Metz | Société Exposition French Doctors : « Ne devenons pas les victimes de la banalisation des images »
« Vous avez de la chance, à Metz, d’avoir une telle directrice de l’Arsenal ! On en a fait de belles expositions, ici. » L’hommage est pour Michèle Paradon. « Quand elle m’appelle, je sais que nous allons faire de grandes choses ! » Une nouvelle fois, le coup de fil à l’ex-grand reporter breton fait la part belle au photojournalisme. Alain Mingam , commissaire de la nouvelle exposition baptisée French Doctors, a actionné son vivier de copains. Ceux qu’il a croisés dans ces contrées en guerre, à l’autre bout de la planète. Cela tombe bien, José Nicolas en fait partie. Lui-même ex-grand-reporter, il a accompagné, dans les années 80-90, le doc Bernard Kouchner, a aussi été un des fondateurs de Médecins sans frontière. Il offre ses photos au regard et se paye même, avec l’ex-ministre de la Santé et des Affaires étrangères , un ticket pour le vernissage messin.
Vous devenez un habitué de Metz !
Alain Mingam, commissaire de l’exposition : « Oui ! Je me suis fait des amis, ici, beaucoup ! J’adore cette ville, il y règne une telle vitalité culturelle. Metz bouge, avec ses expos, son Livre à Metz. J’y ai souvent participé pour le compte de RESF ».
Cette expo est toute dédiée à Bernard Kouchner…
« En grande partie car José est un ami de l’ancien ministre. Et quoi que l’on en dise, on ne peut évoquer l’humanitaire sans Kouchner. Il a été un French Doctor, comme d’autres. Tous ces médecins ont fait bouger les lignes, ont sauvé beaucoup de vies et Bernard Kouchner a politisé l’humanitaire. Cela a permis les coups de projecteur sur ce qu’il se passait ailleurs. Il a montré, à l’époque, ce qui secouait le Biafra, il ne s’est plus jamais tu ».
À l’heure des réseaux sociaux, d’un flux permanent d’images choc, percutant nos yeux et notre conscience, comment peut survivre le photojournalisme ?
« Il est en danger, c’est une réalité. Aujourd’hui, tout devient propagande, beaucoup rapportent sans vérifier. Et si on ne prend pas garde à ce phénomène de grande vitesse qui nous étourdit, provoque une lassitude de la compassion, alors notre libre-pensée à l’intérieur même de nos démocraties est en danger. Cet alphabet de l’image que nous offre une exposition comme celle-ci, installe un terrain de réflexion indispensable. C’est une forme de salubrité civique. Ne devenons pas les victimes de la banalisation de l’image, refusons cette infantilisation en marche. Si on cesse de croire aujourd’hui à la vigilance que nous impose le photojournalisme sur notre vision du monde, nous serons manipulables à souhait demain ».
Votre photo préférée ?
« Celle de Bernard Kouchner en Afghanistan, assis au sol, montrant à un jeune les bons gestes pour prendre sa tension au patient. Il n’y a pas de pollution dans cette image. Elle est d’une grande beauté et si harmonieuse. C’est une photo magistralement à notre service ! »
Exposition French Doctors inaugurée ce vendredi 18 septembre à 14 h 30 à la gare de Metz puis à l’Arsenal en présence de Bernard Kouchner et José Nicolas.