Nan Goldin, Walker Evans, Gary Winogrand... Paris Photo 2015 annonce la couleur

Quels seront les temps forts de la 19e édition du rendez-vous international de la photographie ? L'éclairage de notre spécialiste.

Par Sabrina Silamo

Publié le 16 septembre 2015 à 15h30

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 05h52

Pour sa 19e édition, du 12 au 15 novembre, Paris Photo se veut éclectique, avec pas moins de 144 galeries issues de 33 pays qui investiront la nef du Grand Palais, et mixeront pour l'occasion œuvres historiques et travaux contemporains.
Sous la plus grande verrière d’Europe, les points de vue se multiplient : on pourra comparer les photos de mode aux confins de l’absurde et du sublime de Guy Bourdin avec celles de Brigitte Zieger, qui s'attache à dénoncer l’image de la femme véhiculée par les média, ou contempler à l'infini les paysages américains de Stephen Shore…

Un collectionneur à l'honneur

La collection privée d’Enea Righi trônera dans le Salon d'honneur. Dans le catalogue de cet Italien renommé figurent plus de 1 000 œuvres des années 1960 à nos jours. A l'occasion de la présentation de sa collection, en 2001 à l’hôtel de Caumont d'Avignon, Enea Righi déclarait : « les collectionneurs sont prêts à avoir une vision liée à leur propre collection et sont étrangement fermés au reste du monde, alors qu’ils devraient avoir une responsabilité à l’égard de la société ». Parmi les photographes qu'il expose à Paris, la sulfureuse Nan Goldin, célèbre pour son journal photographique intitulé The Ballad of Sexual Dependency ou le peintre Cy Twombly qui de ses polaroids faisait ensuite des dessins, avant de les transformer en tableaux.

La tendance documentaire

Walker Evans (1903-1975), connu notamment pour son travail sur la grande dépression, fait face à son contemporain Manuel Álvarez Bravo (1902-2002), présenté au Jeu de Paume en 2013 comme un photographe aux aguets, qui documenta son pays, le Mexique, durant huit décennies. Ils sont accompagnés de Garry Winogrand et Lee Friedlander, tous deux présentés au MoMa de New York en 1967 à l'occasion de l’exposition New Documents qui donna son nom à une nouvelle approche de la photographie documentaire. Ce quatuor sera exposé à travers quatre portfolios en édition limitée contenant chacun quinze photos, distillant les langages visuels propres à chaque artiste, des langages « curieusement rafraîchissants, naturellement saisissants et imprévisiblement audacieux », selon Walker Evans.

Street photographie japonaise

Inspiré par l'un des maîtres de la photographie japonaise, Eikoh Hosoe, qu'il assiste lors de la réalisation de la fameuse série Ordeal by Roses avec l’écrivain Yukio Mishima, Daido Moriyama entame sa carrière en indépendant en 1964. Influencé non seulement par la photographie japonaise, mais également par des artistes américains comme Andy Warhol auquel il emprunte la technique de la sérigraphie, Moriyama s’adonne librement à son art dans les rues de Tokyo, capturant l’essence et le méli-mélo de la vie urbaine. Il publie Farewell Photography en 1972, dont il a détruit la plupart des négatifs. La serie complète des photos qui compose cet ouvrage sera exposée par la galerie Akio Nagasawa, Tokyo / Jean Kenta Gauthier, Paris.

Brassaï et Lartigue, les indémodables

Puisée dans albums personnels du fils de l'artiste, la galerie Alain Gutharc révélera un ensemble de photographies vintage de Jacques Henri Lartigue (1894-1986). Les formats de ces tirages – qui portent parfois la trace des manipulations- ne sont pas ceux de tirages d’exposition mais ont la grâce et la fragilité de l’usage intime auquel ils étaient dévolus. Ils sont fidèles au vocabulaire qui caractérise l’oeuvre de J.H. Lartigue : le mouvement, l’automobile, la mode et le sport.
Quant à la galerie Karsten Greve, elle présentera le travail le plus célèbre de Brassaï (1899-1984) : la série Graffiti. Fasciné par ce phénomène, il arpente la ville la nuit pour photographier ces dessins primitifs qu'il assimile aux gravures découvertes dans les grottes préhistoriques. « Vous avez eu vraiment une très heureuse idée de constituer cette collection, s’écria Picasso en découvrant les images de Brassaï, car sans la photo le graffiti existe, mais […] serait voué à la destruction. »

Brassaï et sa série Graffitis à la galerie Karsten Greve. 

Brassaï et sa série Graffitis à la galerie Karsten Greve.  © Brassaï / Galerie Karsten Greve

Des revendications politiques et sociales

Connu pour ses clips de Bjork, Kanye West et Lady Gaga ou ses campagnes publicitaires au profit de Vivienne Westwood, Alexander McQueen, ou Christian Dior, Nick Knight sait aussi remettre en question les critères conventionnels de beauté . Dans ses travaux personnels, le photographe – l'un de ceux qui ont le plus représentés Kate Moss – développe des thèmes liés au racisme, au handicap, à la discrimination à l’encontre des personnes âges ou obèses. A découvrir.
Quant à Zanele Muholi, elle photographie des membres de la communauté LGBT d’Afrique du Sud depuis 2004. Exposée aux Rencontres d'Arles en 2012, elle affirmait étudier « la façon dont les activistes – socialement, culturellement, politiquement et économiquement marginalisés - peuvent utiliser les images pour créer des espaces de résistances et développer leur regard critique ». L'exposition présente une sélection du travail effectué ces dix dernières années par la lauréate du prix Casa Africa, qui récompense la meilleure photographe féminine en Afrique.

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