Le numéro Photo 2017 est arrivé près de chez vous
Une photo non retenue du portfolio de Jonathan Gardenhire

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Le Numéro Photo 2017

Le numéro Photo 2017 est arrivé près de chez vous

Notre dernier magazine compile des portfolios de jeunes talents prometteurs et des photographes qui les ont inspirés à poursuivre dans cette voie.

Quand j'ai rencontré George Pitts, photographe prolifique et longtemps directeur photo chez VIBE, je n'ai pas compris son travail. Je commençais tout juste à étudier la photographie et, pour moi, ces nus subtils ressemblaient à de l'érotisme esthétisé. En revanche, j'ai été marquée par sa boulimie de découverte et d'art. George est notamment connu pour avoir défini la photographie hip-hop dans les années 1990 alors qu'il travaillait chez VIBE, et lors de nos premières rencontres, il citait constamment des idoles contemporaines et passées, de Claude Cahun à Bettina Rheims. Je passais mon temps à prendre des notes. Ce n'est que plus tard, quand je me suis mise à étudier les photographes dont il parlait et qu'il admirait, que j'ai commencé à saisir sa méthode. Peu à peu, j'ai compris ce qui rendait sa manière de photographier ses sujets – particulièrement les femmes – si intéressante. J'ai aussi commencé à voir des liens entre mon travail et le sien, et réalisé qu'il était en train de devenir l'une de mes propres idoles.

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George est décédé cette année à l'âge de 65 ans. Ce n'est qu'en le perdant que j'ai vu à quel point son génie avait influencé des centaines de photographes, d'éditeurs et d'écrivains. J'ai été frappée par le nombre de personnes présentes à son enterrement, et cela m'a fait réfléchir sur l'importance d'avoir une idole – particulièrement dans ce domaine.

Même si elle est en quête de nouveauté, la photographie est fondamentalement additive. C'est un processus de construction d'une tradition et d'un langage qui doit autant à ce qui le précède qu'il ne dépend de ce qui reste à venir. À une époque où des milliards de photos sont prises chaque jour, on a tendance à oublier le passé, surtout quand on se réfère à une œuvre nouvelle. George ne pensait pas ainsi. Connecter son travail à ceux du passé était essentiel, selon lui. Cela lui faisait gagner en complexité.

Avec cette idée en tête, pour notre numéro photo annuel, nous avons contacté des photographes prometteurs et leur avons demandé quelle personne les avait inspirés à poursuivre dans cette voie. Puis nous avons contacté leurs « idoles » pour voir s'ils accepteraient que nous publiions aussi leurs travaux. Ce qu'on nous a envoyé crée, selon nous, une conversation unique sur la ligne d'influence entre plusieurs générations d'artistes. Nous restons également fidèles à notre engagement de faire découvrir de jeunes talents tout en rendant hommage aux maîtres du domaine. Certains duos, comme nos stars de couverture Tommy Kha et William Eggleston, tous deux nés à Memphis mais séparés par plusieurs générations, sont directement liés en termes de style. Pour d'autres, comme Tasneem Alsultan et Maggie Steber, il faut sans doute s'y reprendre à deux fois pour voir les lignes de partage entre leurs travaux.

Prises ensemble, ces conversations photographiques révèlent la vigueur et la vivacité de cette discipline. Elles forgent des connexions esthétiques et approfondissent la compréhension artistique, tout comme ce que ces conversations avec George ont produit sur moi.

Rien ne viendra remplir le vide qu'il a laissé derrière lui. Le mieux que nous puissions faire pour notre idole, c'est de prolonger l'histoire.