Amateur éclairé ? Photographe ? Reporter ? Georges Ancely fait partie de la caste des photographes inclassables des années 1870-1900. Ce fils d’horloger de la rue de la Pomme est avant tout un insatiable curieux, à l’instar de ses amis de la « République des amateurs », ce vaste mouvement de passionnés qui exercent au tournant des années 1880 leur art naissant à travers de multiples activités : excursions, concours d’épreuves, soirées de projections, publications spécialisées.
Révolution de l’instantané
À l’abri du besoin, le Toulousain délaisse l’affaire familiale pour se consacrer exclusivement à la photographie. Il fait partie de cette génération qui a vécu la révolution de l’instantané, avec l’apparition des premières plaques de verre au gélatino-bromure d’argent.
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Ce procédé, mis au point par l’Anglais Richard Leach Maddox, permet alors de prendre des clichés sur le vif. De saisir un geste, une posture, une scène de rue de façon nette, et surtout sans obliger les sujets à poser de longues minutes sans bouger devant l’objectif.
« Puis, à partir du milieu des années 1880, avec la pellicule souple – la pellicule Balagny -, il réalise des photos destinées à illustrer des livres, des revues, à servir de support de gravures ou à être projetées à l’occasion de conférences » explique Marc Ancely, son arrière-arrière petit-fils qui travaille depuis dix ans à la valorisation du fonds de son aïeul.
De l’Expo universelle de 1878 aux Pyrénées et plages de Biarritz
1878. Georges Ancely est un jeune trentenaire en vue. Le nouveau propriétaire du domaine de Saint-Michel du Touch (qui deviendra dans les années 1960 le quartier éponyme que l’on connaît, suite à la construction de la cité HLM), et membre actif de la Société photographique de Toulouse, la Société de Géographie, la Société d’Histoire naturelle et la Société archéologique, en impose. « Muni d’un matériel photographique pesant près de 100 kilos, il se rend à Paris pour « couvrir » sa première Exposition universelle. Sa série de clichés des pavillons et du Champ de Mars a des allures de premier reportage photographique », précise Marc Ancely.
La « patte » Ancely
L’année d’après, il explore une première fois avec ses amis Eugène Trutat et Félix Régnault les Pyrénées, puis fréquente, à partir de 1880, Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Il immortalise en une centaine de photos l’atmosphère de la station balnéaire avec ses vacancières élégantes qui se promènent sur la plage avec leurs ombrelles, les guides-baigneurs, le port des pêcheurs et le Port-Vieux.
La patte Ancely ? « À travers des scènes de la vie quotidienne, il porte un soin particulier à la qualité du cadrage, aux mouvements et aux différents plans, à la notion de profondeur et de perspectives qui composent chacune de ses images, à la notion de profondeur et de perspectives pour capter l’attention du regard », résume son descendant.
Un œil et une œuvre singulière redécouverts par le grand public lors de l’exposition « Georges Ancely. Un photographe toulousain » tenu au musée Paul-Dupuy en 2011.
Mathieu Arnal
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