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La photographie africaine séduit les collectionneurs

Les clichés de la star montante, le Sénégalais Omar Victor Diop, s’arrachent et les prix des images du Sud-Africain Pieter Hugo s’envolent.

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Publié le 30 octobre 2015 à 15h28, modifié le 03 novembre 2015 à 08h39

Temps de Lecture 2 min.

Photographie d'Oumy Ndour réalisée par Omar Victor Diop,  2011. Impression jet d'encre pigmentaire sur papier.

A la Foire Paris Photo, les amateurs ont le choix : foncer vers les usual suspects de la photographie, ceux qui décrochent les records aux enchères et en jettent plein la vue à coups de grands formats, comme l’Allemand Andreas Gursky. Ou opter pour les chemins de traverse, larguer les amarres vers d’autres contrées, en guignant notamment la photographie africaine.

Qui dit Afrique pense d’abord aux pionniers maliens de la photo de studio Seydou Keïta, décédé en 2001, ou son confrère Malick Sidibé, dont certains clichés sont disponibles à la Galerie du Jour.

Mais il est d’autres photographes incontournables qui ont acquis leurs galons à travers les Rencontres de Bamako au mitan des années 1990. Samuel Fosso, qui jouit d’un solo show sur le stand de Jean-Marc Patras, est de ceux-là. Ce photographe d’origine camerounaise a ouvert en 1975, à l’âge de 13 ans, un studio à Bangui, en Centrafrique.

Il commence un travail personnel en se photographiant pour finir les pellicules de ses clients. L’excentrique se travestit avec plaisir, mieux, avec une autosatisfaction assumée, endossant mille identités, du pirate au chanteur célèbre ou à la grande bourgeoise, réinterprétant des Africains illustres tels que le poète et premier président de la République sénégalais Léopold Sédar Senghor ou le père de l’indépendance congolaise, Patrice Lumumba.

Transition démocratique

Depuis une quinzaine d’années, tous les projecteurs sont braqués sur la photographie sud-africaine, portée par le vétéran David Goldblatt et ses cadets Guy Tillim ou Pieter Hugo. « Ces photographes bénéficient d’une attention qui va de pair avec celle portée au pays depuis sa transition démocratique, observe Federica Angelucci, de la galerie Stevenson, au Cap. Ce qui a formé cette scène, c’est la forte tradition de la photo activiste, qui est née durant les années de lutte. »

L’engouement se mesure à l’aune de la montée en flèche des prix. Une photo de la saisissante série des « Hommes hyènes » de Pieter Hugo, qui valait 8 000 dollars en 2008, se négocie aujourd’hui autour de 35 000 dollars.

La série « Faces and phases » de sa consœur Zanele Muholi, qui explore l’histoire visuelle des lesbiennes et gays africains, marginalisés et victimes d’attaques homophobes, a vu ses prix progresser plus modérément, de 3 000 dollars, en 2007, à 5 200 dollars.

Courts-circuits temporels

Aujourd’hui, les collectionneurs s’arrachent les clichés de la star montante, le Sénégalais Omar Victor Diop, 35 ans. Une série les met tout particulièrement en ébullition, celle baptisée « Diaspora », où le jeune photographe se met en scène dans un voyage dans le temps aux allures de retour vers le futur.

Les grandes figures africaines, auxquelles Diop s’identifie, perdent leurs attributs classiques pour endosser ceux des joueurs de football, entre sifflet, gant de gardien de but ou carton rouge. Les référents ont changé. Les maîtres d’hier ne sont pas ceux d’aujourd’hui. Ces autoportraits se négocient entre 4 000 et 6 000 euros. « En un an, on a vendu au moins quatre-vingts photos », s’étonne encore son marchand, André Magnin.

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Plus politique est le travail du Congolais Sammy Baloji, à découvrir sur le stand de la galerie Imane Farès. Ses œuvres sont estimées entre 9 000 et 16 000 euros. L’artiste, qui a exposé cette année à la Biennale de Venise et à la Biennale de Lyon, est passé maître dans les courts-circuits temporels entre le passé et le présent de son pays. Histoire de montrer la persistance des clichés et des plaies coloniales non cicatrisées.

Paris Photo, du 12 au 15 novembre, Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, www.parisphoto.com

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