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Jean-Marc Falconnet, la photographie pour se comprendre

Lauréat du Prix Focale 2021, le Genevois Jean-Marc Falconnet expose à Nyon une série à travers laquelle il questionne ses origines antillaises

Jean-Marc Falconnet, «Tout est là». — © Jean-Marc Falconnet
Jean-Marc Falconnet, «Tout est là». — © Jean-Marc Falconnet

A l’adolescence, cet âge de tous les possibles où on se cherche, ce qui passe parfois par une opposition à l’héritage familial, Jean-Marc Falconnet s’est posé la question inverse: où sont mes racines, que serais-je devenu si j’avais grandi ailleurs? En l’occurrence en Guadeloupe. Enfant de Versoix, il avait pris conscience vers 6-7 ans, face aux remarques des autres, que pour eux, l’autre c’était lui. Plus tard, il apprendra que sa mère biologique était venue, au cœur de l’été 1968, accoucher en Suisse. En cachette.

© Jean-Marc Falconnet
© Jean-Marc Falconnet

Lorsqu’il a enfin en main son acte de naissance, le choc: il est né Charles Copavert. Même son prénom, d’une certaine manière, était une chimère. En 1990, Jean-Marc décide alors de partir à la recherche de la famille de Charles. A Pointe-à-Pitre, le voici comme soudainement à sa place. Même s’il ne parle pas créole, les locaux le prennent pour un des leurs. Il apprend rapidement que sa mère tient un bar bien connu dans la région de Petit-Bourg.

Processus cathartique

Un soir, il s’attable et commande un rhum. Il est sans le savoir face à sa tante, qui sent bien que ce jeune homme n’est pas un client comme les autres. Elle était la seule à savoir que sa sœur avait accouché en Europe. Quelques minutes après, Jean-Marc se retrouve face à sa mère biologique. Comme elle, il est d’abord incapable de parler. Plus tard viendront les questions. Pour comprendre. Pour enfin être en paix avec soi-même. Cela prendra du temps, et passera par un projet photographique, Origine, exposé à Nyon par la Galerie Focale.

© Jean-Marc Falconnet
© Jean-Marc Falconnet

Le Genevois a donc choisi l’image pour entreprendre un processus cathartique. Photographe autodidacte, il est retourné en Guadeloupe en 2015 afin de refaire le voyage originel, de recréer sa quête à travers des mises en scène. Son sens du cadre, comme des ambiances qui ont quelque chose de résolument cinématographique, impose un regard fort. Son travail dégage une force indicible, il y a là comme un effet miroir, poussant ceux qui le découvrent à se poser des questions sur eux-mêmes. C’est d’ailleurs à l’unanimité que le jury du 10e Prix Focale – dont faisait partie l’auteur de ces lignes – a choisi de le récompenser.

«Jean-Marc Falconnet/Charles Copavert – Origine», Galerie Focale, Nyon, du mercredi au dimanche de 14h à 18h, jusqu'au 12 décembre. «L’évolution du regard», dialogue entre Jean-Marc Falconnet et Simon Gabioud, journaliste vidéo au «Temps», samedi 27 novembre à 18h.