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Magnum, une agence dans la tourmente

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Si la crise sanitaire est venue fragiliser l’ensemble du secteur culturel, la célèbre agence Magnum – qui soufflera le mois prochain ses 74 bougies – est au cœur de plusieurs polémiques. L’agence qui a rassemblé depuis sa création une centaine de photographes du monde entier, se retrouve dans la tourmente depuis quelques mois. Martin Parr accusé de racisme ou encore David Alan Harvey, déjà mis en cause pour un reportage sur des prostituées mineures en Thaïlande, accusé de harcèlement sexuel en série – serait-ce la partie émergée de l’iceberg ? Benjamin Chesterton, l’un des fondateurs de la société de production Duckrabbit, passe au crible pas moins de sept photographes de l’agence Magnum concernés par des abus sexuels sur mineurs.

En juillet dernier, Martin Parr est accusé de racisme alors qu’il signe une préface à l’occasion de la réédition de « Londres » du photographe italien Gian Butturini. Dans cet ouvrage on voit sur une double page un portrait d’une femme noire mis en vis-à-vis avec celui d’un gorille dans une cage… À la suite de cela, le photographe démissionne de son poste de directeur artistique du festival de photographie de Bristol. Peu de temps après, c’est le photographe américain David Alan Harvey qui est sous une pluie d’accusations – d’abus sexuels sur mineure, tout d’abord déclenché par une image issue d’un reportage réalisé en Thaïlande en 1989, montrant une (très) jeune fille à moitié nue, avec la légende et les mots clés accompagnant la photographie mise en vente sur la plateforme de l’agence : «adolescente», «13-18 ans», «poitrine» et «prostituée». L’agence décide de retirer les images de son site et suspend le photographe, le temps d’une enquête. À peine la nouvelle annoncée, que le Guardian révèle des accusations de harcèlement. Fin décembre, c’est au tour de la journaliste américaine Kristen Chick de révéler dans le Columbia Journalisme Review, qu’elles seraient nombreuses à avoir subit les harcèlements de David Alan Harvey…

Benjamin Chesterton est un ancien producteur de documentaires pour la BBC et l’un des fondateurs de la société de production Duckrabbit. Il travaille actuellement à la réalisation d’un film sur l’unité d’Interpol chargée des abus sexuels sur les enfants, et écrit depuis plus de dix ans sur les pratiques abusives dans le domaine de la photographie. Chesterton vient de rédiger une lettre – argumentée et documentée – qu’il adresse à Olivia Arthur, Présidente de l’agence nommée en 2020, où il met en cause, en plus de David Alan Harvey, six autres photographes (Chris Steele Perkins, Antoine d’Agata, Stuart Franklin, Larry Towell, Paolo Pellegrin et Patrick Zachmann). Le collectif La Part des Femmes a traduit intégralement ce courrier intitulé « Olivia Arthur – now can we talk about Magnum Photos and child abuse?« , que nous vous invitons à consulter à cette adresse :
https://la-part-des-femmes.com/2021/02/magnum-photos-et-les-abus-sexuels-sur-mineurs/

Original : https://www.duckrabbit.info/blog/2021/01/olivia-arthur-now-can-we-talk-about-magnum-photos-and-child-abuse/

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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