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Photojournalisme : les géants du Web entrent dans la danse

Google et Instagram font une entrée remarquée au 28 e festival de photojournalisme Visa pour l'image.

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Par Nicolas Madelaine

Publié le 31 août 2016 à 01:01

Né à l'âge d'or de la presse magazine, alors pourvoyeuse de moyens permettant aux photoreporters de mener leurs investigations, le festival Visa pour l'image s'est fait, au tournant du millénaire, la vitrine de l'effritement du modèle.

Le marasme cède pourtant peu à peu la place à l'émergence de nouveaux acteurs. Les organisations internationales et non gouvernementales ont comblé une part du vide laissé par le recul des commandes des magazines. Le travail sur les femmes réfugiées demandeuses d'asile, que Marie Dorigny a pu suivre des plages de Lesbos jusqu'aux foyers d'Allemagne, a été, par exemple, initié et financé par le Parlement européen, en partenariat avec Visa. Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) participe, de son côté, depuis six ans à l'un des treize prix décernés lors du festival avec son Visa d'or Humanitaire, doté à hauteur de 8.000 euros. Les prix et bourses sont devenus une autre importante bouffée d'oxygène pour les professionnels. « Il y a vingt-huit ans, j'étais contre ! », admet Jean-François Leroy, le directeur fondateur du festival. En 2015, l'enveloppe des prix à Visa pour l'image a atteint 135.000 euros. « Il faut se rendre à l'évidence, beaucoup de rédactions aimeraient aujourd'hui avoir un tel budget photo », pointe-t-il.

Mais, cette année, la surprise se situe du côté des géants du Net, qui font une entrée remarquée dans le sérail des acteurs officiels. La table ronde de jeudi, intitulée « Comment Google News Lab peut aider les photojournalistes travaillant en zone de crise », promet de susciter intérêt, curiosité et... réactions. Contacté par le festival il y a moins de deux semaines, Google a immédiatement répondu présent à l'appel. David Dieudonné, passé de l'AFP à Google France en mars dernier, se trouvera autour de la table, mais on devrait aussi croiser dans la salle la jeune recrue de la maison mère Anna Dickson, spécialiste de la photographie et des réseaux sociaux qui a fait ses armes au « Wall Street Journal » et au Huffington Post.

Côté photographes, David Guttenfelder, reporter du « National Geographic » aux près de 1 million d'abonnés sur Instagram, essuie, lui, les plâtres de la première exposition dans l'histoire du festival issue d'un travail sur ce réseau social, avec des formats carrés issus exclusivement de son compte. Il encourage ses confrères et consoeurs dans la voie du Net : « Nous devons être où les gens sont. Maintenant, un photographe doit se représenter lui-même, s'adresser en direct à son public et Instagram est un moyen phénoménal de le faire et de ramener indirectement des commandes », explique-t-il.

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Nouvelles opportunités

Des opportunités de gains directs existent également : certains photographes choisissent de monétiser auprès des marques leurs prises de vues de produits, ce que David Guttenfelder se refuse à faire. « Je ne veux pas saper mon travail journalistique, je fais attention. Mais ce que je sais, c'est qu'il ne faut pas abandonner le potentiel d'Instagram juste aux clichés de capuccinos et d'assiettes », précise-t-il.

Ce numérique qu'on regardait naguère comme un fossoyeur à Visa pour l'image deviendrait-il finalement porteur ? Son directeur se veut pragmatique. « Si Google, Facebook et Instagram ont recruté des pointures de la direction photo venues de la presse ces deux dernières années, on peut imaginer que ce n'est pas juste pour contrôler les clichés de chats ! » s'amuse Jean-François Leroy. De leur position grandissante de prescripteurs d'information, il n'y a qu'un pas, selon lui, à ce qu'ils en deviennent producteurs. Le photojournalisme pourrait être, pour eux, un vecteur de choix.

Michèle Warnet

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