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La première photographe star - Julia Margaret Cameron

Julia Jackson, la mère de l'écrivain Virginia Woolf, par Julia Margaret Cameron,
Julia Jackson, la mère de l'écrivain Virginia Woolf, par Julia Margaret Cameron, © Victoria and Albert Museum
Aurélie Raya

Cette artiste britannique de l’ère victorienne a commencé la photo à 48 ans. Une exposition londonienne lui rend hommage. 

A l’entrée de l’exposition, une longue pièce à l’étage du Victoria and Albert Museum de Londres, s’étale son visage, la fière et mystérieuse Julia Jackson. Cette femme encore jeune est la nièce de la photographe Julia Margaret Cameron et la future mère de l’écrivain Virginia Woolf. Si ce portrait accueille le visiteur, c’est parce qu’il illustre aussi bien la « technique » Cameron, éclairage contrasté et flou intentionnel que le choix des sujets de madame, des membres de sa famille, des amis, des proches, des poètes, des écrivains… Si l’on évoque le mystère, ce n’est pas au sens superficiel d’une énigme à résoudre pour celui qui observe la photo, mais parce que ce cliché semble attraper une pensée sombre, secrète, une mélancolie douce amère, bien au delà de l’apparence offerte. Ce portrait date de 1867. Cameron a 52 ans. Cette native de Calcutta, en Inde, père fonctionnaire anglo-indien et mère d’origine française aristocrate, pratique l’art de la prise de vues depuis seulement 4 ans. Sa fille lui avait offert un appareil pour son anniversaire, accompagné de ses quelques mots, « cela peut t’amuser, mère, d’essayer de photographier pendant tes heures de solitude à Freshwater ».

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Julia Margaret Cameron est une fausse amatrice, ambitieuse

Ce qui devait être un passe-temps de mère de famille bourgeoise délaissée par un mari plus vieux, devint une passion. Julia Margaret transforme sa cave à charbon en chambre noire, le poulailler des nombreux enfants du couple s’improvise atelier. Elle emploie la technique de l’époque, le procédé au collodion humide sur papier albuminé, mais ne photographie pas comme à l’époque. Elle ne cherche pas à reproduire le réel, la netteté classique l’ennuie. Julia Margaret Cameron expérimente, fait poser son fils, ses proches, souvent de profil, éclairés d’un clair-obscur diffus, dans des attitudes bibliques. L’image se révèle floue, à la fois sur et sous-exposée. Elle veut attraper la beauté dit-elle. Cela marche, chaque image en est imprégnée, même si un sentimentalisme excessif affleure face à ces petites filles dans des poses trop sérieuses pour leur âge…

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Charles Darwin par Julia Margaret Cameron, 1868
Charles Darwin par Julia Margaret Cameron, 1868 Victoria and Albert Museum, London

Il arrive à Cameron de dessiner sur le négatif, de le « retoucher » comme un vulgaire bout de papier. Surtout ne pas en déduire une négligence pour cet art naissant. Julia Margaret Cameron est une fausse amatrice, ambitieuse. Elle souhaite que son œuvre soit accrochée aux cimaises des musées et vendue dans de prestigieuses galeries londoniennes. Elle y parviendra. La qualité de ses « sujets », Julia évoluait dans un cercle intellectuel et artistique ou elle fréquentait l’ami poète Tennyson, le père de la théorie de l’évolution Charles Darwin, le mentor Henry Cole… contribuera à la conservation de son travail en ces temps reculés ou le portrait de célébrité n'est pas répandu. Sa proximité avec ceux qu’elle photographiait, son désir de capter davantage que la façade, ses visages en plan serré, ont influencé des photographes d’aujourd’hui dont la plus fameuse, Annie Leibovitz . Cette exposition au contenu dense vaut le déplacement, le siècle victorien balayé par un œil nouveau. 

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Exposition Julia Margaret Cameron au Victoria and Albert Museum, à Londres, jusqu’au 21 février 2016. 

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