Quatre nouveaux photographes chez Myop

par Dimitri Beck
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Après l’arrivée de Chloé Sharrock en juillet 2021, quatre nouveaux photographes rejoignent les dix-neuf membres de l’agence française: Laurence Geai, Zen Lefort, Michel Slomka et Adrienne Surprenant.

De gauche à droite: Laurence Geai, Zen Lefort, Michel Slomka et Adrienne Surprenant.
© Myop.

Depuis sa création en 2005, l’agence française intègre régulièrement de nouveaux membres. Chloé Sharrock avait rejoint le groupe en juillet dernier. C’est au tour de Laurence Geai, Zen Lefort, Michel Slomka et Adrienne Surprenant d’entrer chez Myop en ce début d’année 2022.

Cent vingt-quatre dossiers, dont une grande majorité issue de photographes francophones, ont été envoyés à la suite d’un appel à candidature ouvert à tous les profils en fin d’année 2021. Après le vote des dix-neuf membres de Myop, une dizaine de postulants a été retenue pour participer au dernier “round”.

“Nous avons toujours mis en avant la diversité des styles photographiques, du plus ‘news’ au plus ‘arty’, expliquent Guillaume Binet, Stéphane Lagoutte et Antoine Kimmerlin, ses directeurs. Mais ce que nous avons tous en commun, c’est avant tout une écriture documentaire, sensible et en prise avec le réel. Myop est une histoire de dialogues, d’intérêts portés sur le monde et de transcriptions de nos idées, de nos visions. Nous avons sélectionné des personnes qui s’intéressent à de grandes problématiques contemporaines avec rigueur et engagement.”

Ainsi, Michel Slomka a composé ces dernières années un important travail sur la région irakienne du Sinjar, fait d’images satellitaires et d’archives, dans une démarche quasi anthropologique. Zen Lefort poursuit un projet au long cours sur les Indiens d’Amérique, réalisé au moyen format analogique que le jeune photographe développe lui-même dans son studio, à Paris. Laurence Geai et Adrienne Surprenant, quant à elles, s’inscrivent dans la pure tradition du photojournalisme avec leurs reportages en Syrie et au Soudan du Sud, par exemple.

Si l’agence, forte de son esprit collectif, se porte bien plus de quinze ans après sa création, elle continue à s’enrichir de l’apport de nouveaux regards, “tout en faisant le choix de rester une famille, à taille humaine”, soulignent les directeurs.

“L’ouvrir et l’agrandir, c’est le début d’une histoire, d’un partage, c’est passionnant et stimulant, reprennent-ils. C’est aussi un grand bonheur d’imaginer que notre maison puisse aussi aider des photographes plus jeunes à développer leurs projets. Comme l’a dit l’un des nouveaux entrants pendant son entretien, notre acronyme ‘Mes Yeux Objets Patients’ [d’après un poème de Paul Eluard] peut aussi être ‘Mes Yeux Objets Poétiques’, ‘Mes Yeux Objets Politiques’.”

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  • Alep, Syrie, 6 mars 2018. Le marché se tient toujours dans le quartier d'Al Shaar, anciennement tenu par les rebelles.
    © Laurence Geai / Myop.
  • Mossoul, Irak, 5 juillet 2017. Des civils fuient les combats qui font rage dans la vieille ville. Pour vérifier que les hommes ne portent pas de ceinture explosive, les soldats des forces spéciales irakiennes les obligent à se mettre torse nu. Certains, suspectés d’appartenir à l’organisation Etat islamique, seront abattus sans aucune enquête.
    © Laurence Geai / Myop.
  • TGV Paris-Bordeaux, 10 avril 2020. Lors de l'opération “Chardon”, 45 malades du Covid-19 venus d’Ile-de-France ont été transférés vers Bordeaux et Poitiers par deux TGV, afin de désengorger les services de réanimation saturés.
    © Laurence Geai / Myop.
  • Tulle, France, 7 mai 2017. Le président de la République François Hollande est venu voter dans son fief pour le second tour de l'élection présidentielle. Il fait la tournée des bureaux de votes afin de saluer ceux qui l'ont suivi depuis des années.
    © Laurence Geai / Myop.

Laurence Geai

Diplômée en commerce international, Laurence Geai décide de changer de trajectoire pour devenir journaliste après une expérience professionnelle dans le secteur de la mode. Elle réalise ses premiers reportages en 2013 pour la télévision, puis en photo. Intéressée par les racines des guerres, elle se rend en Centrafrique, en Syrie, en Irak et en Israël/Palestine.

Installé à Paris, la photographe de 37 ans travaille aussi en France sur les inégalités, les migrations, la politique et les différentes problématiques de la société. En 2021, elle est lauréate d’un World Press Photo pour sa série sur le Covid en France (3e prix, catégorie “General News”).

Laurence collabore avec plusieurs publications, comme “Le Monde”, “Paris Match”, “Elle”, Polka, “La Vie”, le “Washington Post”, “La Croix Hebdo”, “Le Temps”, et avec des ONG.

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  • Kyle, Fort Robinson, Nebraska, Etats-Unis, 2016. De la série “Indian Land”.
    © Zen Lefort / Myop.
  • Nation Navajo, Arizona, Etats-Unis, 2017. De la série “Indian Land”.
    © Zen Lefort / Myop.
  • Slab City, Californie, Etats-Unis, 2019. La Salvation Mountain est l'un des symboles les plus célèbres de Slab City. Ici, une œuvre de l’artiste Leonard Knight. De la série “Dear Slab City”.
    © Zen Lefort / Myop.
  • Slab City, Californie, Etats-Unis, 2019. Bob, 21 ans, est étudiante en art à Los Angeles. Depuis quelques années, elle vient de temps en temps s’extraire de sa vie citadine en séjournant au Slab City Hostel. De la série “Dear Slab City”.
    © Zen Lefort / Myop.

Zen Lefort

Né en 1993 à Ajaccio, Zen Lefort est d’origine franco-japonaise. A 17 ans, il commence à travailler en tant qu’assistant de photographe à Paris. Très vite, il se tourne vers la photographie documentaire. En 2014, il part pour la presse couvrir le conflit en Centrafrique, puis suivra la révolution de Maidan et la guerre en Ukraine.

Choisissant de se consacrer à des projets au long cours, il documente pendant six ans la vie des Amérindiens, passant parfois plusieurs mois en immersion dans les réserves indiennes.

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  • Sêrê Salê, pendant le nouvel an, le jour des morts et la fête du printemps. Des mèches imbibées d'huile sont allumées dans tout l'espace du sanctuaire pour symboliser le retour du soleil, de la lumière et de la saison d'abondance. De la série “Sinjar, Naissance des fantômes”.
    © Michel Slomka / Myop.
  • Dans l'un des bâtiments utilisés pour accueillir les fidèles lors de leur visite à Lalish, des amoureux ont marqué leurs initiales avec la suie des mèches qui sont brûlées lors des cérémonies. De la série “Sinjar, Naissance des fantômes”.
    © Michel Slomka / Myop.
  • “Topographies I”, la dernière bataille pour Deir ez-Zor, octobre 2017. Bombardements sur le district d'Al Ommal.
    © Michel Slomka / Myop.
  • “Topographies I”, gouvernorat de Homs, Syrie, 2014. Une fuite dans un pipeline près de la ville de Tadmor (Palmyre).
    © Michel Slomka / Myop.

Michel Slomka

Après des études d’histoire et d’anthropologie, Michel Slomka débute une carrière de photographe indépendant en 2008, à l’âge de 22 ans. Son travail documentaire porte sur la façon dont temps, mémoires et territoires s’articulent, en particulier dans des contextes de violence politique (guerres, conflits, crises, déplacements forcés).

De 2010 à 2015, il travaille sur le retour des survivants du massacre de Srebrenica (Bosnie-Herzégovine). En 2016, il s’intéresse à la question des migrants disparus à la frontière orientale de l’Europe (Grèce). De 2016 à 2021, il collabore avec la réalisatrice de films Alex Liebert autour d’un vaste projet documentaire sur les Yézidis de Sinjar (Irak), victimes des exactions du groupe Etat islamique en Syrie et en Irak. Parallèlement, il documente, grâce à l’usage des images satellites, l’exploitation des champs de pétrole par le groupe Etat islamique dans la province de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie. Enfin, il mène depuis 2018 un projet au long cours sur le camp d’extermination de Birkenau, en Pologne.

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  • Old Fangak, Soudan du Sud, 5 octobre 2021. Trois familles fuient leur village inondé. Elles ont voyagé pendant une journée sur la rivière Bahr el Zeraf, et doivent encore parcourir plusieurs kilomètres avant d'atteindre ce qu'elles ont entendu dire être une terre sèche.
    © Adrienne Surprenant / Myop.
  • Old Fangak, Soudan du Sud, 4 octobre 2021. Des enfants mangent des nénuphars.
    © Adrienne Surprenant / Myop.
  • Djouba, Soudan du Sud, 12 mai 2021. Deux apprentis dans les studios du producteur ougandais Linus the Genius, qui a fondé Asylum Records en 2009, alors que le pays se préparait à voter pour son indépendance.
    © Adrienne Surprenant / Myop.
  • Djouba, Soudan du Sud, 25 mai 2021. Johnson Mike et Lushy Kay traversent le bidonville de Lologo. Le rappeur est retourné dans le pays en 2018: “Je veux me battre pour les gens qui n'ont pas d'ailes pour voler, dit-il. Je veux être une voix pour les sans-voix parce que je sais ce que ça fait, parce que je suis de là-bas.”
    © Adrienne Surprenant / Myop.

Adrienne Surprenant

Née en 1992, Adrienne Surprenant est une photographe canadienne installée en France. Après des études de photographie au Collège Dawson, elle s’est tournée vers des sujets au long cours. Ses thématiques de prédilection, situées à la lisière entre le visible et l’invisible, abordent les questions d’identité, de santé mentale, les droits humains et l’environnement. Sa photographie est un engagement social sans concession. Elle a ainsi travaillé au Nicaragua (2014-2015), puis entre le Cameroun et la République Centrafricaine (2015 à 2021).

Publiée dans de nombreux médias internationaux comme le “Washington Post”, “Time”, “The Guardian”, “Le Monde”, “Le Monde diplomatique”, Al Jazeera & The New Humanitarian, ses clients incluent aussi Médecins sans frontières, l’UNHCR, et Greenpeace.

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