Lorsqu’il a enfin en main son acte de naissance, le choc: il est né Charles Copavert. Même son prénom, d’une certaine manière, était une chimère. En 1990, Jean-Marc décide alors de partir à la recherche de la famille de Charles. A Pointe-à-Pitre, le voici comme soudainement à sa place. Même s’il ne parle pas créole, les locaux le prennent pour un des leurs. Il apprend rapidement que sa mère tient un bar bien connu dans la région de Petit-Bourg.
Processus cathartique
Un soir, il s’attable et commande un rhum. Il est sans le savoir face à sa tante, qui sent bien que ce jeune homme n’est pas un client comme les autres. Elle était la seule à savoir que sa sœur avait accouché en Europe. Quelques minutes après, Jean-Marc se retrouve face à sa mère biologique. Comme elle, il est d’abord incapable de parler. Plus tard viendront les questions. Pour comprendre. Pour enfin être en paix avec soi-même. Cela prendra du temps, et passera par un projet photographique, Origine, exposé à Nyon par la Galerie Focale.
Le Genevois a donc choisi l’image pour entreprendre un processus cathartique. Photographe autodidacte, il est retourné en Guadeloupe en 2015 afin de refaire le voyage originel, de recréer sa quête à travers des mises en scène. Son sens du cadre, comme des ambiances qui ont quelque chose de résolument cinématographique, impose un regard fort. Son travail dégage une force indicible, il y a là comme un effet miroir, poussant ceux qui le découvrent à se poser des questions sur eux-mêmes. C’est d’ailleurs à l’unanimité que le jury du 10e Prix Focale – dont faisait partie l’auteur de ces lignes – a choisi de le récompenser.
«Jean-Marc Falconnet/Charles Copavert – Origine», Galerie Focale, Nyon, du mercredi au dimanche de 14h à 18h, jusqu'au 12 décembre. «L’évolution du regard», dialogue entre Jean-Marc Falconnet et Simon Gabioud, journaliste vidéo au «Temps», samedi 27 novembre à 18h.