Sony vient de présenter son nouvel objectif, le FE 50 mm F1.2 GM. C’est la première optique de la marque à dépasser l’ouverture de f/1.4. Il répond ainsi aux modèles équivalents de Canon et Nikon, tout en étant sensiblement plus compact.

Record d’ouverture pour Sony

La gamme Sony compte nombre d’objectifs ouvrant à f/1.4. Citons par exemple le paysagiste FE 24 mm f/1.4 et le portraitiste FE 85 mm f/1.4, récemment rejoints par le reporter FE 35 mm f/1.4. Et nous n’oublierons bien entendu pas l’incontournable Sony Zeiss Planar 50 mm f/1.4 : il fut, en 2016, l’une des premières focales fixes à grande ouverture pour les Alpha plein format.

Cependant, f/1.4 est désormais une ouverture relativement standard. On trouve mieux. Par exemple, il existe des 50 mm f/1.2 chez Canon, Nikon et Samyang. Sony se devait donc d’y répondre en proposant à son tour un tel objectif.

Sony 50mm F1.2 GM
Cette image est loin de montrer toutes les graduations de la bague de diaphragme…

Voici donc le Sony FE 50 mm F1.2 GM, qui intègre naturellement la série G Master, porte-étendard de la marque. Mais il ne s’agit pas seulement de remplir la gamme en proposant un modèle disponible dans d’autres systèmes. Sony cherche sans doute également à redevenir le mieux-disant sur sa propre monture, son Zeiss souffrant de la concurrence du Sigma Art 50 mm, moins cher et excellent.

Notez également qu’il s’agit du quatrième 50 mm Sony destiné aux hybrides plein format, après le Macro f/2.8, le compact et abordable f/1.8 et, donc, le précédent haut de gamme Sony-Zeiss f/1.4.

F1.2 pour le poids du F1.4

C’est sans doute le point le plus remarquable du Sony 50mm GM : il pèse 778 grammes. En comparaison, le Canon atteint 950 g, le Nikon frôle 1,1 kg, le Samyang culmine à 1,2 kg. En fait, ce nouveau 50 mm F1.2 se rapproche plutôt de l’encombrement habituel des 50 mm f/1.4. Pour preuve, le Zeiss pèse exactement le même poids et le Sigma fait 40 g de plus !

Sony FE 50mm F1.2 et concurrents
Le nouveau Sony F1.2 GM n’est pas plus encombrant que le précédent f/1.4.

Pour autant, Sony n’a pas lésiné sur les spécifications : après tout, c’est un G Master ! La protection anti-ruissellement et le traitement antitache de la lentille frontale sont évidemment de la partie. De même, la bague d’ouverture et les touches personnalisables sont présentes. La mise au point comporte une lentille flottante pour homogénéiser la netteté à toutes les distances, jusqu’à 40 cm. L’autofocus est confié à pas moins de quatre moteurs linéaires. Enfin, le diaphragme compte 11 lamelles, ce qui devrait assurer un bokeh particulièrement homogène.

Comparaison des formules des Sony et Nikon 50 mm F1.2
Les lentilles asphériques extrêmes permettent au Sony (à gauche) d’être plus simple, plus compact et plus léger que le Nikon (à droite, à la même échelle).

Pour limiter le poids, c’est donc sur l’optique que Sony a joué. Pas moins de trois lentilles asphériques extrêmes viennent limiter les aberrations, permettant de simplifier la formule et d’affiner les éléments.

Un objectif à F1.2, pour quoi faire ?

Au-delà des considérations techniques, c’est évidemment la principale question. À f/1.4, nous pouvons déjà photographier à main levée avec très peu de lumière. Descendre à FZ1.2 ne fait gagner que 1/3 IL : l’écart est plus faible qu’entre f/1.8 et f/1.4. Or, nous sommes déjà nombreux à trouver que la légèreté du f/1.8 fait plus que compenser la perte de luminosité, un écart de 2/3 de valeur ISO étant presque imperceptible sur les capteurs modernes. Ce n’est donc plus le travail en basse lumière qui justifie d’opter pour un objectif à F1.2.

Nous l’avons évoqué : cette optique devrait offrir un superbe bokeh. C’est sans doute la principale promesse d’une telle ouverture : jouer sur la profondeur de champ. Pour un portrait à deux mètres, elle ne dépasse pas 11 cm. Votre sujet pourra être parfaitement net du nez à l’oreille, tandis que son chignon commencera à s’adoucir et que le fond, même proche, sera totalement flou. Plus près, à un mètre, la sélection est encore plus spectaculaire : l’objectif à f/1.2 permet d’extraire une tranche nette de 2 cm à peine, presque moitié moins qu’à f/1.4.

Exemple de photo au Sony FE 50mm F1.2 GM par Sandra Åberg
Le 50 mm F1.2 permet de faire ressortir le regard en floutant… dès le menton ! © Sandra Åberg / Sony

Plus qu’un standard ultra-lumineux, le 50 mm f/1.2 est donc une optique à portrait, qui permet de combiner la sélectivité d’un 85 mm f/1.4 et un champ de vision plus large. Il exige naturellement une mise au point extrêmement précise ; c’est, par exemple, le principal handicap du Samyang XP 50 mm f/1.2, qui impose de faire le point manuellement et donc de faire poser le sujet.

Le Sony, à l’inverse, dispose d’un autofocus ultramoderne. Il devrait parfaitement s’accorder avec les derniers Alpha, qui détectent les yeux pour optimiser la mise au point. De quoi envisager des portraits spontanés, tout en conservant le rendu si particulier d’un iris net et d’une oreille floue…

Et les cinéastes ?

Comme sur d’autres G Master, les crans de la bague d’ouverture peuvent être désactivés, afin de jouer sur la profondeur de champ pendant l’enregistrement. La grande ouverture assurera un rendu homogène, en évitant de pousser la sensibilité lorsque la lumière baisse (bien qu’1/3 IL reste peu perceptible).

Quant à la profondeur de champ, elle permettra d’aller au-delà du rendu cinéma traditionnel : vous devriez pouvoir créer des esthétiques plus évocatrices du 70 mm ou de l’IMAX argentique que du Super 35. Enfin, l’autofocus à motorisation linéaire, fluide et silencieux, gère en douceur transitions et suivi de sujet.

Sony FE 50mm F1.2 GM sur Sony FX6
Étonnant : le plus lumineux des G Master paraît presque compact sur une Sony FX6 !

Ce 50 mm devrait donc parfaitement s’accorder avec les caméras Sony. Mieux, son poids raisonnable et sa longueur réduite (10,8 cm) sont adaptés aux dernières caméras compactes, FX6 voire FX3. Les fans de Kubrick pourront donc s’essayer au tournage à la bougie sans la complication technique de Barry Lyndon

Prix et disponibilité

Le Sony FE 50 mm F1.2 GM est proposé au prix de 2300 €, un tarif comparable à ses adversaires Canon et Nikon.

Avatar de Franck Mée
Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

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