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Musée Albert-Kahn: des collections mieux présentées

EXPOSITION - Les rénovations récentes font la part belle à l’interactivité et à la pédagogie, avec une scénographie renouvelée.

«Je ne vous demande qu’une chose, c’est d’avoir les yeux grands ouverts.» Mise en exergue à l’entrée du musée, la phrase qu’Albert Kahn lançait à ses jeunes boursiers avant que ceux-ci partent au loin s’adresse désormais à chaque visiteur. Une scénographie entièrement renouvelée les attend.

Première cause d’étonnement: ce long mur où plus de 2000 fac-similés de plaques photographiques au format d’origine (9 × 12 cm) sont rétroéclairés. Le tout suit l’inventaire des collections, partant de la première plaque inscrite sur les registres, il court sur toute la longueur du rez-de-chaussée, y compris en haut des gradins formant forum pour des spectacles audiovisuels. Et cela jusqu’à l’escalier menant au «salon des familles», espace ludique et pédagogique de 166 m² également en accès libre, où l’on peut, comme jadis, sur un fond vert uni, se faire tirer le portrait. Où les enfants apprennent ce qu’est un plan fixe, un travelling, un panorama, tandis que leurs accompagnateurs peuvent souffler sur les poufs ou dans des fauteuils aux velours colorés.

Pool d’opérateurs

En suivant la ribambelle de fac-similés on effectue une boucle qui passe par la pointe est, où sont présentées la vie et l’œuvre du fondateur. On y voit ses déplacements et tous les itinéraires des missions successives.

On y fait connaissance avec les compagnons de route aussi bien qu’avec les amis, relations et soutiens. À commencer par le géographe Jean Brunhes, le voyageur photographe Jules Gervais-Courtellemont, le père missionnaire Francis Aupiais ou le cadreur cinématographique Lucien Le Saint. Des écrans permettent d’écouter au choix des interviews, des lectures, de s’intéresser à des regards croisés. D’un bureau interactif on tire quelque dossier détaillant la dizaine de fondations créées par le philanthrope. Un autre, sur le même principe, informe au sujet des laboratoires et des centres de documentation créés ou financés par Kahn. Surtout, un silo central invite à se transformer en membre virtuel de son pool d’opérateurs, entre découverte et contemplation. D’un pupitre numérique on sélectionne une thématique, toujours riche d’images que l’on peut agrandir, et de films. Il suffit d’appuyer sur la tablette tactile, et le spectacle à la carte commence au mur.

Suivent, en revenant vers l’ouest, une boutique, le hall central avec sa billetterie et son vestiaire puis un café, et, à l’extrémité ouest, un centre de documentation. Au premier, passé l’espace de découverte, et avant le restaurant-terrasse, qui n’ouvrira pas avant la fin de l’année (vue imprenable sur la canopée du village japonais et ses maisons traditionnelles), toujours dans des teintes grises, terre et ambre, toujours dans une ambiance épurée et moderne, bois clair, bambou et métal, 600 m² d’un seul tenant sont dédiés aux expositions temporaires.

La première de l’après-mue (jusqu’au 13 novembre) débute sur le tour du monde de 1908, périple initial du banquier en tant qu’archiviste en chef de la planète. Kahn s’était alors fait accompagner par son chauffeur mécanicien Albert Dutertre, formé à la prise de vues cinématographique et à la stéréoscopie, mais pas encore à la captation autochrome.

Auditorium

Le parcours permanent se prolonge à l’extérieur, dans les édifices patrimoniaux du jardin, rappelant ainsi la symbiose du végétal et de la collection d’images. Curiosité: baptisé «Madame Laurent», un robot fait le guide, répondant aux questions pratiques et présentant le site et ses collections en différentes étapes.

Du côté de la grande serre, les ailes latérales élégamment agrandies s’animent dorénavant d’expositions sur la flore ou consacrées à ses amateurs les plus prestigieux, Bergson, Tagore, Clemenceau, Isadora Duncan, Joffre, Louis Lumière, Foujita, le président Auriol et sa famille, sir Chamberlain, Marcel Dassault, le Glaoui de Marrakech ou encore le biologiste Jean Comandon. C’est ici, dans l’ombre de hauts bananiers, que se trouvent concentrées en kaléidoscope les images du jardin à sa naissance et dans ses premiers printemps.

Plus loin, la grange vosgienne renseigne sur l’histoire horticole du site. Quant à la salle des plaques, qui n’a plus que l’apparence d’une réserve, elle restitue maintenant les travaux menés par les artistes et les chercheurs sur les collections. On y découvre des malles de voyage rouge (des Vuitton s’il vous plaît, ou, pour les besoins de la scénographie, des répliques). Elles sont disposées comme sur un quai de gare, et certaines présentées entrouvertes. Sous vitre, les appareils de prise de vue sont ceux maison ou ceux déposés ici par le Quai Branly, le Musée Carnavalet-Histoire de Paris ou d’autres institutions patrimoniales tel le Musée de Marmoutier, la ville natale d’Albert Kahn. Des écrans expliquent bien sûr à proximité leur manipulation.

L’ancienne galerie d’exposition a, elle, disparu, remplacée par un auditorium de 100 places plus une salle pédagogique et de conférences. Côté médiation humaine, de nombreuses visites commentées devraient répondre aux besoins les plus différents. De celle, courte, avec enfants de 2 à 18 mois, au focus fouillé avec un architecte ou un jardinier. Les anciens fidèles retrouveront avec plaisir la cérémonie du thé réalisée par l’École Urasenke dans le pavillon ad hoc. Proposées également: du yoga dans le jardin zen, une balade méditative en famille ou une autre en compagnie d’une conteuse et artiste. Dernière précision: le site @museealbertkahn propose également de nombreux contenus, utiles pour préparer sa visite ou pour aller plus loin, sur ses différents réseaux sociaux: Facebook, Instagram, Twitter et Vimeo.

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