Les Années Argentiques, une vente aux enchères d’exception par l’AFP

Le dimanche 3 octobre, l’AFP (Agence France Presse) organisait sa première vente aux enchèresLes Années Argentiques, sous la direction de la maison de vente Digard Auction. Plus de 200 photos argentiques prises entre 1944 et 1998 et sélectionnées parmi un fonds argentique impressionnant ont ainsi été mises en vente. Au total, l’AFP a récolté plus de 300 000 euros et voici le top 5 des meilleures ventes.

Un fond d’exception, témoignage des mouvements du XXème

Ce sont près de 200 tirages issus du riche fonds argentique de l’AFP (doté de plus de 15 millions d’images dont 6 millions de photos argentiques nichées au siège de l’agence place de la Bourse à Paris) qui ont été présentés aux curieux et collectionneurs lors d’enchères internationales dont le succès a été total. Les 15 jours précédents, la vente avait vu les enchères monter sur le site Artsy.net alors que plusieurs galeries parisiennes exposaient les clichés proposés, tous certifiés « édition spéciale » et garantis pièces uniques sur papier baryté ou chromogène, avec tampon de l’AFP et certificat d’authenticité.

Le jour J a tout de même révélé de nouvelles surprises devant l’engouement du public pour ces archives cultes du photojournalisme datées de 1944 – date de création de l’agence – à 1998, marquant la numérisation quasi totale des images au sein de l’AFP.

Mort du Che, libération de Nelson Mandela, Libération de Paris en 1945, scène du quotidien du siècle dernier ou instants volés aux célébrités de l’époque : Les Années Argentiques rassemblent ce qui a fait l’actualité de la seconde partie du XXe. La vente permet également de mettre à l’honneur les signatures des collaborateurs passés et présents de l’AFP. Parmi les contributeurs un accent particulier a été fait sur le travail du photojournaliste Éric Schawb, l’un des premiers à avoir intégré l’agence à sa refonte en 1944.

Retour sur les 5 clichés qui ont battu tous les records lors de cette vente d’exception :

1. Serge Gainsbourg, rebelle immortalisé par Philippe Wojazer

Avec un prix de départ entre 800 et 1 500 €, c’est finalement pour 15 600 euros que s’est vendue la photographie de Serge Gainsbourg pris de profil en 1984 par Philippe Wojazer (membre de l’AFP avant de rejoindre Reuters). Instantané pris sur le plateau de l’émission 7 sur 7, le cliché immortalise le chanteur alors qu’il brûle un billet de 500 francs en direct, une scène qui avait fait scandale et affirmé la réputation sulfureuse de l’artiste.

Gainsbourg brûle un billet de 500 Francs. .

2. Jacques Chirac, l’élan d’un effronté capturé par Jean Claude Delmas

À la seconde place de ces enchères se retrouve la mythique photographie de Jacques Chirac, alors maire de Paris, enjambant un portique de métro. Prise en décembre 1980, cette photo signée du reporter photographe Jean Claude Delmas a été adjugée pour 6 500 euros, bien au-dessus de son prix de départ fixé entre 800 et 1 500 euros.

Jacques Chirac, fraudeur de métro? Cette photo culte montre en fait qu'il ne savait pas le prendre

3. L’adieu de la presse internationale au Che par Marc Hutten

Adjugée pour 5 200 euros, la photographie couleur du corps du Che exposé à la presse internationale avait été prise le 10 octobre 1967 par Marc Hutten pour l’AFP. Avec un prix de départ entre 600 et 800 euros, cette dernière image du révolutionnaire exhibé a participé à la légende du guérillero et a fait la réputation du journaliste disparu en 2012.

4. Ramzi Haidar offre un visage à la rage d’un peuple

4e photographie la plus prisée lors de ces enchères dédiées au photojournalisme, cette image montre une manifestante exprimer sa colère à Beyrouth lors d’une marche dénonçant la pauvreté. Réalisée en mai 1992 par le photojournaliste libanais Ramzi Haidar, cette photographie adjugée 4 550 euros (prix de départ entre 300 et 500 euros) aurait tout aussi bien pu être prise aujourd’hui alors que le Liban subit l’une de ses pires crises économiques.

5. Les derniers jours de la Guerre du Golfe vus par Patrick Baz

La 5e image à avoir attiré l’attention, vendue ex æquo avec celle de Ramzi Haidar pour 4 550 euros (prix de départ entre 300 et 400 euros) n’est autre que le cliché du photojournaliste franco-libanais Patrick Baz. On y voit l’explosion d’un champ de mines à la frontière irakienne en 1991 par l’armée britannique. Le reporter de guerre a couvert pour l’AFP de nombreux conflits au péril de sa vie.

Les recettes de la vente, soit près de 300 000 euros, intègrent le chiffre d’affaires de l’AFP. Ces bénéfices seront notamment mis au profit de la poursuite de la numérisation du vaste fonds photographique de l’agence.

Le succès de cette vente témoigne de l’engouement du public pour l’argentique, mais également, devant la variété des sujets plébiscités, du soutien des amateurs de photographie pour le photojournalisme et le reportage de guerre. Un soutien essentiel pour encourager la liberté de la presse et pour réaffirmer la nécessité d’une prise de parole indépendante de la part de la presse française comme internationale.

Pour découvrir ces images et les autres lots proposés à la vente rendez-vous sur la page dédiée à la vente Les Années Argentiques sur le site Diguard. Un catalogue d’exposition bilingue français – anglais est également proposé : une autre manière pour le public de revenir en image sur ces temps fort du photojournalisme.