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Les Rencontres d'Arles, 50 ans de photographie

Les Rencontres d'Arles, 50 ans de photographie

Cet été, plus que jamais, Arles est une fête. Ses mythiques Rencontres de la photographie célèbrent un demi-siècle d’audace, de patrimoine et d’avant-garde. Pour l’occasion, de nouvelles villes se joignent à la partie (Marseille, Toulon, Nîmes…) pour une édition 2019 qui s’annonce flamboyante et généreuse.

Lire notre article pour plus d'infos.

Rencontres de la photographie d’Arles, du 1er juillet au 22 septembre 2019. L’intégralité du programme est disponible sur le site officiel de l’événement.

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Jardins déployés, Mario Del Curto

Jardins déployés, Mario Del Curto

L’exposition Jardins déployés est le récit en images d’un périple de dix ans réalisé par Mario Del Curto à travers le monde. Le photographe explore la relation de l’homme et du végétal et nous invite à réfléchir au développement d’une « humanité hors sol ». Parmi les lieux visités par l’artiste, il y a l’immense forêt de pommiers originels du Kazakhstan menacée de disparition, les jardins urbains de plusieurs mégalopoles, l’excentrique Parc des monstres de Bomarzo et des jardins singuliers ou modestes du monde entier. Sauvage ou façonné, le jardin évoque toujours une culture, des personnalités ou des savoirs transmis. En images fortes et symboliques, Mario Del Curto l'expose dans toutes ses dimensions – alimentaire, scientifique, ornementale, artistique et politique.

Où voir l'exposition ? Le Jardin

photo 2/13 © Mario Del Curto, Pont et arbres arbres artificiels, Dubaï, 2018

Observatrice des rues new-yorkaises, Helen Levitt

Observatrice des rues new-yorkaises, Helen Levitt

À partir des années 1930, Helen Levitt immortalise la culture de rue des quartiers défavorisés tels que Spanish Harlem et Lower East Side : graffitis, adultes assis devant des entrées d’immeubles et enfants en train de jouer comptent parmi ses principaux sujets. Contrairement aux reporters dont l’ambition traditionnelle est de documenter les dysfonctionnements sociétaux, elle comprend la photographie comme une expression artistique lui permettant de fusionner son vécu quotidien et son expérience esthétique personnelle. Brillante analyste des débats politiques et artistiques de son temps, elle montre des scènes de rues new-yorkaises comme s’il s’agissait d’us et coutumes mythiques, de cérémonies exotiques, telle une ethnographe. Ces quelque 130 clichés – dont beaucoup sont exposés ici pour la première fois – permettent de jeter un regard nuancé sur l’oeuvre de Levitt et retracent son évolution : de photographe de rue à réalisatrice de films et photographe couleur.

Où voir l'exposition ? Espace Van Gogh

photo 3/13 © Helen Levitt, New York, 1940. L'Albertina, Vienne. Prêt permanent de Austrian Ludwig Foundation for Art and Science. Film Documents LLC, avec l'aimable autorisation de Thomas Zander Gallery, Cologne.

Cartes postales, nouvelles d'un monde rêvé

Cartes postales, nouvelles d'un monde rêvé

La carte postale est l’image qui circule par excellence, soumise à une constante impression de déjà-vu. Tout au long du XXe siècle, elle a accompagné la mise en boîte du monde visible, l’essor de la mondialisation des images et le tourisme de masse. Collectionneurs, accumulateurs, retoucheurs, les artistes iconographes s’approprient des images existantes pour leur donner un nouveau sens, éclairer leur statut ou leur contexte. En confrontant des regards et des gestes d’artistes à la fabrique des cartes postales photographiques, l’exposition déploie, à la manière d’une anthropologie visuelle, une réflexion sur ce que ces images nous montrent et nous disent de l’ailleurs. Quel point de vue ont-elles véhiculé tout au long du XXe siècle, leur période de gloire ? Quelle vision du monde ont-elles créée pour tous ceux qui les recevaient à leur domicile, envoyées par les proches et les amis ? Vectrice d’imaginaires à la fois intimes et collectifs, la carte postale est l’illusion faite image, toujours à portée de main. Elle montre le monde tel qu’on l’a rêvé, et dans lequel on se projette, comme dans une fiction désirable.

Où voir l'exposition ? Musée départemental Arles antique

photo 4/13 © Martin Parr, Kleine Scheidegg, Switzerland, série Small World, 1994. Martin Parr / Magnum Photos. (Exposition Cartes postales, nouvelles d'un monde rêvé).

Sur Terre, technologie et monde naturel

Sur Terre, technologie et monde naturel

Dès son origine, la photographie a attesté de la relation paradoxale liant l’homme, la nature et la technologie. Dans le sillage des grands photographes paysagistes du XIXe siècle, une nouvelle génération d’artistes s’est emparée des techniques d’imagerie contemporaines pour révéler et questionner notre relation au monde naturel. La photographie nous permet d’observer ce monde et la façon dont nos existences l’affectent. Mais peut-elle aussi servir de catalyseur à de nouvelles manières d’interagir avec notre environnement ? Sur Terre réunit le travail de vingt-cinq artistes contemporains qui utilisent des stratégies d’imagerie innovantes pour mettre en lumière la relation changeante de l’homme à la nature. En plus de photographies, les artistes produisent des installations, des sculptures, des captures d’écran de jeux vidéo et des vidéos. Les différentes approches visuelles tantôt divergent, tantôt convergent à travers l’exposition, montrant comment les artistes cherchent à la fois à décortiquer et à réconcilier notre connexion au monde d’un point de vue technologique, socio-économique, spirituel et politique.

Où voir l'exposition ? Atelier des Forges

photo 5/13 © Lucas Foglia, Kate dans une Étude par EEG de la Cognition dans le Monde Sauvage, Strayer Lab, Université de l'Utah, Utah 2015. Avec l'aimable autorisation de la galerie Michael Hoppen (Exposition On Earth).

Eldorado, Christian Lutz

Eldorado, Christian Lutz

Après son immersion dans les sphères du pouvoir, Christian Lutz s’introduit dans l’univers des casinos : d’abord à Las Vegas pour la série Insert Coins, puis tout récemment à Macao pour The Pearl River. L’exposition Eldorado met en regard ces deux travaux. Durant ses prises de vue à Las Vegas, le photographe se rend rapidement compte que les décors scintillants de la Sin City s’effritent. La ville laisse apparaître ses failles et son inhumanité. Christian Lutz décide alors d’embarquer vers celle que l’on nomme désormais « la nouvelle Las Vegas ». Ici, la réalité est tout autre. Depuis près de quinze ans, Macao a supplanté Las Vegas en termes de richesse produite par les revenus prodigieux du secteur des jeux d’argent. Il était une fois l’Amérique, il est maintenant la Chine…

Où voir l'exposition ? Maison des peintres

photo 6/13 © Christian Lutz, série Insert Coins, 2016. Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de MAPS.

Des possibles de la photographie, avec la Fondation arabe pour l'image (FAI)

Des possibles de la photographie, avec la Fondation arabe pour l'image (FAI)

LA COLLECTION 0069FA : UNE ARCHIVE À L’OEUVRE. À travers les lectures, les activations et les modes de présentation d’un fonds photographique conservé par la Fondation arabe pour l’image (FAI) à Beyrouth, ce projet met en avant l’évolution des pratiques et des positionnements de l’institution et de ses membres depuis 1997. Cette proposition prend la forme d’un cas d’étude engagé autour de la collection FAI, inventoriée sous le numéro 0069fa pour rendre compte des dynamiques et des mécanismes à l’oeuvre au sein d’une telle archive photographique. L’exposition tend à présenter la collection 0069fa comme un objet d’étude toujours en construction. Celle-ci s’est constituée collectivement à partir de gestes et d’intérêts liés à la figure de chercheurs. En résultent 85 lots, inventoriant près de 8 000 objets, collectés dans 6 pays différents par 14 chercheurs, de 1998 à 2018. Dans l’imbrication des documents, des données et usages – tous mis en archive selon les mêmes charges – se tissent en filigrane la prolifération et l’évolution des pratiques photographiques dans les régions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, entre mémoire et art, individualité et communauté, culture et histoire.

Où voir l'exposition ? Musée départemental Arles antique

photo 7/13 © Portrait de studio, Tripoli, Liban.

Brésils, Ludovic Carème

Brésils, Ludovic Carème

Ludovic Carème a exploré une favela condamnée à la destruction par la spéculation immobilière et s’est confronté au quotidien de ses habitants en sursis sur une période de plus de 2 ans. Ce travail l'a incité à s'enfoncer plus profondément dans la faille qui sépare la classe dominante et ses victimes. Puis il a remonté les courants jusqu'à la région de l'Acre à la rencontre des seringueiros, les récolteurs de caoutchouc. Ces descendants de paysans miséreux du Nordeste, envoyés par les autorités vers la forêt amazonienne pour reprendre la production de caoutchouc au début de la seconde guerre mondiale, se sont souvent mélangés avec les populations Kaxinawas, Asháninkas, Jaminawas et ont aussi été exploités et décimés. Aujourd’hui quelques tribus vivent encore en harmonie avec la forêt grignotée par ces descendants des soldats du caoutchouc, manipulés par la puissance de l'industrie agro-alimentaire.

Où voir l'exposition ? À Marseille, Friche La Belle de Mai, du 30 juin au 29 septembre 2019.

photo 8/13 © Ludovic Carème, Suelen devant chez elle, Favela Agua Branca, São Paulo, 2009. Avec l'aimable autorisation de l'artiste.

Datazone, Philippe Chancel

Datazone, Philippe Chancel

Philippe Chancel a mené durant quinze ans une exploration de sites sensibles sur notre planète, pour ausculter le monde et observer les symptômes les plus alarmants de son déclin. Faire oeuvre de telle manière ne correspond à aucun genre identifié dans les pratiques photographiques. C’est pourquoi Datazone est une invention qui parvient à englober les signes les plus tangibles de la catastrophe annoncée : écologie traumatique, désindustrialisation chaotique, revers toxiques de la modernisation. De la Chine aux États-Unis, en passant par l’Afrique et l’Europe, c’est le monde entier qui hurle à nos yeux. Et aucun refuge n’est en vue. Philippe Chancel est un photographe classique, ce qu’il construit nous confirme que le monde moderne n’a pas tenu ses promesses. C’est par l’assemblage des images qui témoignent d’une profonde sensibilité au monde que peut se constituer un grand récit. Texte de Michel Poivert

Où voir l'exposition ? Église des Frères Prêcheurs

photo 9/13 © Philippe Chancel, Datazone #14, France, Marseille, quartiers Nord et quartiers Sud, 2017 et 2018. Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de Melanie Rio Fluency.

Harry Gruyaert, photographe

Harry Gruyaert, photographe

L’Hôtel départemental des arts, centre d’art du Var, poursuit depuis sa création une réflexion approfondie sur le médium photographique, compris comme un outil particulièrement dynamique du rapport contemporain à l’image. Après Mathieu Pernot en 2017, le centre d’art a souhaité s’inscrire dans le Grand Arles Express à travers une proposition photographique qui, sans être une rétrospective, permette au visiteur d’appréhender un pan essentiel, parfois peu connu, du travail d’Harry Gruyaert. Ce sera notamment l’occasion de découvrir des séries jamais ou rarement montrées de Belgique ou d’Irlande. Par ailleurs, une place nouvelle est donnée à la vidéo.

Où voir l'exposition ? À Toulon, Hôtel des Arts, du 21 juin au 22 septembre 2019.

photo 10/13 © Harry Gruyaert, France, Baie de Somme. Fort Mahon, 1991.

La Fabrique des illusions, collection Fouad Debbas et commentaires contemporains

La Fabrique des illusions, collection Fouad Debbas et commentaires contemporains

La photographie, la photographie « orientaliste » en particulier, a toujours fonctionné sur le mode de la simulation. Au XIXe siècle, photographie et théâtre installent d’autres modes de représentation. Ces temps inventent le spectacle oculaire, un complexe scénographique à effets spéciaux, conglomérat d’images nouvelles. L’image mécanique a la prétention de remplacer le verbe. En confrontant la collection « orientale » de Fouad Debbas à des propos contemporains, La Fabrique des illusions esquisse le tableau d’une autre histoire de la photographie contradictoire et, somme toute, illégitime. Cette exposition rassemble des images de la Collection Fouad Debbas ainsi que des oeuvres de dix artistes contemporains internationaux : Mac Adams, Nadim Asfar, Vartan Avakian, Elina Brotherus, Daniele Genadry, Randa Mirza, Louis Quail, Angélique Stehli, Wiktoria Wojciechowska, et Ali Zanjani.

Où voir l'exposition ? À Marseille, au Mucem, du 19 juillet au 29 septembre 2019.

photo 11/13 © Louis Quail, Birdwatching, Minsmere, série Big Brother. Avec l'aimable autorisation de l'artiste.

1962-1963, photographe militaire, Raymond Depardon

1962-1963, photographe militaire, Raymond Depardon

Affecté comme photographe à la rédaction du magazine Terre Air Mer (TAM), le « Paris Match des armées », Raymond Depardon réalise entre juillet 1962 et août 1963 deux milliers de photographies au moyen format. Pour le compte de la revue, Raymond Depardon entreprend un véritable tour de France militaire aux côtés des différentes unités et photographie depuis le sol, le ciel et la mer, réalisant ainsi un panorama du territoire métropolitain, pour des entraînements ou des événements, pour des sujets de sociétés ou institutionnels. Portraits, paysages, photographies sportives ou d’ambiances, il expérimente sans cesse et saisit sur la pellicule une armée française engagée dans le bond technologique des Trente glorieuses et fixe le portait d’une génération. L’exposition Raymond Depardon : 1962-1963, photographe militaire est une création originale, à la fois par son contenu composé de photographies présentées pour la première fois depuis leur parution dans le magazine TAM et également par sa forme, qui verra l’accrochage de tirages spécialement fabriqués pour l’occasion sous la supervision de Raymond Depardon.

Où voir l'exposition ? À Toulon, au musée de la Marine, du 17 mai au 30 décembre 2019.

photo 12/13 © Raymond Depardon à l'occasion d'un reportage sur l'escorteur d'escadre le " Picard ", Toulon, 1962-1963. Photographe inconnu / Archives privées R. Depardon.

Unretouched Women, Eve Arnold, Abigail Heyman et Susan Meiselas

Unretouched Women, Eve Arnold, Abigail Heyman et Susan Meiselas

Au milieu des années 1970, alors que le féminisme connaît un élan sans précédent aux États-Unis, les trois photographes américaines Eve Arnold, Abigail Heyman et Susan Meiselas publient chacune un livre d’un genre nouveau (Growing up Female, The Unretouched Woman, Carnival Strippers). Associant témoignages et images, elles offrent un regard inédit sur la vie des femmes dans le monde du travail et l’existence quotidienne, jusque dans leur intimité. Ces trois photographes imposent leur signature et expérimentent grâce à la forme du livre. Toutes mettent les femmes à l’épreuve de l’image photographique, contournant les clichés pour dessiner des représentations alternatives. L’exposition dévoile l’élaboration singulière de leurs ouvrages à partir des maquettes et des planches-contacts.

Où voir l'exposition ? Espace Van Gogh

photo 13/13 © Susan Meiselas, Debbie et Renee, Rockland, Maine, Etats-Unis, 1972. Avec l'aimable autorisation de Susan Meiselas / Magnum Photos.

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