Canon présente son EOS R5 C, un an et demi après l’EOS R5. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un dérivé du R5 conçu spécialement pour les tournages vidéo. C’est donc une véritable caméra, qui entre dans la gamme Cinéma de la marque. Il conserve naturellement l’enregistrement 8K en RAW et le capteur plein format de 45 MP, avec une ergonomie optimisée et un refroidissement actif.

Une ergonomie orientée vidéo

C’est évidemment à l’extérieur que les différences sont les plus visibles. N’attendez pas de révolution : le Canon EOS R5 C dérive étroitement du R5 et partage de nombreuses pièces avec lui. Au dos comme sur le dessus, vous retrouvez les mêmes touches aux mêmes endroits. Une molette sous l’index, derrière le déclencheur ; une roue codeuse et un joystick ; et une molette sous le pouce, intégrant la touche de sélection du mode…

Dessus du Canon EOS R5 C
Les fonctions par défaut des touches sont optimisées pour la vidéo (Iris auto par exemple).

Cependant, certains boutons changent de fonction pour améliorer l’accès aux options vidéo. Ainsi, le verrouillage de mise au point dispose d’un accès direct par défaut. Il est également possible de passer directement du réglage manuel au réglage automatique du diaphragme. La liste des options vidéo que vous pourrez attribuer aux touches personnalisables est par ailleurs plus longue. L’EOS R5 C permet en outre de régler la vitesse ou l’angle de l’obturateur, de 11,25° à 360°, et la sensibilité ISO ou le gain, de -6 à 42 dB. Ainsi, les habitués des caméras retrouveront aisément leurs marques.

Mais la véritable différence physique est l’interrupteur général : il permet désormais d’allumer l’appareil directement en mode photo ou en mode vidéo. Celui du R5, avec ses deux positions, permet seulement de lancer le boîtier pour la photographie.

Comparaison des Canon EOS R5 et EOS R5 C

Le design évolue tout de même franchement sur un point : l’épaisseur. L’écran n’est plus intégré au dos, mais fixé sur un bloc de deux centimètres. Celui-ci supporte, à gauche, l’unique nouvelle prise de l’EOS R5 C. Il s’agit d’une sortie du time code, permettant de synchroniser plusieurs caméras. Ce renflement dorsal possède surtout deux larges ouvertures : la ventilation…

L’EOS R5C, une vraie caméra pour filmer longtemps

En effet, les possibilités vidéo uniques de l’EOS R5 s’accompagnaient d’un petit défaut : le refroidissement. En particulier lors d’enregistrements en 8K, il a du mal à évacuer la chauffe des processeurs. Par de fortes températures, l’enregistrement peut ainsi se couper après quelques minutes.

EOS R5 C : vue 3/4 gauche sur la ventilation
Les ouïes de ventilation sont particulièrement évidentes sur le flanc gauche.

Canon a donc pris le problème à bras-le-corps et ajouté une véritable ventilation, comme sur les caméras traditionnelles. Ce n’est évidemment pas un cas unique : le refroidissement est une des différences majeures entre la Sony FX3 et le Sony α7S III. La chaleur étant évacuée au fur et à mesure, c’est la capacité des cartes mémoire à avaler le flux qui est désormais déterminante. Canon annonce ainsi 2 h 40 d’enregistrement 8K continu sur une carte de 512 Go, en HEVC sur 10 bits.

La 8K à 60p
L’EOS R5 C peut filmer en 8K 60p. Le R5 se contentait de la 8K 30p ou de la 4K 60p.

Pourtant, les possibilités vidéo progressent parfois notablement. En particulier, le mode 8K permet désormais de capturer jusqu’à 60 vues par seconde, une cadence doublée par rapport au R5. Le R5 C peut également enregistrer des fichiers proxy en définition réduite, pré-enregistrer en continu pour ne pas rater le début de l’action, utiliser l’espace colorimétrique BT.709 à grande dynamique ou HLG, autant de fonctions absentes du R5.

Des formats classiques

Pour le reste, les possibilités vidéo des deux modèles sont très proches. La vidéo 8K peut être enregistrée en RAW 12 bits sur une carte CF Express type B ou sur un Atomos Ninja V+ via la sortie HDMI. Il est également possible de filmer en RAW au format Super 35 ou Super 16. Dans ces cas, la définition est naturellement réduite : 5952×3140 px et 2976×1570 px, respectivement.

Du côté des fichiers compressés, c’est le codec le H.265 (HEVC) qui s’occupe des flux 8K. L’échantillonnage peut être en 4:2:2 ou en 4:2:0 sur 10 bits, en mode Long GOP (par groupes d’images). Les débits en 8K vont de 400 Mbps à 2140 Mbps, selon les formats retenus.

Espaces colorimétriques de l'EOS R5 C
Le choix d’espaces colorimétriques est plus large que sur le R5. Des fichiers LUT peuvent être utilisés.

En réduisant la définition à 4K ou moins, il est également possible d’enregistrer en H.264, en 4:2:2 10 bits ou 4:2:0 8 bits, en mode Long GOP ou Intra (image par image). Enfin, un mode « ralenti et accéléré » permet de capturer jusqu’à 120 im/s en 4K.

Dans tous les cas, notez que le second emplacement de carte mémoire, au format SD, se limite aux débits inférieurs à 650 Mbps. Vous aurez donc besoin de passer par la CF Express ou un enregistreur externe pour profiter d’une qualité optimale.

Le Canon EOS R5 C, un appareil photo aussi

S’il est optimisé pour la vidéo, l’EOS R5 C conserve toutes les possibilités de son aîné en photo. En fait, Canon est allé moins loin que Sony avec la FX3 : le R5 C reste extrêmement proche du R5 et il suffit de pousser l’interrupteur en position « Photo » pour retrouver le fonctionnement général de celui-ci. En particulier, le viseur est toujours présent, avec sa dalle OLED de 5,76 millions de points. Même la prise synchro-flash a été conservée !

Photographie avec le Canon EOS R5 C

L’EOS R5 C photographie donc en 45 MP. Il peut enregistrer en RAW sur 14 bits avec ou sans compression, et conserve la fonction Dual Pixel RAW du R5. La sensibilité peut monter à 51 200 ISO, contre 25 600 ISO en vidéo (et 102 400 ISO en mode étendu). La rafale reste à 12 im/s en obturation mécanique et 20 im/s en obturation électronique.

Les photographes ne noteront en fait qu’une seule véritable restriction : la stabilisation. Le capteur de l’EOS R5 C est solidement fixé au châssis, afin d’améliorer le refroidissement. En vidéo, il utilise une stabilisation électronique, éventuellement associée à la stabilisation optique des objectifs. Mais en photo, il repose intégralement sur les optiques – et ne propose donc aucune stabilisation avec des modèles comme le RF 50 mm f/1,2 ou le RF 28-70 mm f/2.

Connectivité de l’EOS R5 C

Comme le R5, le R5 C propose une connectique assez complète, avec ou sans fil. USB-C et Wi-Fi 5 GHz permettent de le contrôler à distance, depuis un ordinateur ou un périphérique mobile. Les applications Camera Connect, EOS Utility et DPP offrent un large choix de fonctions de prise de vue, d’édition et de publication, en photo comme en vidéo.

Contrôle de l'EOS R5 C depuis une tablette
L’application mobile comporte tous les réglages de prise de vue utiles.

Notez en revanche que le transmetteur Wi-Fi dédié, le WFT-R10, est indispensable pour la diffusion en direct sans fil.

Le Canon EOS R5 C, un hybride plutôt qu’une vraie caméra ?

Dans l’ensemble, Canon n’est pas aussi radical que Sony. Contrairement à la FX3, dépourvue de viseur et montée dans un boîtier carré multipliant les supports d’accessoires, l’EOS R5 C demeure un hybride classique, ressemblant beaucoup à l’Eos R5. Un photographe pourra emprunter l’outil d’un cinéaste, ou inversement, sans perdre ses repères.

Mixette XLR sur le Canon EOS R5 C
La mixette XLR reste indispensable pour utiliser des micros externes avancés.

Paradoxalement, l’EOS R5C est sur certains points la caméra la plus avancée de la gamme cinéma de Canon. Ainsi, c’est le premier modèle à dépasser la définition 6K. C’est aussi celle qui propose le plus d’options d’enregistrement RAW et son mode ralenti et accéléré est au sommet de la marque. Son autofocus, qui reprend les modes du R5, domine également. Mais un adaptateur est indispensable pour utiliser des micros XLR (cf. adaptateur XLR Tascam CA-XLR2d), et la prise en main reste celle d’un appareil photo hybride. Ce choix est sans doute idéal pour les reporters polyvalents. Ceux qui font, par exemple, de la photo et de la vidéo de mariage profiteront du meilleur des deux mondes et passeront d’un boîtier photo à une caméra sans heurt.

Les vidéastes les plus avancés, en revanche, espèrent sans doute toujours l’arrivée de cette électronique dans un boîtier plus proche des EOS C70 ou C100.

Prix et disponibilité

Le Canon EOS R5 C sera disponible en fin mars 2022 pour 5 000€.

Avatar de Franck Mée
Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

Écrire un commentaire

Retour en haut