Arles : le musée Réattu tire les plus beaux portraits de sa collection

La directrice du musée Réattu Pascale Picard a souhaité extraire les portraits qui se trouvaient parmi les 6 000 photos de la collection de l'établissement. Ainsi est née l'exposition "Imago", qui côtoie le travail de l'artiste Jean-François Bauret.

La directrice du musée Réattu Pascale Picard a souhaité extraire les portraits qui se trouvaient parmi les 6 000 photos de la collection de l'établissement. Ainsi est née l'exposition "Imago", qui côtoie le travail de l'artiste Jean-François Bauret.

Photos serge gueroult

Arles

120 photographies et autant de visages sont à découvrir jusqu'au 5 juin

Les musées cachent des trésors que le public n'a pas toujours la chance de voir. Au Réattu étaient conservées précieusement à l'abri des regards pas moins de 6 000 photographies. Le musée arlésien vient de se plonger dans cette extraordinaire collection pour en extraire 90 clichés avec une thématique : le portrait. Ainsi est née l'exposition Imago, visible depuis hier et jusqu'au 5 juin au deuxième étage de l'institution de rue du Grand-Prieuré.

"J'ai été ébahie par la richesse et la qualité de ces photos, glisse, enthousiaste, Pascale Picard, directrice du musée Réattu. Elles dressent une histoire incroyable du portrait." On y voit des célébrités ou des inconnus, posant (ou pas) devant l'objectif de grands artistes ou de photographes moins célèbres. Chaque cliché interpelle, et certains parleront même aux moins initiés du huitième art, comme ce portrait de Picasso par Robert Doisneau. Le peintre apparaît également dans la série signée Denise Colomb consacré aux artistes dans leurs ateliers.

On y reconnaît aussi Alberto Giacometti, Nicolas de Staël ou Marx Ernst. Plus loin, on découvre Dali par Jean Dieuzaide ou Paul Eluard et Piaf par Julia Pirotte. L'identité arlésienne n'est jamais loin, comme avec les couples Rouquette, Clergue et Cordesse, captés par l'objectif de Georges Tourdjman en 1990. Une partie de ces photos vient du dépôt des Rencontres, ces clichés "abandonnés" chaque année par les RIP à la fermeture des expos, et qui constitue 12 % des 6 000 tirages que conserve le musée Réattu.

"Ils venaient chaque année aux Rencontres"

D'autres clichés viennent de donation. C'est ainsi que parallèlement à Imago, le public est invité à découvrir le travail Jean-François Bauret. Claude Bauret-Allard, épouse de l'artiste, a décidé après la mort de son mari il y a un an, d'offrir au Réattu une immense photo de l'un des modèles préféré de l'artiste, prénommé Isabelle. "C'est une oeuvre marquante, très forte, qui sert au mieux le discours de notre musée" se réjouit Pascale Picard. Une trentaine d'autres portraits signés Jean-François Bauret ont été prêtés pour l'occasion par son épouse.

"Ce qui m'a intéressé, c'est la cohérence de son travail avec notre collection, explique la directrice du musée. Il offre un regard sur le nu différent de celui de Lucien Clergue avec des photos réalisées en studio, où on devine une grande complicité entre l'artiste et son modèle." Là encore, on retrouve des célébrités, comme Serge Gainsbourg, mais aussi des femmes et surtout des hommes anonymes, et souvent nus. Une collection surprenante, que le musée Réattu doit au lien fort qu'entretenait Jean-François Bauret. "Ils venaient chaque année aux Rencontres de la photo où il a beaucoup enseigné, raconte l'épouse de l'artiste, qui a elle-même des racines arlésiennes. Il exposait aussi au Festival de la photo de nu aux Baux-de-Provence."

En tout, ce sont donc deux expositions photo d'exception qui vous attendent au musée Réattu jusqu'au 5 juin.

"Les Amis du musée Réattu" propose à leurs adhérents une visite gratuite de l'expo Imago cet après-midi à 15 heures (adhésion possible sur place 25€ par personne 35€ par couple).


La polémique

Pour la petite histoire, l'un des clichés de Jean-François Bauret exposé à Arles, intitulé Les 2 enfants, est au coeur d'une polémique. La femme du photographe est en effet en procès avec le célèbre artiste américain Jeff Koons. Elle l'accuse de plagiat pour avoir pris Les 2 enfants comme modèle pour réaliser son oeuvre Naked, exposée fin 2014 au Centre Pompidou à Paris puis retirée à la suite de cette polémique. L'affaire est toujours en cours.