PHOTOL’appareil photo a-t-il encore une raison d’être face au smartphone ?

Salon de la photo : L’art photographique peut-il se réinventer à l’ère du smartphone ?

PHOTOÀ l’occasion du Salon de la Photo qui se tient à Paris, « 20 Minutes » zoome sur l’attrait toujours croissant des jeunes pour la prise de vues
La photo se recentre sur un marché de passionnés désireux de réaliser de meilleures photos qu'avec un smartphone.
La photo se recentre sur un marché de passionnés désireux de réaliser de meilleures photos qu'avec un smartphone. - Sony / 20 Minutes
Christophe Séfrin

Christophe Séfrin

L'essentiel

  • Après deux ans d’absence, le Salon de la Photo se tient à Paris du 6 au 9 octobre 2022 à la Grande Halle de la Villette.
  • Si le marché de la photo reste globalement en décroissance, la passion de public pour l’image ne se dément pas.
  • Alors qu’ils abandonnent progressivement les appareils photo Reflex, les fabricants se recentrent sur les hybrides dont les promesses en photo vont bien au-delà de celles des smartphones.

Après deux ans d’absence en raison du Covid-19, le Salon de la Photo renoue avec ses habitudes et prend ses quartiers ce week-end à Paris*. Changement de lieu (la Grande Halle de la Villette succède à la Porte de Versailles), mais changement d’ère aussi. A l’heure où nous dégainons nos smartphones à la moindre occasion pour photographier et filmer notre quotidien, que reste-t-il à la photo, la vraie, dans un contexte où Canon a annoncé qu’il abandonnait l’appareil photo Reflex et où Nikon pourrait bien lui embrayer le pas ? « 20 Minutes » zoome sur les nouveaux contours de la photo.





La fin de l’appareil photo Reflex

L’EOS-1D Mark III lancé en 2020 devrait être le dernier appareil photo Reflex de la marque Canon. En janvier dernier, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le monde de la photo. Mais n’était pas surprenante.


Le EOS-1D Mark III, dernier Reflex Canon.
Le EOS-1D Mark III, dernier Reflex Canon. - CANON

Nikon devrait suivre. « On a arrêté le D3500 qui était notre entrée de gamme. Nous n’avons pas de raison d’accélérer ce rythme-là, mais il faut rester que dans une logique industrielle et économique », explique à 20 Minutes Nicolas Gillet, directeur marketing et communication de Nikon France. Entendez que le constructeur conservera ses lignes de production Reflex tant qu’il s’en vendra suffisamment, mais ne lancera pas de nouveaux modèles.

Pris dans un étau où les appareils photo compacts numériques ont été remplacés par les smartphones et où les Reflex, concurrencés par les appareils photo hybrides qui ont le vent en poupe, leur damnent le pion, le monde de la photo a besoin de se réinventer.

Des chiffres encourageants

Pour autant, « on prend de plus en plus de photo, on filme de plus en plus, c’est impressionnant », constate Fabrice Abuaf, chef de produit photo chez Sony France. Selon une étude Sociovision pour le Salon de la photo**, 69 % des jeunes se disent passionnés par la photo ; 22 % affirment que faire de la photo permet d’exprimer leur personnalité et 15 % d’interagir et de discuter, mais en images.

Parallèlement, la vidéo se développe fortement : 33 % des 15-29 ans la pratiquent dans la vie quotidienne. Plus encore, on constate un développement de la photo dans la sphère professionnelle pour mieux communiquer sur les réseaux sociaux. Si 59 % des jeunes l’affirment, l’enquête Sociovision révèle que 67 % des commerçants et artisans, 56 % des cadres et 55 % des Franciliens ont « besoin de faire des belles photos pour promouvoir leur activité professionnelle » !

« On prend de plus en plus de photos avec des smartphones et moins avec des appareils photos, ce n’est pas un secret », poursuit Fabrice Abuaf. Mais selon lui, « le marché de la photo s’oriente vers des utilisateurs qui cherchent des photos qu’ils ne peuvent pas faire avec un smartphone ».

Créativité et esthétisme

Face à des volumes de ventes d’appareils photos qui s’effondrent d’environ 20 % en un an, les fabricants doivent convaincre le public avide de belles images qu’il y a une vie après la photo sur smartphone. « On va donc se recentrer vers des gens qui font de la photo créative, éventuellement pro, avec une recherche d’esthétique et de qualité d’image qui va au-delà », note-t-on chez Sony France. « Là où l’on se concentre, c’est là où l’on aura vraie valeur ajoutée, auprès des amateurs avertis, des pros, voire des vidéastes qui deviennent un vrai marché », confirme Nicolas Gillet chez Nikon. Et c’est l’appareil photo hybride qui pourrait bien être la planche de salut du secteur.

L’hybride, le nouveau champion de la photo

Moins encombrant, proposé avec deux formats de capteurs (l’APSC pour l’entrée et le milieu de gamme, et le plein format pour le haut de gamme), l’appareil photo hybride peut aussi aller là où le Reflex est techniquement interdit de séjour. Dépourvu de miroir et de système de visée optique dans le boîtier, il est beaucoup plus rapide et rusé. « Dans un hybride, le capteur va faire la mise en point en live view permanente, il va aussi voir ce que notre œil ne voit pas la nuit, il est extrêmement avantageux », explique Fabrice Abuaf.


L'appareil photo hybride au look vintage Z fc de Nikon.
L'appareil photo hybride au look vintage Z fc de Nikon. - NIKON

« Dans un reflex, le capteur est caché derrière l’obturateur, pas sur l’hybride qui, lui, voit la route. Cela lui permet de reconnaître les visages, de faire la mise au point sur les yeux, d’être plus précis et rapide », ajoute de son côté Nicolas Gillet. Les photographes animaliers et photographes de sport en savent quelque chose.

Rassurer pour convaincre

Pour les mêmes raisons, l’hybride sera plus performant en vidéo. « La seule chose que l’on peut regretter du Reflex, c’est son viseur optique, mais le viseur numérique de l’hybride possède malgré tout un avantage complètement fou, c’est d’autoriser de penser sa photo en noir et blanc », vante Fabrice Abuaf, chef de produit photo chez Sony France. En effet, l’image y apparaît telle qu’on l’a définie et façonnée dans les réglages. Des réglages qui ne sont pas forcément compliqués.

« Il faut rassurer les acheteurs et notamment les jeunes quant à la complexité de ce matériel qui dispose aussi de mode automatiques qui assistent les photographes pour tout faire tout seul », précise Nicolas Gillet. « Sinon, ce seront toujours les mêmes paramètres : sensibilité, ouverture, diaphragme, angles. Mais un hybride et a fortiori un hybride plein format, va apporter un modelé à la photo. On trouvera des sensations très pures dans l’image », complète Fabrice Abuaf.

Budget : à partir de 700 à 800 euros pour un appareil photo hybride APSC et à partir de 1.000 à 1.500 euros pour un hybride plein format. A défaut, on peut aussi s’équiper en occasion, voire en reconditionné. Selon l’enquête Sociovision, 74 % des jeunes sont avides d’appareils photo vintage.


*Jusqu’au dimanche 9 octobre 2022, de 10h00 à 19h00, Grande Halle de la Villette, 211 Av. Jean Jaurès, 75019 Paris.

Plein tarif : 12 euros ; tarif réduit : 6 euros ; Gratuité : moins de 12 ans et accompagnateurs de personnes en situation de handicap.

** Réalisée du 30 juin eu 20 juillet 2022 auprès d’un échantillon de 1.507 personnes âgées de 15 à 65 ans et pratiquant la photo.

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