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Lee Miller, la mode et la guerre : la photographe au-delà de la muse

Femmes accusées d'avoir collaboré avec les nazis, Rennes, France, 1944. Avec l'aimable autorisation de Lee Miller Archives.
Femmes accusées d'avoir collaboré avec les nazis, Rennes, France, 1944. Avec l'aimable autorisation de Lee Miller Archives. Lee Miller

Cet été, les Rencontres photographiques d'Arles font un focus sur les femmes photographes. Parmi elles, l'Américaine Lee Miller (1907-1977) trop longtemps enfermée dans son rôle de muse, dévoilée à travers l'exposition «Lee Miller - Photographe professionnelle».

«J'aime mieux prendre une photo qu'en être une !» La formule est de Lee Miller. Elle résume sa vie qui est un roman d'aventures et fera, en 2023, le sujet d'un biopic réalisé par l'Américaine Ellen Kuras avec au casting Marion Cotillard et Jude Law et, dans le rôle de Lee Miller, l'énigmatique Kate Winslet. Voilà qui va achever de réhabiliter la carrière de la photographe qui a longtemps été réduite au cliché de muse surréaliste, cheveux courts à la garçonne, long coup de cygne et corps de liane… Antony Penrose, le fils qu'elle a eu avec le peintre Roland Penrose, s'était fait rétorquer par le Moma de New York, alors qu'il voulait réhabiliter le travail de sa mère, qu'elle était seulement «une note de bas de page dans la vie de Man Ray».

Gaëlle Morel, commissaire de l'exposition «Lee Miller, photographe professionnelle (1932-1945)»* qui se déploie dans l'espace Van Gogh, à Arles, prend le contre-pied de cette remarque machiste et erronée, en se focalisant sur les années où elle n'était plus avec son mentor, montrant son travail pour Vogue, le studio qu'elle a dirigé à New York et surtout ses photos de guerre dans les camps de concentration. Car si Lee Miller fut le mannequin révélé par Condé Nast, à New York, puis le modèle des photos solarisées de Man Ray, à Paris, elle change de cap en 1932.

Femmes chapeaux Pidoux (avec marque de recadrage originale de Vogue Studio), Londres, Angleterre, 1939. Avec l'aimable autorisation de Lee Miller Archives. Lee Miller

Correspondante de guerre

Retour à New York où elle devient photographe, ayant son propre studio géré avec son frère Erik, tirant le portrait des acteurs de la bonne société et des artistes en vogue. C'est ainsi que commence l'exposition… Sauf que l'itinéraire de Lee est fait de ruptures, de foucades, d'engagements aussi. Les salons mondains, les toilettes chics ne l'intéressent plus. On est à l'aube de 1944. Lee Miller devient une des cinq correspondantes de guerre et couvre le conflit pour Vogue , signant un premier reportage de 14 pages.

Je vous supplie de croire que tout ceci est vrai

Lee Miller

Après la Libération de Paris, elle suit l'avancée de troupes américaines en Allemagne, escortée de son complice, David E. Scherman, reporter du magazine Life. En avril 1945, elle découvre le camp de concentration de Dachau. Lee Miller photographie, documente ces scènes d'apocalypse, cadavres entassés devant les fours crématoires, survivants comme des squelettes en pyjamas rayés, accumulation d'ossements… Ses photos de camps de concentration présentées en regard de son activité de studio et de commande créent la stupeur, la sidération chez le visiteur. Le télégramme qu'elle envoie à Vogue, en marge de ses photographies, sera publié tel quel : «Je vous supplie de croire que tout ceci est vrai».

«Lee Miller, Photographe professionnelle (1932-1945)», jusqu'au 25 septembre espace Van Gogh, Arles. rencontres-arles.com

Lee Miller, la mode et la guerre : la photographe au-delà de la muse

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1 commentaire
  • Marianne

    le

    Article intéressant !

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