Sigma est le principal fabricant d’objectifs « compatibles », c’est-à-dire produits par une autre marque que l’appareil sur lequel ils seront montés. Après avoir longtemps joué la carte de l’optique abordable, la marque n’a cessé de monter en gamme ces dernières années. Aujourd’hui, certains de ses produits n’ont absolument rien à envier aux modèles les plus réputés des meilleurs fabricants. Ils restent cependant généralement moins chers que ceux issus des constructeurs d’appareils photo. Sigma propose donc des options particulièrement intéressantes pour ceux qui recherchent une qualité élevée pour un tarif raisonnable. Pour la monture E, plus de vingt objectifs sont proposés, de 14 à 400 mm. Voici nos favoris.

Le transstandard : Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN Art

Commençons par la nomenclature. Le 24-70 mm appartient à la série DG : il couvre donc le plein format 24×36 mm. La griffe DN signifie qu’il est conçu pour les hybrides. Enfin, la mention Art indique qu’il s’agit d’une optique haut de gamme, destinée à affronter directement les meilleures références du marché.

Sur certains points, le Sigma 24-70 mm f/2,8 Art se paie le luxe de dépasser le… Sony 24-70 mm f/2,8 GM, l’étalon actuel de ce type d’objectifs. Il est par exemple meilleur en proxyphotographie, grâce à une mise au point réduite à 18 cm au grand-angle et un rapport de reproduction maximal de 0,34× (contre 38 cm et 0,24×).

Sigma 24-70mm F2.8 DG DN Art

 

Sur le plan optique, Sigma a mis les grands moyens. Sur 19 lentilles, 8 sont en verre à faible dispersion ! L’image est ainsi presque totalement exempte d’aberrations chromatiques. Les traitements antireflets sont également au sommet des technologies modernes. Enfin, le piqué est particulièrement élevé au centre, quelle que soit la focale choisie. Sur le plan fonctionnel, vous noterez un autofocus rapide et silencieux, une construction tout-temps et une touche de verrouillage de la mise au point.

Sigma le propose pourtant à un tarif inférieur de moitié à son équivalent Sony. Il a donc fallu faire des compromis. Ceux-ci portent principalement sur le vignettage, élevé à pleine ouverture, surtout à 24 mm. Mais il s’agit probablement du défaut le plus simple à corriger pour les logiciels actuels. Le rapport qualité-prix de cette optique est donc imbattable.

Macro et portrait : Sigma 105 mm f/2,8 DG DN Macro Art

Envie d’une excellente focale fixe, sans vous cantonner à un style précis ? Essayez donc le Sigma 105 mm f/2,8 DG DN Macro Art. Comme son nom l’indique, cet objectif est conçu pour la macro : il permet une mise au point à moins de 30 cm, avec un rapport de reproduction de 1:1. Autrement dit, l’image est aussi grande que le sujet. Un objet de 3,6 mm occupe ainsi la totalité d’un capteur plein format !

Sigma 105 mm F2.8 DG DN Macro Art

 

L’ergonomie de ce 105 mm s’adresse aux amateurs confirmés. Outre la bague de diaphragme et l’interrupteur permettant d’activer ou non les « clics », il intègre de nombreuses commandes de mise au point. Sélecteur autofocus/manuel et touche de verrouillage sont classiques, mais le limiteur de mise au point à trois positions est plus original. Vous pouvez bien entendu autoriser la plage complète, de 29,5 cm à l’infini. C’est simple et facile, mais l’autofocus peut alors être très lent. En macro, bloquez donc le point en deçà de 50 cm : cela évite que l’appareil aille « chercher » un sujet lointain qui n’existe pas. Vous pouvez également restreindre l’objectif au-delà de cette distance, ce qui permet de profiter pleinement de la réactivité de l’autofocus pour d’autres types de travaux.

Exemple de photo au 105mm Macro par Aya Iwasaki
Conçu pour la macro, le 105 mm offre aussi un élégant bokeh à pleine ouverture, idéal en portrait. © Sigma / Aya Iwasaki

Quels autres types de travaux ? Les objectifs macro excellent souvent en portrait, et le Sigma 105 mm ne fait pas exception. Sa longueur focale est idéale pour saisir des plans poitrine à deux à trois mètres. Son piqué élevé dès la pleine ouverture permet d’avoir un visage parfaitement net, bien détaché sur un arrière-plan flou.

Notez que, contrairement aux autres Art de notre sélection, cet objectif n’a pas d’adversaire désigné dans la gamme Sony. Le plus proche est le 90 mm f/2,8 Macro, mais sa focale plus longue le place sur un créneau légèrement différent.

Le maître du portrait : Sigma 85 mm f/1,4 DG DN Art

Si vous souhaitez réellement travailler le portrait, un petit téléobjectif à grande ouverture sera plus adapté. Le Sony 85 mm f/1,8 est abordable et excellent, mais pour réduire à l’extrême la profondeur de champ et profiter d’un bokeh crémeux, monter à f/1,4 est idéal. Dans ce cas, le Sigma 85 mm Art peut être le modèle qu’il vous faut.

Sigma 85mm F1.4 DG DN Art

 

Lui aussi fait partie de la série Art, et lui aussi attaque frontalement les références du marché. Sa fiche technique rappelle ainsi le 85 mm GM de Sony. Comme lui, le Sigma propose un diaphragme à 11 lamelles, assurant un superbe bokeh. Comme lui, il permet de prendre des visages en gros plan, avec une mise au point minimale à 85 cm. Comme lui, il intègre une bague de diaphragme dont les clics peuvent être désactivés pour la vidéo.

Il propose également une formule optique pointue, avec un élément asphérique et cinq lentilles en verre à faible dispersion. Il assure ainsi une image homogène, précise et dépourvue d’aberrations chromatiques. L’idéal pour faire ressortir le sujet, parfaitement net, sur un fond spectaculairement flou !

Cependant, le Sigma est compact et léger, avec 9,4 cm de long et 630 grammes (contre 10,8 cm et 820 g). Il est donc plus discret et plus transportable. Les amateurs de portraits de rue, qui passent leurs journées à marcher, appareil en bandoulière, apprécieront.

L’animalier abordable : Sigma 100-400 mm f/5-6,3 DG DN OS Contemporary

Changeons de gamme avec ce télézoom compact : le 100-400 mm appartient à la série Contemporary. Celle-ci ne cherche pas à affronter les optiques haut de gamme sur leur terrain, mais à proposer un tarif agressif pour des objectifs habituellement prohibitifs. Malgré ses focales identiques, le Sony 100-400 mm GM n’a donc rien à craindre : ses qualités optiques restent inégalées.

Sigma 100-400mm F5-6.3 DG DN Contemporary

 

Avec le 100-400 mm Contemporary, Sigma relève un défi très différent : proposer un très bon 400 mm, pesant à peine plus d’un kilo, pour moins de 1000 €. Cela, sans renoncer à la protection antiruissellement ni à toutes les fonctions utiles sur un tel télézoom.

L’objectif dispose ainsi d’une touche de verrouillage de mise au point et d’un limiteur de course. La séparation est ici à six mètres. C’est assez loin pour éviter que l’autofocus accroche le bosquet derrière lequel vous vous cachez pour photographier un renard, mais suffisamment proche pour saisir à la volée le bouquetin qui déboule à l’angle d’une falaise.

Exemple de photo au 100-400mm C, par Aya Iwasaki
Le 100-400 mm est conçu pour immortaliser des animaux sauvages. © Sigma / Aya Iwasaki

Notez également le sélecteur de stabilisation. D’une part, les très longues focales peuvent atteindre les limites de déplacement des capteurs des appareils photo. D’autre part, ce télézoom abordable peut être associé à des appareils plus anciens ou à des modèles APS-C, dépourvus de stabilisation du capteur. Sigma a donc intégré une stabilisation optique. À son habitude, le sélecteur propose trois positions. Off la désactive, 1 l’active normalement. Quant au mode 2, il ne stabilise que les mouvements verticaux, permettent de suivre un sujet qui passe autour du photographe. Il est donc conseillé pour réaliser des filés sur une voiture qui passe ou un goéland qui longe la côte par exemple.

Le standard pour APS-C : Sigma 30 mm f/1,4 DC DN Contemporary

Nos sélections de ce début d’année s’adressent principalement aux utilisateurs de plein format. Mais nous ne pouvions pas conclure sans un conseil pour les possesseurs de capteur APS-C : quelle pourrait être leur première focale fixe ?

Le Sigma 30 mm f/1,4 Contemporary est un excellent choix. Comme le sigle DC l’indique, il est destiné aux capteurs APS-C, sur lesquels il donne le cadrage d’un 45 mm sur un plein format. C’est donc un parfait exemple de l’objectif « standard », celui dont nous trouvons les images les plus naturelles. Son ouverture à f/1,4 permet de photographier en très basse lumière. Elle permet aussi de jouer avec la profondeur de champ, le diaphragme à neuf lamelles assurant un bokeh élégant. Voici donc le compagnon idéal d’un Alpha série 6000 !

Sigma 30mm F1.4 DC DN Contemporary

 

Notez que c’est le seul objectif de cette page à ne pas disposer de protection anti-ruissellement. C’est compréhensible : il coûte 330 € et pèse moins de 300 grammes. Sans être paranoïaque (le matériel moderne est généralement assez résistant), soyez donc prudent si vous sortez sous la pluie.

Sigma, la polyvalence au bon prix

Outre les « favoris » ci-dessus, Sigma propose une large gamme d’optiques, parfois très spécialisées, pour hybrides et pour reflex. Certaines, comme le 24-35 mm f/2 et le « Bigma » 60-600 mm, n’ont tout simplement aucun concurrent sur le marché.

La série Art offre systématiquement d’excellentes performances optiques. S’il arrive que certains concurrents soient encore meilleurs, les Sigma Art ne sont jamais de mauvais choix. Les gammes Sport et Contemporary proposent également de très bonnes références, en particulier pour ceux qui recherchent le meilleur rapport qualité-prix. Selon vos besoins, n’hésitez donc pas à comparer ces objectifs aux références habituelles Canon, Nikon ou Sony.

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Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

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