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Les Rencontres d'Arles, la dernière « Parade » de François Hébel

Cette 45e édition voit la transition s'exercer entre fidèles de la photographie pure et fans d'art contemporain. Au programme, des découvertes et des classiques. Et les intermittents.

Aujourd'hui s'ouvrent les 45esRencontres d'Arles, ce grand maëlstrom de la photographie qui chaque été veut donner un état des lieux aussi pointu que grand public: 96.000 visiteurs en 2013, soit 11.000 de plus qu'en 2012, rappelle son président, Jean-Noël Jeanneney. Fort loin, toutefois, des 700 000.visiteurs de PhotoEspana, manifestation gratuite qui se tient à Madrid jusqu'au 27 juillet pour un budget d'un tiers de celui de la manifestation arlésienne (soit en dessous de 2 millions d'euros).

Cette année, Arles a une tonalité particulière et porte une bannière plutôt en demi-teinte. Elle marque la fin du mandat de François Hébel, qui en a assumé la direction depuis 2001 et a démissionné en décembre après des mois de violent contentieux avec la mécène d'Arles Maja Hoffmann. L'annonce, le 16 avril, de la nomination à la tête des Rencontres de Sam Stourdzé, 41 ans, directeur du Musée de l'Élysée à Lausanne, a calmé un peu les esprits et ouvert un nouveau cycle.

«En quinze éditions, j'ai toujours considéré Arles comme une scène théâtrale à l'échelle d'une ville, destinée à propulser les photographes sous les projecteurs, à leur tendre des micros (parfois des mégaphones), à échanger avec leurs publics», dit François Hébel à l'orée de sa dernière «Parade», dont le programme s'ancre en territoire connu (50 expositions et stages, jusqu'au 21 septembre). «Il n'est pas possible de sortir de scène autrement que de façon théâtrale. Cela a pris des accents dramatiques (dépit amoureux, trahison, complot politique, bouffonnerie, épopée) plus que de comédie légère, écrit-il en guise d'adieux. Il était donc normal d'offrir une dernière parade autour des amis qui ont marqué l'histoire récente du festival: Raymond Depardon, Christian Lacroix, Martin Parr, Lucien Clergue, Erik Kessels, Bill Hunt, Joan Fontcuberta (…) offrent tous des propositions nouvelles.» A priori, des soirées au Théâtre antique au dédale sans fin des expositions arlésiennes, tout semble pareil que l'an passé. Et pourtant, tout est déjà différent. À commencer par la géographie des lieux. La nouvelle Fondation Vincent Van Gogh, portée par la famille Hoffmann tout entière, est une réussite architecturale réalisée à la vitesse de la lumière.

«Première pierre»

Ce petit noyau muséal est engoncé dans le vieux tissu patrimonial, pile en face du QG des Rencontres d'Arles, rue Fenton. La première exposition de sa directrice, Bice Curiger, «Van Gogh Live!», s'appuie sur le génie hollandais mais regarde surtout vers les artistes en cour, Thomas Hirschhorn, Gary Hume, Elizabeth Peyton, Camille Henrot et Raphael Hefti (jusqu'au 31 août). Bertrand Lavier met l'art dans la rue avec son portail blanc cassé où la signature de Vincent devient un pur concept, reconnaissable comme une marque.

Début avril, le Parc des ateliers tel que le connaît le fidèle des Rencontres avait déjà disparu sous les bulldozers pour laisser place au projet monumental de Frank Gehry pour la Fondation Luma de Maja Hoffmann et son «bâtiment-ressource» (achèvement des travaux prévu en 2018).

Des six anciens bâtiments industriels - que le festivalier arpentait de préférence le matin pour éviter la fournaise -, cinq seront réhabilités par l'architecte Annabelle Selldorf, venue en personne pour cette «première pierre» symbolique. Ils seront désormais destinés aux «présentations, installations, expositions, résidences d'artistes et studios». L'Atelier des forges est le premier à être ainsi rénové pour une ouverture en ce début juillet. L'Atelier de mécanique est programmé à son tour pour 2016. Les bâtiments à l'entrée du nouveau site (Boarding House et Maison du projet) pour fin 2017, comme le Centre de formation.

Arles la photographique deviendra-t-elle Arles la contemporaine? En attendant les directives de Sam Stourdzé, stratège d'une intelligence aiguë, les Rencontres vivent cette année une forme d'entre-deux. François Hébel évoque à mots couverts «les conditions foraines d'exposition» de cette 45e édition qu'il a fallu redéployer in fine au hasard des espaces disponibles. Ce léger flottement ne freine pas les festivaliers qui convergent vers la capitale de la photographie. Outre les Arlésiens, Lucien Clergue et Christian Lacroix déjà sur site, la star des photographes britanniques David Bailey, le plus délicieux des artistes brésiliens Vik Muniz, le collectionneur allemand Artur Walther, son homologue américain William M. Hunt, les Français Denis Rouvre et Patrick Swirc sont arrivés hier.

Le programme, comme toujours, est à juger sur pièces. Nombre de fidèles sont là, enthousiastes et avides de découvertes, qu'ils soient photographes comme Juliette Agnel ou créateurs de festival comme Lucille Reyboz et Yusuke Nakanishi, qui viennent de clore leur 2e Kyotographie. Invités de dernière heure, hors programme: les intermittents du spectacle, qui ont annoncé leur intervention en ce jour d'inauguration officielle.

Expositions: du 7 juillet au 21 septembre / semaine d'ouverture: du 7 au 13 juillet. http://www.rencontres-arles.com/Home

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