L'ÉQUIPE
Lena Drapella travaille depuis 2021 en collaboration avec la Fédération internationale d'escalade et suit plusieurs compétitions internationales. (A. Martinez)

« Mes photos les plus marquantes » (5/5) : Lena Drapella, la grimpe en falaise

Lena Drapella travaille depuis 2021 en collaboration avec la Fédération internationale d'escalade et suit plusieurs compétitions internationales. (A. Martinez)

« Mes photos les plus marquantes » (5/5) : Lena Drapella, la grimpe en falaise

Lena Drapella travaille depuis 2021 en collaboration avec la Fédération internationale d'escalade et suit plusieurs compétitions internationales. (A. Martinez)

Cet été, nous vous proposons de découvrir les clichés les plus marquants de photographes de l'univers des sports de glisse et extrêmes. Dernier épisode, à la rencontre de Lena Drapella, photographe d'escalade qui travaille notamment pour l'IFSC.

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Sa plus belle photo
« Cette photo est l'une de mes préférées pour plusieurs raisons. D'abord, il s'agit d'un des spots d'escalade les plus iconiques du monde : la montagne de Céüse, dans les Hautes-Alpes, en France. Avec notamment une des voies les plus difficiles au monde : Bibliographie (9b +). Le grimpeur de la photo, Seb Bouin, est aussi l'un des plus talentueux, et j'ai la chance de travailler régulièrement avec lui. Il y a eu tant de photos prises sur cette paroi, c'est dur d'apporter de la nouveauté. Mais je trouve que celle-ci a quelque chose d'unique grâce aux conditions climatiques exceptionnelles du jour. On voit que les nuages et la pluie arrivent, la paroi est en train de devenir glissante. Il y a une vraie urgence pour Seb qui doit réussir la voie rapidement avant qu'elle ne devienne trop humide, c'est le dernier essai de la journée, mais il joue aussi avec ses limites, et je trouve qu'on le voit sur son visage. J'aime immortaliser ces émotions dans l'instantané, et j'aime la lumière de cette photo, obtenue justement grâce à ces conditions climatiques particulières ! »

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Sa photo la plus appréciée
« Ma photo la plus appréciée est sans aucun doute celle-ci, de nouveau avec Seb Bouin, et toujours en France mais sur un autre spot de renommée internationale : la voie « DNA », notée 9c, dans les Gorges du Verdon (Var). Il s'agit d'une des deux voies les plus dures au monde, réussie par Seb Bouin il y a quelques mois seulement. Mais à l'époque de la photo, en 2021, il n'avait pas finalisé son ascension. Je l'ai suivi une journée d'entraînement, sans shooting de prévu, donc la priorité pour lui était de monter, et la mienne de le prendre en photo sans le gêner. Ce qui plaît dans cette photo, c'est évidemment le paysage, la forme de cette paroi si atypique. Et c'est d'autant plus impressionnant que cette cavité est cachée et apparaît seulement au détour d'un rocher lorsqu'on s'en approche. C'est sûrement l'un des lieux les plus spectaculaires que j'ai vus de ma vie. L'image a été reprise dans de nombreux magazines, notamment grâce à la performance de Seb bien sûr, et des particuliers m'ont même contacté pour l'avoir dans leur collection personnelle. »

(Lena Drapella)
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Sa photo la plus difficile à prendre
« Prendre des photos la nuit est toujours une chose ardue, notamment quand on cherche à avoir les étoiles et les nuages. Mais pour ce cliché, ce n'est pas tant au niveau technique que c'était difficile, mais plutôt la façon d'approcher le lieu pour le photographier. L'image date d'avril dernier, alors que j'étais au Kenya avec quelques amis pour réaliser l'ascension du Mont Kenya (5 199 m), que l'on voit sur l'image. Pour rejoindre cet endroit, il nous a fallu faire une approche de près de 5 jours de marche, avec des gros sacs malgré l'aide des porteurs, puis un ou deux jours d'ascension. Notre objectif était d'atteindre le sommet mais nous avons dû faire demi-tour à une centaine de mètres de l'arrivée parce que les conditions étaient trop difficiles, avec énormément de neige. L'image est issue d'un timelapse que j'ai pris à l'approche de la dernière partie de la montée. La lumière vient de la Lune, et le long temps de pose donne cette forme particulière aux nuages, qui semblent s'enrouler autour des montagnes. C'est vraiment toute l'histoire de ce cliché qui l'a rendu particulier à mes yeux. »

(Lena Drapella)
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Sa photo la plus surprenante
« C'était difficile de choisir une image pour cette catégorie car l'escalade est une discipline qui nous offre toujours beaucoup de surprises. Ici, nous sommes à Fairhead, en Irlande du Nord, en 2021. Je suivais la grimpeuse Maddy Cope pour son équipe Mammut. Le lieu est emblématique car d'énormes parois rocheuses sortent de l'eau, sur la côte au nord du pays. C'est un endroit intimidant, d'autant plus qu'il est réputé pour afficher souvent des conditions climatiques compliquées. Et c'était justement le cas ce jour-là, avec un épais brouillard, de la pluie et beaucoup d'humidité. Je pensais n'avoir rien d'utilisable à la fin de la journée, mais j'ai quand même essayé de faire ce que je pouvais. J'ai demandé à un ami de m'assister à la lumière : il est monté sur une autre ligne et a mis un flash sur Maddy Cope, pendant que je montais à ses côtés pour la photographier. On voit bien les gros nuages sombres arriver juste derrière. En fait, j'ai eu une fenêtre de 5 secondes durant lesquelles la brume s'est déplacée de façon incroyable, et ces 5 secondes m'ont permis de ne pas rentrer bredouille de cette journée ! »

Originaire de Pologne, Lena Drapella est une photographe spécialisée dans l'escalade, qui collabore notamment avec l'IFSC, la Fédération internationale d'escalade. Après une jeunesse où elle ne pratique ni l'escalade ni la photographie, elle entreprend des études d'art. Elle suit quelques cours de photographie mais c'est sa rencontre avec la pratique de l'escalade qui va réveiller cette passion en elle il y a 9 ans, alors qu'elle est âgée de 19 ans. Elle tombe amoureuse de la discipline et du mode de vie des grimpeurs, et y voit une possibilité de parcourir le monde à travers cette passion, qui va en fait devenir son travail. Elle devient instructrice d'escalade et photographe. En 2021, elle commence à travailler en collaboration avec l'IFSC et suit de nombreuses compétitions. « Les deux choses que j'aime le plus dans la photographie sont le soin apporté aux lumières et le fait d'avoir des émotions pures et fortes, explique Lena Drapella. Lors de leurs ascensions, les grimpeurs ne peuvent pas faire attention à leurs émotions, ils ne posent pas et ne sont pas sous leur meilleur angle. Il y a toujours de la vie et des émotions très pures que j'aime immortaliser. »

publié le 21 août 2022 à 11h00 mis à jour le 21 août 2022 à 20h22
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