Toulouse : l’Afrique en portraits au Château d’Eau

  • "Belle de jour, 1975", de Sanle Sory. A droite, des portraits de Ruth Ossai et Zanele Muholi. "Belle de jour, 1975", de Sanle Sory. A droite, des portraits de Ruth Ossai et Zanele Muholi.
    "Belle de jour, 1975", de Sanle Sory. A droite, des portraits de Ruth Ossai et Zanele Muholi. Photos DR
Publié le , mis à jour
Jean-Marc Le Scouarnec

l'essentiel Le Château d’Eau, à Toulouse, a la judicieuse idée de nous offrir une exposition très rafraîchissante en cet automne qui ne l’est pas vraiment. A l’affiche : Sanlé Sory et ses années "Bobo yéyé".

Photographe de studio burkinabé né en 1943, Sanlé Sory a réalisé des milliers de portraits dont on découvre une toute petite partie au Château d’Eau. L’homme, longtemps inconnu hors de sa ville, Bobo-Dioulasso, a travaillé pour une clientèle populaire, principalement entre 1960 et 1983. A l’époque, le pays s’appelait encore la Haute-Volta et mettait toute son énergie à s’affranchir d’un colonialisme récent. Et à oublier un quotidien difficile en se jetant à corps perdu dans la musique et la fête. Sur les images au format carré (caractéristiques du Rolleiflex), la jeunesse porte casquettes et nœud pap, lunettes voyantes, pantalons patte d’eph’, blousons customisés (dont un en hommage à Jimi Endrix !). A l’extérieur, les bagnoles sont des DS ou des 2 CV, les deux roues de solides Mobylettes. Les groupes à la mode, immortalisés par Sanlé Sory, s’appellent Brother Ngomalioh & His Afro Combo ou les Imbattables Léopards.

Grand Connaisseur de la photographie africaine, le Toulousain Philippe Guionie a rencontré Sanlé Sory une fois, chez lui, à Bobo-Dioulasso, deuxième grande ville du Burkina Faso.

Modeste artisan

"C’est un homme affable, bienveillant, très proche de son quartier. Dans son studio, les clients avaient à leur disposition des décors naïfs peints sur des bâches, propres à faire voyager ; à exprimer ce que l’homme africain imagine de la richesse, de la modernité, de la gloire."

Comme les désormais célèbres Seydou Keïta (1921-2001) et Malick Sidibé (1936-2016), Sanlé Sory a longtemps officié dans l’ombre, tel un modeste artisan. "Comme ses aînés, il n’avait aucune conscience de l’aspect artistique de son travail. Il faisait son métier, répondait à des commandes, rajoutait souvent une pincée d’humour. Sa pratique était liée au quotidien, à ce qui rythme la vie des gens, aux moments de célébrations comme les mariages."

Et comme ses aînés, Sanlé Sory a bénéficié du coup de pouce d’un Français, Florent Mazzoleni, qui, à partir de 2011 a vu combien ce fonds photographique recelait de pépites. "C’est un regard extérieur comme le nôtre qui perçoit tout cela comme une œuvre artistique, conclut Philippe Guionie. On y voit comment un témoignage hyperlocal montre toute une société, une époque, des mouvements de mode." Qui aujourd’hui nous amuse et nous touche.

Exposition "Bobo yéyé", jusqu’au 15 novembre au Château d’Eau (1, place Laganne), Toulouse. Tél. 05 34 24 52 35. Ouvert du mardi au dimanche de 13 h à 19 h. Tarifs : 2,50 € et 4 €.

Jeune garde

Sanlé Sory ne figure pas dans le livre "Africa 21esiècle"(Textuel, 270 pages, 55 €), qui vient de sortir. Normal puisqu’il est né en 1947. Par contre, dans sa sélection chatoyante, Ekow Eshun fait figurer quelques artistes exposés ces dernières années à Toulouse: Pieter Hugo et Jodi Bieber (cette dernière au cœur de la collection très axée sur l’Afrique de Freddy Denaes) au Château d’Eau et Zanele Muholi au musée des Abattoirs(photo ci-contre).L’ouvrage, qui tombe à point nommé pour sortir des sentiers battus face à un continent qui véhicule tant de clichés, rappelle le rôle qu’ont joué des modèles comme Kader Attia, Mohau Modisakeng ou Guy Tillim mais nous jette dans le bain bouillonnant d’un art en pleine effervescence. Le Sud-Africain Michael MacGarry jette un regard ironique sur une ville nouvelle construite à grands frais mais jamais habitée en Angola. L’Ethiopien Michael Tsegaye se penche sur l’urbanisation galopante dans son pays. Le Nigérian Ruth Ossai(photo ci-contre)livre des portraits de beaux gosses de ses connaissances. La tradition est là, dans le sillage d’un Sanlé Sory, avec en plus un soupçon de provocation
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