’agit pas de tricher. Il ne s’agit pas d’arracher, de déplacer des éléments naturels. Il s’agit simplement d’intercaler entre le sujet et le fond tout moche de la scène un élément à vous, préparé par vos soins.

J’utilise deux cartons au format A4 avec deux motifs / couleurs différents :

  • un bleu clair pour simuler le ciel
  • un sur lequel j’ai collé une feuille imprimée de motifs de camouflages (camo)

Je place le fond artificiel derrière le sujet puis je déclenche. Je précise que je n’ai rien inventé et que j’ai trouvé cette astuce au hasard de mes recherches sur le net !

Je ne l’ai pas dit mais cette astuce est évidemment valable pour de la macrophotographie. Vous pouvez toujours essayer de tenter le coup avec un renard : placer discrètement un carton entre lui et les barbelés. Pas sur qu’il reste sur place. 🙂

J’utilise beaucoup cette technique dans mon petit jardin. J’évite ainsi d’avoir en fond le trampoline de mes enfants ou la voiture que mon épouse n’a pas rangé la veille dans le garage 🙂 :-). C’est idéal pour une petite séance photo macro improvisée.

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Astuce #2 : Cadrer serré

Quand c’est possible, il peut-être judicieux de tenter un portrait serré de l’animal. Il tiendra donc une très grande place dans l’image. Ce faisant, vous mettez logiquement presque tout élément gênant de coté. Physiquement je veux dire.

Et puis comme je l’avais expliqué dans mon émission sur Comment flouter l’arrière plan dans une photo, le fait d’être proche de l’animal avec une grande ouverture, va automatiquement fondre le fond.

Enfin, même si vous optez pour un cadrage serré, ne négligez pas pour autant la composition. N’oubliez pas un des grands principes qui est de placer le regard de l’animal dans la zone ouverte de l’image. N’allez surtout pas coller la truffe, le bec ou que sais-je encore sur un bord de la photo !

J’avais d’ailleurs écrit un article sur la technique du portrait animalier.

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Astuce #3 : Photographier dans le brouillard

Ah !! Je suis sûr que vous ne l’aviez pas vu venir celle-ci ! 🙂

C’est en fait très logique. Puisque nous pestons tous contre le brouillard à couper au couteau, autant en tirer avantage ! Ce que les yeux du photographe ne pourront pas voir à la prise de vue, les yeux du spectateur ne le pourront pas non plus sur le cliché final.

N’importe quel scène, n’importe quel environnement, sera caché par les milliards de milliards de gouttelettes d’eau constituant le brouillard. Pratique non ?

En plus, pratiquer la photo dans de telles conditions vous apportera d’autres bénéfices :

  • la lumière est diffusée, filtrée naturellement pas les nuages. Ce type de météo donne des lumières douces et sont un régal pour les fans de macro. Les contrastes sont atténués donnant des images aux tons presque pastels.
  • pour des sujets plus gros, comme des mammifères par exemples, ou bien des oiseaux, le brouillard peut apporter des ambiances particulières. Voire mystérieuses.
Photographie de Michel d'Oultremont © tous droits réservés

Photographie de Michel d’Oultremont © tous droits réservés

Astuce #4 : Utiliser le ciel

Non, pas le faux ciel, celui en carton de la première astuce. 🙂 Je parle ici du vrai, celui avec le soleil dedans et même des fois des nuages. L’idée ici est d’utiliser l’aspect uniforme et régulier du ciel. Qu’il soit tout bleu, tout gris ou tout orangé, peu importe. Le sujet se détachera immanquablement.

Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à tenter des compositions extrêmes. Je veux dire par là essayer de mettre l’animal dans un tout petit coin de l’image. Le ciel tiendra certes une grande place, presque toute la place même. Mais on s’en fiche. L’oeil, encore une fois, sera forcément attiré par le sujet. Même tout petit !

Quelques recommandations techniques les amis pour réussir vos photos sur fond de ciel et éviter d’avoir un sujet tout sombre :

  • pratiquer la correction d’exposition est important, surtout par ciel très lumineux. En corrigeant avec +0.7 IL par exemple, vous donnerez l’ordre à votre appareil de surexposer l’image. Le sujet sera donc bien exposé.
  • Si vous n’êtes pas très à l’aise avec la technique de la correction d’exposition , alors vous pouvez pratiquer celle de la mesure Spot. En réglant ce paramètre de mesure d’exposition, le reflex va effectuer la mesure de lumière pile au centre de l’image. Faites la mise au point avec le collimateur central, l’appareil se chargeant de bien exposer votre sujet. Libre à vous ensuite d’effectuer un recadrage à l’ordinateur.

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Astuce #5 : Construire votre propre scène

Je l’aime bien celle-là ! 🙂 Je suis justement en cours de construction actuellement. Il s’agit ici de créer un petit environnement artificiel. Et comme vous fabriquez, et bien vous maîtrisez !

Cette astuce est très efficace avec les passereaux. C’est en fait le principe de la mangeoire l’hiver mais en allant encore plus loin. Le photographe animalier va se casser la tête pour trois choses :

  1. attirer les oiseaux là où il veut les avoir
  2. inciter ces mêmes oiseaux à se poser sur des perchoirs/pierres/souches, … naturels
  3. éliminer dès cette phase de construction tout élément gênant qui pourrait se retrouver dans la photo

J’ai par exemple dû jouer du sécateur pour couper quelques branchages trop touffus. J’ai abaissé un perchoir car les premiers essais me montraient un fond coupé en deux entre le ciel et l’herbe. Voici ci-dessous trois photos illustrant la cette construction avec des essais des prise de vue (dans l’attente évidement que des gentils oiseaux viennent se poser là où je les attends … venez, venez, petits, petits, petits … 🙂 🙂

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Il s’agit donc de faire de nombreux essais à vide pour voir ce que donne l’arrière plan. C’est très intéressant ! C’est d’ailleurs aussi comme cela que fonctionne le principe de la Drink Station

Et vous, quelle astuce vous avez pour supprimer les éléments gênants dans l’image ? … qui a dit Photoshop ??!! 🙂

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