Prix photo: le récap des grands lauréats de l’été et de la rentrée

par Camille Nivollet
Actu

Le point sur les photographes distingués ces derniers mois par les jurys des prix et concours photo.

Roopa Gogineni est l’une des quatre lauréates des bourses du programme CatchLight Fellowship. Son projet documentaire “Timepass” témoigne de l’évolution du village, en Inde, dont ses parents sont originaires.
© Roopa Gogineni.
  • CATCHLIGHT FELLOWSHIP: Koral Carballo, Roopa Gogineni, Bayeté Ross Smith et Daniella Zalcman

Le nom des quatre lauréats 2021 de la bourse américaine CatchLight a été révélé en juin. Il s’agit de Koral Carballo, Roopa Gogineni, Bayeté Ross Smith et Daniella Zalcman. Tous les quatre vont bénéficier d’une bourse de 30.000 dollars et d’un soutien professionnel afin de poursuivre leur projet photographique.

Koral Carballo est née en 1987 dans l’Etat de Veracruz, au Mexique. Après avoir commencé une carrière de photojournaliste, elle s’oriente davantage vers des projets au long cours autour des thèmes de l’identité, du territoire et de la violence. Explorant les origines de sa famille, elle enquête, avec “Siempre Estuvimos Aquí” (“Nous avons toujours été là”), sur l’invisibilisation des descendants d’Africains dans la population mexicaine. Ce travail lui permet de parler de l’héritage de la colonisation.

Photographe et vidéaste vivant entre Atlanta et Paris, Roopa Gogineni a obtenu la bourse pour son projet “Timepass”. Elle y évoque son histoire familiale et le village de Gudavalli, dans le sud de l’Inde, que ses parents ont quitté en émigrant en 1976. Depuis une dizaine d’années, Roopa Gogineni y est retournée à plusieurs reprises et a saisi les transformations du lieu au fil du temps, qui témoignent, plus largement, de celles de l’Inde. Elle pourra également profiter du programme CatchLight pour un deuxième projet: “Let The Record Show”, un atlas collaboratif sur l’histoire du sud des Etats-Unis.

Artiste, photographe et enseignant, Bayeté Ross Smith vit à New York, dans le quartier de Harlem. Il s’intéresse à l’histoire de la violence raciale aux Etats-Unis et ses conséquences aujourd’hui. “Red Summers: Domestic Terrorism 1917-1921” utilise à la fois des images d’archives, des photos et vidéos contemporaines ainsi que d’autres documents, dont des journaux d’époque.

Photographe documentaire américaine d’origine vietnamienne, Daniella Zalcman vit et travaille à La Nouvelle-Orléans et à New York. Fondatrice en 2017 de Woman Photograph, c’est à ce titre qu’elle a reçu la bourse CatchLight. L’organisation vise à promouvoir et à rendre visible le travail des photographes femmes ou s’identifiant comme “non binaires”. Elle dispose notamment d’une base de données de 1.300 photographes indépendantes dans plus de 110 pays, à même de servir de ressources pour des médias. La dotation de 30.000 dollars lui permettra de se structurer davantage et de poursuivre son action.

 

Le jury du prix Roger Pic a salué la série documentaire “L’Hôtel de la dernière chance” du photographe Alexis Vettoretti.
© Alexis Vettoretti.
“L’Hôtel de la dernière chance”, du photographe Alexis Vettoretti, lauréat du Prix Roger Pic 2021.
© Alexis Vettoretti.
  • PRIX ROGER PIC: Alexis Vettoretti

Hommage au grand reporter Roger Pic, décédé en 2001, ce prix piloté par la Scam récompense chaque année un ou une photographe portant un regard humaniste sur la société. Le jury pour cette édition, organisée en partenariat avec le magazine “Fisheye”, était composé de Jacques Graf, Sandra Reinflet, Guy Seligmann, Christine Spengler et Steven Wassenaar.

Il a choisi Alexis Vettoretti, photographe documentaire qui remporte une dotation de 5.000 euros pour “L’Hôtel de la dernière chance”. Ce travail témoigne, en noir et blanc, de la précarité d’hommes vivant dans un hôtel pour séjours de longue durée, au sein d’un quartier populaire de Paris. Ils payent un loyer de 500 euros par mois pour une chambre dépourvue de cuisine, avec les sanitaires à l’extérieur. Une chambre qui leur permet d’échapper à la rue.

“L’Hôtel de la dernière chance” sera exposé du 19 octobre 2021 au 18 mars 2022 à la galerie de la Scam, dans le VIIIearrondissement de Paris.

Le jury a également distingué d’une mention spéciale la série “Nébuleuse” de Florence Levillain, photographe de l’agence Signatures: une fiction sur une adolescente qui a la tête dans une bulle, comme un reflet poétique du contexte sanitaire actuel.

 

Le jury du Prix Découverte Louis Roederer a distingué la série “Master Rituals II: Weston’s Nudes” de Tarrah Krajnak lors des Rencontres d'Arles en 2021.
© Tarrah Krajnak.
  • PRIX DÉCOUVERTE LOUIS ROEDERER: Tarrah Krajnak, Ilanit Illouz

Le palmarès 2021 du Prix Découverte Louis Roederer, soutenu par Polka, a été annoncé lors de la 52édition des Rencontres d’Arles, le 10 juillet. Pour la première fois, il est entièrement féminin.

Le prix du jury, doté de 15.000 euros, récompense la photographe péruvienne Tarrah Krajnak pour sa série “Master Rituals II: Weston’s Nudes”. Il s’agit du deuxième volet d’un projet interrogeant la photographie et son histoire (le premier était consacré à Ansel Adams). Dans ce nouveau chapitre, centré sur les nus d’Edward Weston, Tarrah Krajnak aborde aussi la question des canons de beauté féminins. Le  dispositif est simple: elle se met en scène nue et reproduit des photographies de Weston en déclenchant à distance l’appareil photo. A la fois modèle et photographe, l’artiste étudie ainsi le rôle de ces deux protagonistes et la relation entre les deux.

Le prix du public a quant à lui été décerné à la photographe et plasticienne française Ilanit Illouz pour “Wadi Qelt, dans la clarté des pierres”, série photo expérimentale et environnementale sur la vallée de Wadi Qelt, située dans le désert de Judée, près de la mer Morte. Un travail sur le minéral, puisque le lac qui s’y trouvait s’est asséché.

 

Jérémy Lempin s’est vu décerner le Visa d’or dans la catégorie “Magazine” lors de la 33e édition de Visa pour l’Image, pour son sujet “Docteur Peyo et Mister Hassen”.
© Jérémy Lempin / Divergence Images.
  • VISA POUR L’IMAGE

Créé en 1989 par Jean-François Leroy, le festival international de photojournalisme est le théâtre de nombreuses remises de récompenses lors des soirées de projection. Cette année, six Visas d’or, quatre bourses et cinq prix ont été attribués. Voici le palmarès:

 

Aline Deschamps est lauréate de la bourse UPP-Picto avec sa série “I Am Not Your Animal”.
© Aline Deschamps.
  • BOURSE UPP-PICTO: Aline Deschamps, Julien Pebrel

L’Union des photographes professionnels (UPP) et Picto ont annoncé le 17 septembre les deux lauréats de leur bourse récemment créée: Aline Deschamps et Julien Pebrel. Cette dotation vise à aider et à soutenir la réalisation des projets de deux photographes professionnels résidant en France, l’un adhérent de l’UPP et l’autre non.

Photographe adhérente de l’UPP, Aline Deschamps reçoit 4.000 euros. Elle a présenté un travail sur des femmes originaire de Sierra Leone employées comme domestiques au Liban. Titrée “I Am Not Your Animal”, cette série photo témoigne de leur quotidien, du racisme et des abus dont elles sont victimes au Liban. Le texte qu’Aline Deschamps ajoute sur les photographies rend visible cette violence et donne une voix à ces femmes.

Non adhérent de l’UPP, Julien Pebrel perçoit 2.000 euros. Ce photographe membre de l’agence Myop mène depuis 2017 un projet au long cours sur la Géorgie. La série primée raconte en images le quotidien de Beso, Levan, Anzor, Jemal et Simon, bergers vivant au pied du mont Dali, dans le sud-est du pays, près de la frontière avec l’Azerbaïdjan. Nommé “Kingdom of Dali”, ce travail, en cours, alliera photo et vidéo.

 

Sans oublier…

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