Festival du Regard 2022, plongée au coeur de la Nuit photographique

Du 14 octobre au 27 novembre 2022, Cergy-Pontoise organise la 7e édition de son Festival du Regard. Pour cette nouvelle édition, le thème Bonjour La Nuit ! rassemble les 20 photographes exposés.

Pour la photographie – l’art d’écrire avec la lumière – le voile nocturne est un véritable challenge, mais aussi une source d’inspiration renouvelée. Le Festival du Regard permet ainsi de mettre en perspective des écritures photographiques contemporaines et des tirages d’archives unis par un même thème.

Nuits d’hier et d’aujourd’hui

Aux séries contemporaines s’ajoutent ainsi les images monochromes d’Anders Petersen réalisées en 1967 au Café Lehmitz dans le quartier rouge de Hambourg.

© Anders Petersen, Kleinchen Rose And Mona, CafeLehmitz 1967-1970, courtesy galerie Jean-Kenta Gauthier

De l’autre côté de l’Atlantique, c’est le photographe Todd Hido qui donne à voir une nouvelle version de ses nuits américaines dans le décor d’inquiétants et silencieux pavillons de banlieue.

Une nuit percée par la grandeur de décorations lumineuses dès l’approche des fêtes de fin d’année comme le dépeignent les images californiennes un rien kitsch de Laure Vasconi.

© Laura Vasconi, Merry Christmas

La nuit impose parfois à certains plus qu’à d’autres son obscurité. De sa cécité, le photographe Evgen Bavcar a su faire une force en nous proposant des clichés envoûtants et étranges. Ses images, comme celles de Carmen Street, nées de la carte blanche donnée par Cergy Pontoise à Ronan Guillou complètent cette riche programmation. 

© Evgen Bavcar, Katja, 1990, courtesy galerie Esther Woerdehoff

Rallumer les étoiles

Au Soudan, sous l’immensité de la voûte étoilée, Juliette Agnel donne à voir ce qui nous dépasse. Une magie de l’instant retranscrite sous un autre hémisphère par la Russe Evgenia Arbugaeva et ses clichés d’aurores boréales à couper le souffle sont également présentés.

Hypnotisés par la lune, Loewy & Puiseux en ont tiré des milliers de clichés. Ces archives sont également exposées durant le festival.

© Loewy & Puiseux, l’Atlas photographique de la Lune, vers 1894-1909, courtesy galerie Françoise Paviot

Villes endormies ou insomniaques

Nuit et ciel constellé restent bien souvent invisibles dans nos mégalopoles rongées par la pollution lumineuse. À l’aide d’astucieux montages numériques, le photographe Thierry Cohen réinvite la nuit dans nos villes avec Villes Éteintes.

© Thierry Cohen, Tokyo

New York, novembre 1965, une coupure d’électricité plonge la ville qui ne dort jamais dans le noir total. Parfois, le malheur des uns fait le bonheur d’un témoin attentif et René Burri, membre de l’agence Magnum, ne rate pas cette belle occasion d’inscrire cette nuit de black-out sur ses 8 rouleaux de pellicule.

Le manteau de la nuit sied tout particulièrement à Paris, et de tous c’est bien Brassaï qui en fut le plus éminent tailleur bien que les autochromes de Léon Gimpel réalisés en 1925 demeurent toujours aussi captivants.

© Léon GIMPEL, Paris Les Illuminations, 1er dec 1993

Constamment sous les projecteurs, nos villes nous ont fait oublier la préciosité de l’éclairage. L’arrivée de cette fée électricité tant attendue, parvenue par l’installation de panneaux solaires, est au centre des images de Rubén Salgado Escudero. Le photographe cambodgien Philong Sovan fait quant à lui sa mise au point sur Phnom Penh éclairée de plein phare par sa motocyclette au fil de ses déambulations nocturnes.

L’espace des plaisirs coupables

La nuit, c’est aussi le territoire des interdits, de tous les possibles. Céline Croze nous invite auprès des barons de la nuit vénézuéliens tandis que Françoise Évenou couronne ses « Reinas del Bosque » dans ses portraits dédiés à ses travailleuses du plaisir.

Sulfureuse la nuit ? Les voyeurs auxquels Merry Alpern a tiré le portrait dans les peep-shows des 90’ dans sa série Dirty Windows n’affirmeraient pas le contraire. Un thème commun cher au photographe japonais récemment disparu Kohei Yoshiyuki, passé maître dans l’Art du voyeurisme photographique. Le Festival du Regard lui rend hommage pour cette édition 2022.

© Merry Alpern, Dirty Windows, courtesy galerie Miranda

Le festival du regard organisé sous la direction de Sylvie Hugues et Mathilde Terraube est à découvrir sur entrée libre dans une aile abandonnée du centre commercial Cergy 3. Le lieu à l’atmosphère intime légèrement mystérieuse est propice à la découverte de ces scènes nocturnes. Des films y sont diffusés en parallèle des tirages originaux exposés et des ateliers organisés jusqu’au 27 novembre.

Informations pratiques :
Festival du Regard
Cergy-Pontoise
Du 14 octobre au 27 novembre 2022
Centre Commercial les 3 Fontaines
Du mercredi au vendredi de 12h à 19h, le samedi de 13h à 19h30 et le dimanche de 13h à 19h
Entrée libre